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Oran: Un avocat condamné à 8 ans de prison pour trafic de drogue

par Houari Saaïdia

L'avocat accusé de trafic de drogue a été condamné à 8 ans de prison ferme à Oran. La sentence, tombée hier après-midi au bout d'une semaine de «suspense», a eu l'effet d'un coup de tonnerre. Impassible, le regard ferme et le ton magistral, la présidente d'audience, la juge Mme Gharbi, prononcera la même peine, 8 ans d'emprisonnement, contre deux autres accusés, dont le cousin de l'avocat, B.F. Un quatrième prévenu (le conducteur de la moto) sera quant à lui déclaré innocent et relaxé.

Quittant à la hâte le prétoire dès l'annonce du verdict, les avocats de la défense ont laissé entendre dans le hall du tribunal qu'ils allaient aussitôt faire appel. Le jugement avait été mis en délibéré à l'issue du procès qui a eu lieu le 6 avril devant le tribunal correctionnel d'Oran, rappelle-t-on.

La genèse de l'affaire remonte au 20 décembre 2008, lorsque le cousin de l'avocat mis en cause, B.F., filé par les services antistupéfiants, fut intercepté à bord d'une moto à Haï Ibn Sina (ex- Victor Hugo), à Oran, en possession de trois plaquettes de 100 grammes chacune, plus un morceau de 20 grammes. B.F. et son compagnon, qui conduisait la motocyclette, sont alors arrêtés. Un troisième, le présumé revendeur à qui la livraison était destinée (à Canastel), selon l'enquête préliminaire, sera appréhendé à son tour. La perquisition dans le domicile de B.F., sis à Haï Ibn Sina, a permis aux enquêteurs de saisir une autre quantité de kif, qui était cachée dans les toilettes. Au total, un kilo et demi de kif traité seront saisis chez B.F.

L'avocat B.M.R. sera, lui, arrêté sur la base des aveux de son cousin. Il serait, selon les déclarations de B.F, le pourvoyeur du groupe. Le domicile de l'avocat fait à son tour l'objet de perquisition. Pas la moindre trace de stupéfiants n'y est détectée. Bilan de la fouille «négatif», aucune preuve matérielle à charge n'étant constituée contre l'avocat. A l'exception d'un bout de papier trouvé dans ses affaires. Un papier où figuraient des noms de dealers bien connus des services antistupéfiants avec des montants d'argent et, en marge de la feuille, une note «100 grammes» marquée au stylo. Cette «pièce à conviction» sera versée au dossier.

A la décharge de l'avocat, deux codétenus qui partageaient, le temps d'une présentation devant le parquet, la cellule avec le cousin de l'avocat B.F., ont été cités à témoigner à l'audience. Ils ont réaffirmé « avoir entendu B.F. jurer par ce qu'il a de plus cher au monde qu'il allait tout faire pour enfoncer son cousin ». Le mobile de la vengeance, à en croire l'avocat, serait lié à un conflit d'héritage entre leurs familles.

Pour rappel, le représentant du ministère public avait requis une peine de 15 ans de prison ferme contre les quatre prévenus.