Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'avant et l'après-9 avril 2009

par Mahrez Ilies

Elle sera historique, la journée d'aujourd'hui. Elle représente, en effet, le jour où se sont tenues les élections présidentielles les plus controversées de l'histoire de la nation. Du moins jusqu'à nos jours. Non pas qu'un des six candidats se présente avec de très fortes chances de l'emporter sur les cinq autres, mais parce qu'elles se tiennent dans une conjoncture sociopolitique particulière pour les Algériens. D'aucuns avancent même l'hypothèse de ce que sera l'après-9 avril. Une période qui sonnera définitivement le glas de la pomme de terre «pas chère» et l'annonce macabre d'une vie épouvantable avec une inflation démesurée et incontrôlée des prix des produits de large consommation. Le débat est ainsi bien réel, et parfois préoccupant, sur ce que sera l'après-9 avril, l'après-élection présidentielle.

En fait, si les politiques et les cercles concentriques qui leur sont apparentés sont concernés de près par ces élections, car devant établir de nouveaux royaumes pour au moins cinq autres années, et se tiennent le ventre en pensant au taux de participation, ceux qui sont en dehors de ces cercles pensent, quant à eux, sur ce que seront les lendemains de ces élections. Des lendemains qui déchantent ou meilleurs ? L'axiome est simple : avant le vote de la présidentielle d'avril 2009, tous les prix des produits de large consommation, les produits agricoles frais notamment, sont montés en flèche dans la dernière semaine.

Comment traduire cet affolement du baromètre de l'inflation des prix des produits agricoles les plus consommés par les Algériens ? Pourquoi maintenant ? Sans aller jusqu'à vouloir débusquer «la main de l'étranger ou la manipulation», il y a assurément un hasard de circonstance qui donne, en fait, toute la pleine mesure de cette dramatique situation sociale dans laquelle se sont déroulées ces élections : une chute inquiétante du pouvoir d'achat des Algériens et une paupérisation à la vitesse grand V de larges couches d'Algériens. Et ce sont ceux-là qui sont attendus ce jeudi dans les bureaux de vote pour remplir les urnes. Peu importe pour lequel des six candidats, du moment que le ton général dans leurs états-majors, et particulièrement dans celui de l'alliance présidentielle, est centré sur la participation et non pas sur la victoire (?) de leur candidat. L'enjeu de ces élections est là, réel, palpable : l'urne sera-t-elle à moitié vide ou à moitié remplie ?

La crise économique, cela fait quelques années qu'elle court les rues de nos villages et de nos villes qui ont perdu leur propreté, et non pas depuis fin 2008. L'Algérie est devenue une planète, un continent, un pays, une ville, un village, un douar où tout n'est pas rond, ni carré. Rien ne fonctionne comme il se doit, même ces élections qui ressemblent étrangement à un 3.000 m steeple. La question est de savoir où est le lièvre et où sont les concurrents qui se disputent avec une grande candeur l'avenir d'un pays que ceux qui iront voter n'osent même pas deviner, si ce n'est en «black and white», tant les contradictions socioéconomiques d'un système politique révolu ont bouché tous les horizons. Sauf pour ceux qui croient en ces élections. Mais au fait, combien sont-ils ? Sans défaitisme, y a-t-il des jours d'espérance légitime après ce 9 avril, quand la pomme de terre, la nourriture du pauvre, est inaccessible pour les bas salaires, et que les décharges des marchés aux fruits et légumes se sont transformées en garde-manger pour des Algériens que l'on évite de regarder, qui ne pensent pas à aller chercher leur carte d'électeur ? Dans les manuels, il y aura dorénavant l'avant et l'après-9 avril 2009.