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Constantine: La grève des cheminots se poursuit

par R. Aziz

En grève depuis dimanche dernier à travers un mouvement qu'ils qualifient de «spontané», les cheminots constantinois du personnel roulant étaient toujours à l'arrêt hier matin, attendant, nous disent des travailleurs, « le moindre signe de réconciliation et d'apaisement de leur direction générale ».

Si les deux trains grandes-lignes Annaba-Alger et Constantine-Alger, d'ailleurs assurés par des cadres de l'entreprise, ont circulé normalement, par contre une grosse déconvenue a touché depuis le début du mouvement les nombreux usagers des trains de banlieue, qui se sont retrouvés privés de leur moyen de transport habituel.

Depuis quatre jours, expliquent quelques-uns d'entre eux rencontrés à la gare centrale, ces derniers sont obligés de se rabattre sur des moyens de fortune (généralement des taxis clandestins) pour regagner leur lieu de travail ou leur domicile. Plusieurs de ces usagers ignoraient d'ailleurs qu'il s'agissait d'une grève et se rendaient « normalement » à la gare.

Toujours est-il que plusieurs dizaines de cheminots étaient en conclave hier matin. Les roulants, chefs de trains et conducteurs de locomotives, venus du dépôt de Sidi Mabrouk, ont largement discuté sur leurs conditions globales de travail. Pour rappel, le mouvement de protestation est la suite logique, disent ces cheminots, des conditions de travail « désastreuses » et de la « maigreur », voire de l'inexistence des primes de déplacement, des primes de kilométrage ou des primes de risques. En un mot, soulignent nos interlocuteurs, « nous sommes lâchés par notre fédération et face à l'absence d'une représentativité syndicale locale, nous sommes entièrement livrés à nous-mêmes. Comment dans de telles conditions pourrait-on parler d'avancement ou même de plan de carrière pour certains d'entre nous qui stagnent au même échelon depuis des dizaines d'années sans voir le bout du tunnel ?

Ils nous déclarent également qu'une lettre émanant de la direction centrale est bien arrivée lundi dernier en fin de journée à Constantine. Mais, selon nos interlocuteurs, « elle n'apporte aucun élément nouveau à la situation actuelle. Le statu quo est donc maintenu et tous les roulants grévistes lorgnent du côté d'Alger, où se trouve actuellement une délégation des cheminots de Constantine dépêchée lundi dernier. Pour l'heure, estiment les grévistes, la balle est dans le camp de la direction générale, qui, pour rappel, a tenu dernièrement des rencontres avec des membres de la fédération et du directeur des ressources humaines au niveau central, qui a déclaré dans une déclaration qui nous a été faite lundi après-midi, « que plusieurs de ces revendications seront prises en charge dans les deux mois qui suivent ».