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Les Oranais boudent encore l'eau du robinet

par Sofiane M.

Les colporteurs d'eau douce ont de beaux jours devant eux à Oran. Une grande proportion des Oranais ne boivent pas l'eau du robinet. Ils préfèrent au contraire recourir aux services des colporteurs d'eau douce malgré des risques de MTH (maladies à transmission hydrique), selon les résultats d'une récente étude, communiqués dimanche à l'occasion de la journée thématique sur l'eau organisée au musée d'El Moudjahid.

Rares sont les Oranais qui étanchent leur soif avec l'eau du robinet, utilisée seulement pour les tâches ménagères. «La quasi-majorité des Oranais continuent d'acheter l'eau chez les colporteurs en dépit de l'amélioration de la qualité de l'eau du robinet, devenue douce après la déminéralisation des eaux de la station de Brédéah et le recours de plus en plus au dessalement de l'eau de mer», constate ce responsable du secteur de l'eau à Oran. Selon de nombreux experts, croisés au musée d'El Moudjahid, l'eau acheminée par les colporteurs peut être une source de maladies. Il y a également un risque de contamination par le nitrate, une matière se trouvant dans les pesticides, dans l'eau soustraite généralement des puits de Haï Bouamama (El-Hassi).

«Les autorités locales doivent s'impliquer davantage dans le contrôle des colporteurs. Un bulletin microbiologique doit être exigé régulièrement pour s'assurer de la qualité de l'eau», estime cet expert en microbiologie. Du côté des abonnés, nombre d'entre eux estiment encore que « l'eau douce des colporteurs est un moindre mal par rapport à celle du robinet ».

Ce scepticisme, des abonnés l'expliquent par la vétusté des canalisations d'AEP dans certains quartiers de la ville d'Oran, dont une partie date de la période coloniale. Le risque de pollution de l'eau est actuellement difficile à maîtriser, puisqu'il se trouve en aval du réseau d'alimentation en eau potable. L'eau peut être polluée avec des sédiments comme le calcaire, le plomb ou des produits chimiques difficiles à détecter à l'œil nu.

Une situation qui fait le bonheur des colporteurs à Oran qui proposent la livraison de la citerne d'eau douce de 3.000 litres pour pas moins de 1.500 dinars.

Pendant la saison des grandes chaleurs, de nombreux colporteurs profitent au maximum de la conjoncture pour hausser leurs appointements.

Il existe cependant de nombreux Oranais qui préfèrent aujourd'hui , par prudence, acheter de l'eau minérale chez l'épicier du coin. «Mieux vaut prévenir que guérir», disent-ils. Les cinq litres d'eau minérale sont cédés pour 60 à 65 dinars. L'eau douce a une facture salée...