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Un seul suspense, le taux de participation

par Kharroubi Habib

Exit la campagne électorale, place au scrutin qui se déroulera demain jeudi. Chez tous les observateurs nationaux ou étrangers, la conviction est faite que le résultat de ce rendez-vous électoral ne s'entoure d'aucune incertitude. La réélection de Bouteflika, Président sortant et candidat à sa propre succession, ne fait en effet aucun doute pour personne dans ces milieux. Ce qui finalement entretient l'intérêt qu'ils portent à ce scrutin, c'est la façon dont le prochain président algérien obtiendra sa victoire. C'est donc le comportement de l'électorat dans ce scrutin qui fait l'objet de leurs spéculations.

L'enjeu de celui-ci n'est autre que le taux de participation populaire auquel il donnera lieu. Car selon ce que sera ce taux de participation, il vaudra argument à la fois pour ceux qui s'empresseront de déprécier la victoire annoncée du Président candidat, et pour ses thuriféraires qui s'en prévaudront pour faire prévaloir son caractère plébiscitaire.

Il est hasardeux, à la veille de la consultation électorale, de dire ce que vont faire les électeurs, même si, comme affirmé par le ministre de l'Intérieur, des indices relevés au niveau des administrations en charge de la préparation du scrutin présageraient que l'intérêt citoyen pour celui-ci va être nettement plus manifeste que pour celui de 2004. L'incertitude quant à cette participation populaire est par conséquent le seul suspense qui planera en cette journée de jeudi 9 avril.

Pendant leurs campagnes électorales, les six candidats en course ont, au-delà de leurs divergences, été au diapason pour développer le principe de la nécessité d'une participation populaire massive. Le Président candidat avec encore beaucoup plus d'insistance que les cinq autres. Car pour lui, la victoire dont il sera crédité aussitôt l'annonce de sa candidature n'en serait pas une si elle est le résultat d'une participation électorale étriquée. Pour Bouteflika, ce n'est pas le fait de battre ses rivaux qui donnera du lustre à son succès.

Ce qu'il veut obtenir dans ce scrutin, c'est la confirmation de l'adhésion de la population à son programme et à ses projets politiques.

Une adhésion qui s'est effilochée au fil du temps, au point que sa légitimité populaire en est arrivée à être remise en cause dans le pays et sujette à caution pour les principaux partenaires étrangers de l'Algérie.

C'est pourquoi le Président candidat a placé haut la barre en considérant «qu'un président n'est rien sans que le peuple lui exprime sa confiance franche et massive». A-t-il été entendu ?

Nous le saurons dans la journée de jeudi. Mais que ferait alors le Président candidat s'il s'avère que les électeurs font le choix de bouder le scrutin ? L'interrogation vaut d'être posée, s'agissant d'un candidat qui est crédité d'avoir accepté de l'être à la sollicitation quasi unanime du peuple.