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Les patrons réaffirment leur soutien à Bouteflika

par Ghania Oukazi

«Nous nous réunissons aujourd'hui pour réaffirmer de nouveau notre soutien au président Bouteflika», a déclaré le président du FCE. «Rejoignez le pacte économique et social (...). Si nous disons nous accompagnons notre candidat, on doit le faire sur le terrain», a lancé Sidi Saïd.

Il faut dire que la rencontre n'était pas pour ouvrir un débat quelconque, ni sur les réformes économiques ni sur la relance de l'entreprise nationale. Le FCE l'a organisée pour être cette autre occasion pour qu'il réaffirme son soutien au président candidat, Abdelaziz Bouteflika. Le Forum l'a voulue donc comme un rappel à ceux qui auraient oublié qu'il l'a, faut-il le noter, exprimé il y a déjà plus d'un mois à l'issue d'une assemblée générale qu'il avait tenue exceptionnellement à cet effet. «Nous nous réunissons aujourd'hui pour exprimer de nouveau notre soutien au candidat Bouteflika et l'assurer de notre engagement à oeuvrer aux côtés des pouvoirs publics, pour la réalisation de son programme économique», a déclaré Redha Hamiani, le président du FCE. Pour cette fois, le Forum ne s'est imposé aucune discrétion. Ou presque.

Il avait comme invités d'honneur tout le staff de campagne de Bouteflika à commencer par Abdelmalek Sellal et Abdeslem Bouchouareb, les ministres de l'Alliance avec à leur tête Abou Djerra Soltani, président du MSP, ainsi que les ministres qui lui sont affiliés entre autres El Hachemi Djaâboub du Commerce et Mustapha Benbada de la PME. Le FLN était représenté, si l'on puisse dire, par Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Le RND l'était par les membres influents de son conseil national à l'image de Seddik Chihab et Abdelkader Malki. Ahmed Ouyahia a manqué le rendez-vous parce que, nous a-t-on dit, «il a pris la route pour El-Tarf pour animer aujourd'hui un meeting au profit de Bouteflika». C'est là du moins la raison «officielle» donnée à son absence.

Etait aussi présent Nouredine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme à qui on ne connaît pas d'obédience partisane. A moins que... «Nous avons invité les ministres chargés des dossiers économiques», simplifie-t-on du côté des organisateurs. Il y avait aussi les responsables des grandes institutions publiques comme les banques, Cosider ou encore Air Algérie. Tout un aréopage, de quoi monter une bonne bourse... des valeurs.

Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, l'était aussi. La salle de conférence a été transformée pour la circonstance en un espace publicitaire pour le candidat président dont le portrait était accroché sur les différentes façades parfois bardées de «Bouteflika 2009» porté par une colombe ou «Alger vote Bouteflika» inscrit sur une belle vue de la capitale, ou encore «Allez voter Bouteflika». Le tout sur fond bleu, couleur de campagne du président candidat.



«Exprimer de nouveau notre soutien»



Ils étaient nombreux, hier, les hommes d'affaires à l'hôtel El Aurassi à être venus aux côtés de ceux d'entre eux qui ont tenu à confirmer leur soutien à Bouteflika. Parmi eux, il y a ceux qui pèsent lourdement (entendre financièrement), ceux qui cherchent à le devenir et ceux qui l'ont été mais ont fait de «mauvais choix» et cherchent à se reconstruire. C'est dire qu'appeler au partenariat en ces temps de campagne électorale, n'est pas dénué d'arrière-pensées, quel que soit le côté duquel l'on se place.

