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«Si vous regardez ce qu'il y a derrière la prospérité des nations, vous trouverez l'information ; derrière la pauvreté des nations, vous trouverez l'absence d'information. Si l'on veut un développement durable, une société saine et une véritable production intellectuelle, l'information est véritablement ce qui est nécessaire à tous les besoins ». C'est là un extrait du constat de Noah Samara, fondateur de WordSpace, pour dire toute l'importance du pari de la société algérienne de l'information : un pari possible pour mieux comprendre la réalité du monde dans lequel nous vivons et saisir, par voie de conséquence, les enjeux de cette nouvelle ère. Les enjeux actuels qui se jouent sur notre planète donnent à ce propos une certaine valeur. Ainsi, il devient d'autant plus important de prendre les précautions auxquelles fait allusion Noah Samara et de mêler les analyses les plus rigoureuses sur des pans importants de notre histoire sociétale à l'invention de ce futur, car pour faciliter l'interaction, les valeurs culturelles de la société doivent être en accord avec sa propre histoire pour non seulement permettre de nouvelles pratiques, mais aussi faciliter le développement de tels systèmes. Les USA et le Japon, qui présentent une caractéristique intéressante, si l'on se réfère à l'échelle retenue par l'éminent chercheur américain Daniel Bell, permettent d'observer d'une manière particulièrement révélatrice les aspects économico-sociaux du développement des NTIC. Ils permettent aussi de constater qu'en matière de communication, les pouvoirs publics jouent un rôle stratégique orchestré par le fameux rôle de « régulation », qui va plutôt de pair avec pragmatisme et une plus grande décentralisation, en dépit des réseaux traditionnels et privés fort efficaces. Ce dont il est question ici pour être très clair, c'est la volonté sociale des pouvoirs publics de projeter la société algérienne dans l'ère de l'information. Pour accomplir cette tâche, les institutions sociales, notamment l'université, peuvent jouer un rôle clef en permettant une prise en compte de l'ensemble des échelles différentes du temps pédagogique qui éclairent la formation de l'homme. Ainsi, on peut mieux comprendre les interactions entre la matérialité et la virtualité, ce qui permet de mieux saisir les ressorts profonds de la créativité et de mettre en évidence les démarches individuelles et collectives qui ont mené à la constitution de ces interactions et à l'intégration des nouvelles technologies de l'information dans la quotidienneté. Dans le cadre de cette mutation sociétale, et comme je l'ai expliqué sur ces mêmes colonnes, l'Internet ouvre la possibilité de changer (la société traditionnelle) en une société moins rigide, plus décentralisée, suivant le paradigme du réseau. Il s'agit là d'une mutation qui doit trouver les valeurs partagées qu'exige son amplitude, qui ne découleront pas de décisions purement juridiques et c'est la raison pour laquelle la formation de l'homme, encore une fois, en respectant « le processus du clavier** » dont l'appropriation des NTIC en est le parfait exemple, a un si grand rôle à jouer dans cette optique. C'est pour souligner toute l'importance qu'occupent actuellement les nouvelles technologies de l'information et de la communication, dans la vie de bon nombre d'Algériens. La dématérialisation des diverses activités sociales et économiques s'accélère, et notre type social cède la place à une société dont la principale ressource et richesse est l'information. Si l'on peut se réjouir de la croissance du taux d'équipement en micro-ordinateurs, de l'augmentation du nombre d'internautes, de l'installation de terminaux de paiement électroniques, des machines de tri automatique, de l'informatisation du secteur des services, du déploiement de millions de cartes monétiques, de l'accélération de la couverture en accès à haut et très haut débit à l'ADSL et d'autres actions à mettre au profit des pouvoirs publics, dans le cadre des points d'achoppement de la stratégie e-Algérie, il est également nécessaire de ne pas négliger des points importants comme l'égalité d'accès aux technologies de l'information et de la communication, les dangers de la fracture numérique et de la cybercriminalité. Ces options, en cohérence avec l'action des pouvoirs publics pour une plus grande émergence de la société algérienne de l'information, doivent correspondre à l'un des chantiers prioritaires de l'Etat. Plus qu'un changement de support, les NTIC marquent un changement de culture, sans que cela ne signifie nécessairement que le matériel est meilleur que le virtuel ou vice versa. Il vrai que ce glissement se fait, pour certains, dans la douleur, car pour eux, il porte en lui des malheurs, tels que par exemple la perte de la civilisation du papier. On peut le regretter, le déplorer, mais force est de constater que la nouvelle civilisation est, elle aussi, porteuse de grandes espérances et de meilleures plus values. Tant et si bien qu'une grande partie des strates sociales préfèrent la culture des médias et celle transmise par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ce glissement peut avoir des revers. Mal compris, il risque de mener certains à des résultats néfastes, car les nouvelles technologies de l'information et de la communication, loin des besoins éducationnels et des synergies socio-culturelles, pourraient donner l'illusion d'avoir maîtriser une nouvelle technique, alors qu'en définitive, nous n'avons acheté que son produit. * Docteur d'Etat en sciences de la communication ** Voir mon livre « Communication, éthique et village planétaire », Editions Al Hikma, Alger 2006. |
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