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Le prix du ciment
a grimpé à l'est et au centre de 50 %, passant de 350 DA à 520 DA le sac de 50
kg. Une hausse de prix qui a créé une tension sur le marché et ouvert les
portes de la spéculation par le recours au marché noir.
Entrepreneurs du bâtiment et promoteurs immobiliers retiennent leur souffle, craignant que cette crise se prolonge dans le temps et contrarie ainsi les projets en chantier. Après l 'ouest qui a connu au mois de janvier la même crise, c'est au tour de la région centre et celle de l'est de faire face à la même situation. Les raisons avancées par les professionnels pour expliquer cette flambée des prix et perturbation dans la distribution du ciment sont multiples. La rareté de ce matériau de construction, en cette période précise, ne relève pas du hasard puisque coïncidant avec la relance de tous les chantiers suspendus durant la saison hivernale de cette année qui a été plus longue que d'habitude. « Tous les travaux ont repris en même temps et la demande, par conséquent, a augmenté de 50 % du fait que tous les professionnels du bâtiment veulent rattraper le retard de plusieurs mois », a affirmé hier un responsable d'une agence de promotion immobilière. Mais les difficultés de programmation que rencontrent, depuis un mois, les entrepreneurs sont dues, souligne notre interlocuteur, à une panne technique au niveau de la cimenterie de Aïn Touta qui couvre, avec la cimenterie de M'Sila, toute la demande du centre du pays. A cause de cette panne, c'est tout le calendrier des programmations qui a été chamboulé, faussant les calculs des entrepreneurs. Résultat, pour combler le déficit, ces derniers ont recours au marché noir en payant le prix fort et ce, en attendant la réparation du four en panne. L'autre raison avancée est la priorité donnée au projet de l'autoroute Est-Ouest. « Les entreprises étrangères qui réalisent ce grand projet sont servies en premier auprès des cimenterie de l'est qui n'arrivent plus à satisfaire la demande de la région », souligne la même source. En temps normal, les cimenteries de Aïn Touta, de Annaba, de Tébessa, de Constantine et de M'Sila couvraient largement la demande de la région est et centre mais, pour les raisons évoquées par ce professionnel du bâtiment, toutes ces usines n'arrivent pas à l'heure actuel à satisfaire la demande. Un entrepreneur nous confie, pour sa part, que « c'est la grande énigme car, d'un côté, le prix de l'acier a baissé passant de 9.500 dinars à moins de 4.000 dinars le quintal et de l'autre, le prix du ciment a grimpé ». C'est au cours de cette saison que le bâtiment démarre réellement après les arrêts durant l'hiver. Certains revendeurs stockent le ciment pour le vendre ensuite à 500 et 520 DA le sac de 50 kg, malgré le contrôle des services de commerce et les saisies effectuées. Les commerçants affirment acheter en deuxième voire en troisième main le ciment. Sur le chapitre des contrôles et des saisies, M. Goumazi, de la direction du Commerce de Constantine, précise que « l'intervention de la DCP est tout à fait normale et que le ciment comme tout autre produit de consommation doit être régulé pour endiguer toute forme de spéculation ». Sur le plan de la disponibilité du produit, certains de ces commerçants avancent le fait que c'est l'arrêt de la cimenterie de Hdjar Soud qui serait à l'origine de cette pénurie et de cette hausse des prix. Mais, M. Bendib Abdelhamid, le P-DG du groupe ERCE rejette cette hypothèse et affirme que « la cimenterie en question fonctionne à plein régime, nous précise ce dernier, et la mise à l'arrêt de l'un de ses fours, pour un nettoyage et un entretien périodique, n'a de ce fait aucune incidence sur la production globale de l'ERCE ». Cette usine produit cette année plus d'un million de tonnes par an, soit 138.000 tonnes de plus par rapport à 2008. Pour notre interlocuteur, les raisons de cette flambée restent inexplicables. Il pense, cependant, que cette crise n'est que passagère et que les choses vont rapidement reprendre leur cours normal. La wilaya de Chlef est aussi touchée par cette crise. Le prix du ciment ne cesse de grimper depuis un mois. Il est passé de 650 DA à 770 DA pour enfin atteindre les 890 le quintal. Une augmentation de 50 % enregistrée sur le marché local en l'espace d'un mois. Cette valse des prix intervient au moment où la commercialisation de ce produit stratégique a été réglementée. Depuis août 2008, un nouveau cahier des charges a été mis en place imposant notamment aux revendeurs en gros de versement d'une avance commerciale de 10 % sur le programme annuelle, la déclaration des moyens de transport et manutention du ciment avec l'obligation de disposer de locaux commerciaux de 400 m². Des mesures qui ont été contestées, le mois dernier, par les grossistes du ciment car estimant qu'ils ont été «exclus» du circuit de distribution de ce matériaux de construction. Quant aux détaillants, ils pointent un doigt accusateur vers les grossistes et les entreprises du bâtiment qui, estiment-ils, « détiennent le monopole de la vente du ciment ». Selon ces détaillants, les spéculateurs tirent profit de la forte demande sur le ciment en raison des nombreux programmes d'habitat lancés récemment. |
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