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Le
Président candidat Bouteflika, certain de sa réélection face à ses compétiteurs
dans cette élection de jeudi, a mis haut la barre à la façon dont il a voulu
qu'elle se traduise. Tout au long de sa campagne, il n'a cessé de plaider pour
une participation populaire massive, en faisant valoir qu'un tel comportement
citoyen crédibilisera la voix de l'Algérie sur la scène internationale. Une
majorité d'électeurs a accompli son devoir électoral, comme l'a prouvé la forte
affluence qu'ont connue les bureaux de vote ce jeudi.
Bouteflika n'avait ainsi nul besoin que quiconque vole au secours de sa victoire. La véritable participation populaire qui a eu lieu pour ce scrutin aurait amplement suffi à donner à celle-ci un caractère triomphal. Au lieu de cela, cette victoire se trouve entachée de la suspicion d'une fraude électorale parce que, même si les électeurs se sont rendus en grand nombre aux urnes, l'on a été loin du «tsunami électoral» qu'auraient provoqué les 74,54% du corps électoral censés, selon le ministre de l'Intérieur, avoir accompli leur devoir citoyen. En affublant la réelle et forte participation populaire au scrutin de ce taux surréaliste, les auteurs de cette mascarade ont incontestablement terni le succès pourtant indiscutable du Président candidat. Il n'y a pas en effet que l'opposition et les partisans du boycott pour qualifier de maquillage délirant le décompte de cette participation auquel est parvenue l'administration du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Même les citoyens ordinaires ayant accompli leur obligation électorale en sont abasourdis. En manipulant le taux réel de participation, l'on n'a fait que conforter au plan international le réflexe de défiance qui prévaudra à l'égard de la légitimité populaire et démocratique du bénéficiaire de ce scrutin présidentiel. Car, il faut bien le savoir, ce ne sont pas les taux électoraux de veine soviétique qui font la crédibilité d'un scrutin et de son vainqueur auprès de cette opinion internationale qu'on a cherché à «éblouir» en enflant de façon insoutenable celui de la participation à cette élection présidentielle. Bien entendu, la raison d'Etat fera que les principaux partenaires étrangers de l'Algérie se tairont «pudiquement» sur la manipulation des chiffres qui a pu se produire, pour ne saluer que la «victoire» remportée par le Président candidat. Sauf que chez eux, l'on continuera à ne voir dans l'Algérie qu'une «république bananière» dirigée par des hommes d'Etat et responsables malléables parce que privés de cette légitimité populaire que seul confère le suffrage universel régulier, transparent et démocratique. Le 9 avril a été un jour de fête pour Bouteflika, son clan et tous les appareils qui ont travaillé à sa victoire. Ce n'en fut pas vraiment un pour la démocratie. |
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