|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
C'est une nouvelle tentative pour réfléchir et agir ensemble qui vient de naître en Méditerranée, déchirée par les conflits et marquée par des inégalités de toutes natures. Un projet pour donner voix aux citoyennes et citoyens du bassin méditerranéen, à la recherche de paix et de prospérité partagée. Bien avant la chute du mur de Berlin, des citoyens du monde en quête de nouvelles aventures humaines, et des militants, conscients de l'obsolescence des organisations partisanes et syndicales, étaient en quête de nouvelles formes de réflexion et d'action communes. Penser et agir autrement, était alors leur credo. Sur toute la planète, la prise de conscience, était, pourrait-on dire, universelle. Sauf dans les organisations comme les sectes, et tout ce qui pouvait y ressemblait, où, continuant à s'enfermer dans dogmes et irrédentismes, l'on avait fini par verser dans le fétichisme et l'intégrisme stérilisants. Cette prise de conscience émergeait du vécu concret des femmes et des hommes subissant le poids des différences, de la domination et des inégalités. On parlait alors du « monde d'en haut » et du « monde d'en bas », pour marquer ces différences et ces inégalités, et du fossé qui les séparait. La politique et la gouvernance, des nations et du monde, étaient alors en cause. Et nous étions tous à la recherche de paradigmes mieux adaptés aux mutations et exigences des sociétés du 21°siècle. Après bien des essais, des militants de la Fondation pour le Progrès de l'Homme (FPH) en relation avec ceux d'ONG, entre autres, l'ONG espagnole CIERA, bien connue en Algérie par quelques entités de notre mouvement associatif, ont abouti au concept d'Assemblée de Citoyens. Une forme d'organisation susceptible de permettre aux citoyens de faire entendre leurs voix, eux qui n'étaient habitués qu'à écouter celle des gouvernants et des « élites ». Dans plusieurs régions de la planète, notamment en Amérique latine, des tentatives semblables sont actuellement en cours. Mais, en Méditerranée, qu'en est-il ? Pour comprendre l'émergence de ce nouveau paradigme, il faut interroger les dernières années du « court 20° siècle », notamment en Méditerranée, et les différentes tentatives pour en faire un lac de paix et de prospérité partagée. Le Processus de Barcelone qui, en terme politique, n'a réglé ni le conflit israélo-palestinien, ni celui de Chypre, et encore moins, le problème du Sahara occidental. En terme économique, financier et commercial, l'objectif fixé - la prospérité partagée - est très loin d'être atteint. Par ailleurs, la mise en place d'une consultation permanente de la société civile méditerranéenne a été tardive et peu efficace. L'Union pour la Méditerranée (UPM), une initiative en cours de lancement, fait suite au processus de Barcelone et tente de lui redonner du sens. Se proposant des objectifs ambitieux, elle ne vise rien moins que la promotion des droits de l'homme, du développement, de la coopération économique et d'une plus grande compréhension entre les peuples. Essentiellement politique, et se situant d'État à État, elle ne prend, au stade actuel, que faiblement en compte la société civile. L'Assemblée Parlementaire euro-méditerranéenne (APEM) se propose quant à elle, de représenter l'expression parlementaire légitime du Processus de Barcelone. A ce titre, elle relaie au niveau parlementaire, l'UPM, sans pour autant exprimer, là encore, avec assez de force, le point de vue des peuples. La plateforme des ONG, le Forum Civil EUROMED, le Forum social méditerranéen et le Forum social maghrébin tentent, chacun à sa façon, de rassembler les sociétés civiles pour se faire entendre. Le Forum Civil EUROMED cherche ainsi à organiser l'apport de la société civile aux États et à l'Union européenne. Les Forums sociaux, eux, sont des espaces regroupant des organisations et des mouvements souvent engagés dans la lutte contre le néo-libéralisme. Ils tentent d'inventer, sur le terrain, des réponses collectives aux défis et menaces qui pèsent sur notre avenir, sans que les efforts méritoires qu'ils déploient, aient un impact effectif sur les politiques menées, ici ou là. Une vision globale de cet ensemble d'initiatives met en lumière l'insuffisante prise en charge de la parole citoyenne. Dans certains cas, c'est la considération et la place données à cette parole qui est en question. Dans d'autres, c'est la définition même de la société civile qui est trop restrictive ; souvent limitée aux mouvements sociaux, aux organisations non gouvernementales, voire aux syndicats. Les entreprises, les universités, le monde des arts et de la culture, et bien d'autres acteurs, sont souvent absents de ces processus, alors qu'ils jouent un rôle capital dans la vie et l'évolution de nos sociétés. La mise en place des Assemblées de Citoyens de la Méditerranée, souhaite prendre en compte l'ensemble des composantes de nos sociétés civiles. L'Assemblée des Citoyens de la Méditerranée (ACM) c'est quoi ? La raison d'être de l' ACM, on l'aura compris, répond au déficit de la parole et de l'action citoyennes. Le préambule du texte fondateur de l'ACM, adopté à Rome le 22 février 2009, nous livre d'emblée, la nature et les principaux objectifs du processus : Nous, signataires du présent texte, nous engageons à participer au processus de construction de l'Assemblée des Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée, une dynamique régionale qui tentera de contribuer à l'édification d'un espace commun et durable de paix, de développement, de solidarité et de prospérité partagée entre les peuples méditerranéens. Notre initiative se veut complémentaire à d'autres expériences préexistantes, elles-aussi tendues vers cet objectif. Notre Assemblée des Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée repose toute entière sur des valeurs démocratiques de liberté, de paix, de respect de la diversité