De tout temps, l'hygiène a été liée à la
religion, à la richesse, à la vie en général. L'Islam en a fait une condition
sine qua none pour toute prière, pour le Hadj et même pour entrer dans une
mosquée. Pour notre vie quotidienne, c'est aussi l'hygiène qui marque tous nos
actes et, pour préserver notre santé, nous devons prendre soin de l'hygiène de
notre corps, de nos dents, de notre environnement. Et bien entendu, notre
alimentation doit être saine et propre. C'est, d'ailleurs, dans ce contexte que
plusieurs lois ont été votées, qui tendent à obliger les commerçants à observer
une hygiène stricte dans leurs magasins, d'utiliser du matériel propre, de ne
point exposer les denrées périssables à la chaleur, à la poussière ou aux mouches.
Un service d'hygiène a été créé au sein de chaque mairie, de chaque wilaya et
les inspecteurs de l'hygiène dressent des procès-verbaux à ceux qui n'observent
pas les règles d'hygiène. Pourtant, malgré toute la batterie de lois et
règlements, il est plutôt rare de trouver un commerce qui observe les règles
d'hygiène de manière efficiente. Il suffit de pénétrer dans n'importe quel
magasin pour se rendre compte, de visu, du manque flagrant d'hygiène. Dans
certaines épiceries, les souris se régalent de pâtes, fouinent dans les sacs de
surce laissés béants, font leurs besoins sur les bonbons gluants et recouverts
de poussières que les enfants avalent à longueur de journée. Comme la vente de
pain se fait maintenant partout, les épiceries ne dérogent pas à la règle et,
devant chaque échoppe, nous trouvons une hotte de pain, déposée en plein
soleil, avec de la poussière qui vient s'entasser dessus, sans parler des
grosses mouches bleues. En plus de tout cela, les enfants et les adultes qui
viennent en acheter commencent par tâter les baguettes pour prendre les moins
dures et les plus fraîches, sans prendre la moindre précaution. Ceci fait que
les derniers servis auront du pain qui a été malmené par des mains souvent
repoussantes de saleté et bonsoir les maladies. Toujours dans ces épiceries, il
y a bien des comptoirs réfrigérants mais ils ne refroidissent rien, et les
fromages, yaourts, beurre et autres laits sont entreposés à la température
ambiante, parfois plus élevée que celle de l'air.
Personne ne se soucie des maux que peuvent
causer ces produits laitiers mal conservés et même les clients ne cherchent pas
à comprendre et ne connaissent même pas leurs droits face à ces commerçants.
Toujours concernant le pain, nous le retrouvons ailleurs, dans la rue, près des
marchés, présenté dans des hottes en fer rouillé, déposées à même le sol, des
baguettes dépassant et trempant dans l'eau des caniveaux. Et pourtant, les gens
achètent, et font même la chaîne pour cela. Chez un vendeur de lait de vache et
de l'ben, nous avons trouvé les pots servant à la mesure dans un état de saleté
telle que nous nous demandons encore comment n'y a-t-il pas eu d'épidémie de
dysenterie ou d'autres maladies graves. Ceci sans parler des bidons crasseux,
des grandes bassines à l'ben jamais lavées et des jerricans aux fonds noirs de
crasse. Dans les trop nombreuses pizzerias qui naissent chaque jour, c'est
aussi la mode de la saleté repoussante. Non seulement les tables sont rarement
nettoyées, mais les assiettes, les plats et les verres dans lesquels on vous
sert ne connaissent que l'eau noire d'un bidon plus noir dans lequel on les
trempe avant de vous servir. Utiliser un chiffon propre, de l'eau de javel, une
eau courante ferait perdre trop de temps et d'argent à ces tenanciers de magasins
de la mort. Ceci dehors, mais si nous entrons dans l'arrière-boutique, c'est un
décor apocalyptique qui nous accueille : les plats dans lesquels sont préparées
les pâtes sont si sales qu'ils en deviennent collants, l'endroit où sont
entreposés les ingrédients sont beaucoup plus sales que les tables de la salle,
les cuisiniers ne portent ni chapeau, ni gants (ça existe ?), ont les ongles
longs et sales, et il serait fastidieux d'énumérer toutes les tares de ces
endroits sensés refléter l'hygiène et la propreté pour la préservation de la
santé des centaines de clients qui viennent à longueur de journées remplir
leurs panses. Mais il ne faut pas croire que c'est seulement dans ces magasins
que l'hygiène est ainsi bafouée, dans les mosquées, les toilettes sont souvent
dans un état repoussant, certains fidèles coupent leurs ongles sur les tapis,
d'autres jettent des détritus n'importe où, le même constat est fait dans les
établissements scolaires ou dans les centres de formation professionnelle,
n'essayez surtout pas de demander où se trouvent les WC, il n'y a ni eau, ni
propreté, ni... oxygène ! Et bien sûr, dans les marchés, à la plage, dans les
parties communes des bâtiments, partout où nous allons, l'hygiène s'en va.
C'est tout une éducation sanitaire qui doit être entreprise.