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La crise mondiale de ce dernier semestre (17 septembre 2008-16 mars 2009) a changé la donne chez nous. Un certain réalisme dans la mesure des choses, dans leur gravité, s'est emparé de quelques-uns de nos hommes politiques (y compris les militaires). Et n'est-il pas étonnant, dans ce contexte, de voir notre tout nouveau Premier ministre se permettre d'écrire une partie (économique) de la future feuille de route du candidat officiel à la Présidence de la République ? Nous ne connaissons pourtant que peu des détails sur les programmes économiques ou industriels des six candidats. L'on sait cependant par la voix de M.Ouyahia que nous avons été bernés par le passé et... pendant un certain temps ! La stratégie industrielle que, depuis 2005, le président de la République s'était acharné à exiger de son ex-chef de cabinet au tout premier ministère de la Jeunesse et des Sports de l'indépendance (en 1963) pour en faire «un produit 100% algérien» (en ne mobilisant que des experts nationaux) -, tout comme la politique d'aménagement du territoire que plus d'une centaine de spécialistes avaient confectionnée -, tout cela, aux dires de M.Ouyahia, devrait, si ce n'est être mis à la poubelle, du moins... être revu et corrigé «au papier millimétré» ! Ce qui a choqué l'opinion est cette assurance affichée que M.Ouyahia sera encore là après le 9 avril ! Et ce qui a amusé, c'est cette justesse dont il se prévaut pour son interprétation des pensées de M.Bouteflika, qu'il aurait presque présenté comme autant de «confidences». Que M.Bouteflika sortira des urnes au soir du 9 avril, personne n'en doute (si Dieu veut bien !), mais que, dès aujourd'hui, M.Ouyahia se mette à tirer sur un ex-futur chef de gouvernement et des ministres de la République en exercice, d'aucuns (d'Alger... et des Aurès) ne le suivront pas. Il y a une maladresse certaine. Quelle mouche a donc piqué notre Premier ministre? Comment en effet comprendre ses sorties fracassantes aux dommages collatéraux si ravageurs ? Comment expliquer cet empressement juvénile à vouloir en découdre ? Cette nervosité puérile à se mettre toujours au devant ? Et (finalement) ce manque de retenue si ahurissant ? Tout cela ne pourrait-il le déclasser de la catégorie des hommes d'Etat de demain ? De ces grands hommes, n'attend-on pas plus de sagesse, plus de »r'zana», plus de... grâce ? Mais on le comprend aussi : il veut que ça bouge, que ça change. Une légitimité plus forte de l'ensemble de l'Exécutif. Et que les assises du pouvoir politique s'élargissent. Car celles qu'apporteront les futures élections présidentielles - quel que soit le taux de participation enregistré (et qui, au jour d'aujourd'hui, ne dépend que d'un cheveu) - seront insuffisantes pour booster un Législatif si «mal élu», une majorité gouvernementale à... 13 % d'assentiment du corps électoral national (aux dernières législatives). L'on doit, d'une façon ou d'une autre, changer la donne, redistribuer les cartes. Soit par dissolution de l'Assemblée nationale, soit par l'ouverture de la majorité à d'autre(s) groupe(s)... parlementaires. Mais que faire ? Comment le faire ? Même quand on n'est pas celui qui distribue les cartes, comme l'est M.Ouyahia. Au jour d'aujourd'hui, beaucoup le savent. Et il y a cette inquiétude, toutes ces incertitudes. Or, anticiper est l'essence même du politique. Nos hommes politiques ont - l'on doit le dire - beaucoup ronronné ces dernières années: le pétrole grimpait, les caisses se remplissaient et (comme à leur habitude) le populisme et le conservatisme se sont installés. L'Algérie, disait-on, est «le pays des miracles», l'Eldorado pour les investisseurs étrangers et nationaux. L'on distribuait à tour de bras des crédits bancaires au secteur privé (pendant que l'on chipotait sur ceux accordés aux EPE). Une hyperinflation de remèdes a aiguillonné les décideurs politiques. L'on s'est alors jeté haletant sur tout et n'importe quoi. Tout est devenu PRIORITAIRE. Comme si tout cela était possible, comme si l'on pouvait tout faire avec le gros matelas d'argent du pétrole ! Le pire : nos décideurs se sont mis à rêver d'un prix du pétrole longtemps à ses plus hauts. Alors, l'on a grignoté sur nos «économies» (ce fonds que l'on nous a annoncé «réservé aux générations futures») en modifiant la substance de nos Lois de finances : faisant passer le prix comptable du pétrole de 19 $ à 37 $, alors que sur les marchés, le pétrole dégringolait de 147 $ à 74 $ ! Il fallait coûte que coûte plus de dépenses budgétivores, plus de devises pour financer les grands projets engagés ou inscrits ! Pendant toutes ces années, on ne discutait pas, on exécutait. Et voilà le retournement de conjoncture mondiale et le retournement de tous : chacun retire ses billes. Un retournement surtout de ceux qui chantaient que «nous ne serons pas touchés par la crise» ! Car nous avons des réserves de change importantes (4 à 5 ans d'importations, disait-on, ne sachant pas encore que la facture de nos importations s'élevait à 80 milliards !). Car nous avons une économie qui n'est que quincaillerie et importations. Car nous avons des banques non exposées à l'International, sous-développés que nous sommes. L'on devrait aujourd'hui se souvenir de tous ces propos en novembre-décembre 2008, puisque l'on se prépare à une nouvelle redistribution des cartes ! Du jour au lendemain, on nous dit que tous les bienfaits que nous attendions des retombées des réformes - économiques et financières -, ce sont du pschitt ! Volatilisés nos espoirs ! Evaporé notre avenir radieux ! «La stratégie industrielle» n'est que propagande ! Et ce n'est pas un opposant qui le dit, SVP ! Ce manque de sérieux dans le service minimum de solidarité gouvernementale est affligeant. Il n'honore personne. Surtout nous autres qui y avons tant cru. Jusqu'au dernier moment. Jusqu'au jour de la déclaration du candidat Bouteflika - qui annonçait une mise en oeuvre... prochaine de la stratégie industrielle ! Ce jour-là, l'absence de M.Ouyahia avait été remarquée. N'était-il pas en train d'aiguiser ses nouveaux arguments ? Le futur gouvernement s'ouvrira-t-il à la «gauche de la gauche»? A l'heure où l'Amérique latine balance au rose-rouge, cela fera tendance ! Or, cette extrême gauche ne tire-t-elle pas à boulets rouges sur Monsieur Privatisation ? Si elle a un minimum de cohérence, ne devrait-elle pas négocier une ou deux conditions (pour son entrée au gouvernement) ? Au vu de l'approfondissement de la récession mondiale et de la probable aggravation des retombées de ses impacts sur l'Algérie, un ou deux boucs émissaires (nationaux) sont nécessaires! Pourvu que ce ne soit pas lui et pas... * Économiste |
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