culturelle et de responsabilité environnementale. Elle ambitionne de favoriser l'émergence d'une parole et d'une action citoyenne commune, par la mise en œuvre de rencontres permanentes disposant de méthodes et d'outils novateurs. Rome, le 22 février 2009. Cet engagement est fondé sur un certain nombre de constats communs qu'il est important de connaitre pour qui souhaite s'engager dans ce processus. Les promoteurs reconnaissent que, « Si son unité et son existence politique ne sont pas encore prouvées, la région méditerranéenne est de fait une réalité historique, humaine, commerciale, culturelle, sociale et environnementale. » Les constats communs qui fondent le processus, selon le texte fondateur de l'ACM, vont de : l'échec des tentatives de construction de certaines entités au sud et à l'est de la Méditerranée, en passant par une forte contradiction entre la libre circulation de flux de marchandises et capitaux et les restrictions imposées à la circulation des personnes, jusqu'à l'apparition de tensions entre des mondes de tradition religieuse différente et, enfin, aux relations existantes entre les différents pays riverains, souvent basées sur une logique bilatérale, rarement multilatérale ? Objectif majeur: construire la Méditerranée des peuples Sur la base de ces constats les signataires se sont fixés comme défi majeur « la construction d'une communauté méditerranéenne des peuples ». Pour y répondre, quelques grands axes stratégiques ont été mis en évidence : - Agir en vue d'une gouvernance concertée, partagée, adaptée à l'espace méditerranéen, - Œuvrer pour le désenclavement des pays qui sont encore trop enfermés dans leurs frontières nationales ou exclus pour des raisons économiques et politiques - en particulier au sud et à l'est de la Méditerranée, - Contribuer au dépassement des craintes mutuelles pour redonner un sens humain, politique, culturel, environnemental et économique à l'ensemble méditerranéen. La mise en œuvre de ces changements ne pourra intervenir, de manière durable et concertée, sans que les Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée, notamment les jeunes, se mobilisent pour être entendus et contribuer librement, à l'émergence d'une parole et d'une action citoyenne communes. Cette démarche tiendra compte de toutes les initiatives qui l'ont précédé tant au niveau des Etats que des sociétés civiles et que nous avons évoquées plus haut. L'ACM, un processus d'action et d'intelligence collective Une assemblée de citoyens est un processus d'action et d'intelligence collective, entendu comme un projet global aux dimensions interdépendantes. « C'est une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences. » - (Pierre Lévy.1995) D'où la notion d'assemblée, dépassant le cadre de l'expertise traditionnelle, visant à produire des propositions et des éléments de consensus nouveaux. « L'Assemblée des Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée est conçue comme un espace de dialogue permanent entre les sociétés du bassin méditerranéen. Il s'agit d'un processus à long terme qui rassemble les différents acteurs de la société - mouvements citoyens, institutions publiques, privées, entreprises, associations, syndicats, experts, universités, centres de recherche, etc. L'Assemblée des Citoyens et Citoyennes de la Méditerranée se propose d'aider à refonder une citoyenneté renouvelée basée sur la responsabilité, le dialogue et le partage. » Texte fondateur - Rome février.2009 Les assemblées de citoyens s'inspirent de trois principes : - Permettre d'identifier les mutations majeures et les défis qui nous attendent ; - Viser à construire des perspectives communes en prenant en compte la diversité géographique et socioprofessionnelle des situations et des points de vue ; - Fonder la démocratie sur l'identification des valeurs, intérêts, défis et engagements communs, ciment de la communauté et socle du «vivre ensemble». L'ACM : quelle organisation et pour quoi faire ? Il est indéniable que l'organisation est en gestation et sera appelée à une rapide évolution. Pour l'instant, un comité d'initiative a été mis en place pour promouvoir cette démarche avec des outils novateurs. Il est composé de membres représentants la diversité géographique, culturelle et socioprofessionnelle de la Méditerranée. Et ce, en leur qualité de citoyen et non de représentant d'un parti, d'un syndicat, d'une institution ou d'une ONG quelconque. Les espaces de dialogue pourront s'instaurer lors de rencontres générales et d'ateliers thématiques. Et prendre naissance au sein de chaque pays sous la forme de cercles, de réseaux transversaux ou thématiques ou plus largement, d'assemblées de citoyens du pays considéré. Pour réfléchir et agir ensemble et contribuer à bâtir la Méditerranée des peuples. Déjà, se profilent des projets communs intéressant la jeunesse : un camp de la jeunesse méditerranéenne à l'horizon 2010, une université de la citoyenneté, des chantiers communs, un bateau qui ferait le tour de cette mer, riche de langues, de cultures et de civilisations, et contribuer à en faire un réel lac de paix et de prospérité partagée. En conclusion, il s'agit là d'une nouvelle initiative qui pourrait être promue dans notre pays, puisque fondée sur la singularité de l'engagement citoyen n'ayant pu trouver sa libre expression dans les formes traditionnelles, associatives, partisanes ou syndicales. Une aventure humaine où, comme dans les fora sociaux, il n'y pas ni pouvoir à se disputer, ni rente à partager. Seuls le travail et l'engagement pour le bien commun comptent ; tout le reste, n'appartenant qu'au monde de la servitude volontaire. Alors, comme le dit si bien notre ami Gustavo Marin, bon vent, et que le bateau lève les voiles du changement ! PS - Pour toutes celles et tous ceux désirant avoir plus d'informations sur ce projet, prière adresser vos messages à l'adresse suivante: ac.méditerranee.dz@gmail.com |
|