C'est Benabdesselem, modérateur, représentant du FCE, du haut de la tribune, qui avait déclaré en premier «nous organisons cette rencontre parce que nous estimons en premier que le dialogue permet de débattre entre nous des questions mères» (dit en arabe, le terme est plus porteur). «Mais aussi parce qu'il y a des élections présidentielles qui vont se tenir, nous sommes tout à fait honorés d'avoir parmi nous le responsable de campagne du président candidat et messieurs les ministres de l'Alliance présidentielle pour réfléchir sur comment ensemble faire de l'entreprise algérienne une entreprise forte.» Redha Hamiani rassure par un «nous réaffirmons notre détermination à porter notre contribution au climat de dialogue et de confiance et à nous engager dans la construction de l'avenir du pays». Il continue sur sa lancée «dans cette heure exaltante de construction, nous sommes tous nécessairement partenaires». Hamiani promet que «notre association est déterminée à mettre en oeuvre les réformes économiques dans le cadre d'une stratégie tracée par le président Bouteflika». Il soulignera la nécessité d'une démarche consensuelle et l'impératif besoin du secteur privé à renforcer ses capacités.

Abdelmalek Sellal rejoindra la tribune pour faire remarquer que «j'ai vécu plusieurs campagnes électorales, mais c'est la première fois que je vois les patrons s'engager réellement tout en étant militants de leur cause, c'est-à-dire produire des richesses, de l'emploi dans leur charmant pays». Pour lui, le lancement de la campagne électorale «un 19 mars, le jour de la fête de la victoire, c'est toute une symbolique» en lâchant «la victoire sera notre alliée Inchallah».



Sidi Saïd, «l'hypocrisie intelligente» et le donnant-donnant



Le directeur de campagne de Bouteflika notera que «vous avez tous saisi, je suis certain que vous avez saisi, que le candidat doit mener le pays là où il doit le mener, c'est-à-dire en faire un pays émergent. Tout son programme vise cela. Ni plus, ni moins. Vous savez très bien que nous avons les capacités de le faire.» S'il est certain que les patrons «ont bien saisi», Sellal ne doit pas en penser davantage des journalistes puisqu'il les égratignera au passage d'un «je ne connais pas beaucoup de presse à travers le monde qui critique les réalisations de son pays». Il parlera de l'eau, son secteur, et de ses réalisations, non pas pour faire son bilan mais pour souligner «la perspicacité des responsables». Il conseillera en dernier «Enaksou man etmanchir binatna». Abou Djerra Soltani, Omar Ramdane, président d'honneur du FCE, Moncef Athmani, patron d'entreprise, tous interviendront pour parler économie. Hamid Temmar revient sur la démarche à suivre pour noter que «lorsqu'on laisse le marché seul agir, il ne peut aboutir qu'à des inégalités. Quand on construit le pays, le marché ne peut le faire seul, l'Etat doit être là pour faire la régulation, il doit même intervenir dans toute l'économie nationale». Etat et agents du marché, publics et privés, une jonction que les experts appelle «le patriotisme économique».

Sidi Saïd ne manquera pas de faire entendre, une autre fois, sa voix en faveur de «notre candidat Bouteflika». Il estime que «nous vivons des moments intenses, il faut renforcer le dialogue que ce soit pour enfoncer ou pour encenser». Il profitera de l'occasion pour appeler le FCE à adhérer au pacte national économique et social. Pour rappel, le Forum avait refusé de participer aux rencontres préparatoires du pacte. Son président à l'époque, Omar Ramdane, avait déclaré que «le FCE n'adhère pas à un pacte social mais appelle à un pacte de croissance». Redha Hamiani, son président actuel, ne rejette pas la demande du SG de l'UGTA «mais avant, il faut que son association se transforme en syndicat». Comme pour mettre les patrons au pied du mur, Sidi Saïd lancera «si nous disons nous accompagnons notre candidat, il faut qu'on l'accompagne sur le terrain.

On l'accompagne avec fierté mais avec une dynamique collective pour lui permettre de réussir». Tout en leur suggérant «d'éloigner l'hypocrisie intelligente», il fait dans le donnant-donnant et leur promet qu'«après le 9 avril, nous ouvrirons un débat sur des questions économiques».