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Comme passés de mode pendant une période
qui aura, mine de rien, duré plusieurs années, les bains maures, très nombreux
à Tiaret, ont la cote, et pour cause... Bain de vapeur humide puisant ses
origines dans les thermes romains, à Tiaret, les douches publiques sont
devenues un véritable phénomène social et toutes les catégories de la société
fréquentent ces lieux publics.
Malgré une récente augmentation des tarifs passant de cinquante à soixante-dix dinars par personne, les bains maures connaissent un rush rarement observé dans la capitale des Hauts Plateaux de l'Ouest. A cela, une brochette de raisons: la première, selon Djillali, accro au hammam, est que le bain et ses vapeurs bienfaisantes est devenu, faute de mieux, un «lieu discret» où les gens simples peuvent se tailler un brin de causette entre eux à l'abri des «regards indiscrets et des envieux». Pour Khalifa, qui nous dit malgré son hypertension se rendre pas moins de quatre fois par semaine au bain maure du coin, le «réflexe» de ranger son cabas et aller prendre sa dose de vapeurs chaudes et humides est devenu pour lui presque une seconde nature. Outre l'hygiène parfaite qu'offre un bon bain, les massages ô combien prélassant proposés par des «mouchous» de plus en plus professionnels, est une tentation à laquelle peu de gens résistent malgré... le prix quelque peu exorbitant. En effet, ranger son sac de toilette, préparer avec soin ses sous-vêtements et autres serviettes, se rendre au bain est un véritable rituel. L'envie de s'offrir une toilette complète et surtout s'offrir un massage pour décontracter ses muscles et chasser le stress est un «luxe» que des gens nombreux se permettent pour affronter la nouvelle semaine dans les meilleures conditions psychologiques et physiques possibles. Adapté aux préceptes de l'islam qui préconise une hygiène méticuleuse et des ablutions régulières, le hammam est surtout fréquenté le jeudi avant la grande prière du vendredi. Pour les hommes, le hammam ouvre rarement avant seize heures, le temps que les femmes rangent leurs cliques et leurs claques et se rabattent surtout le caquet avant de rejoindre leurs domiciles, parfois jusqu'à une heure impossible. A Tiaret, même les bains ont des «étoiles»: il y a ceux destinés au commun des Tiaretis où, paraît-il, l'hygiène laisse à désirer et le risque de «choper» des maladies trop grand, une catégorie intermédiaire de «bains moyens», fréquentés par ceux situés au milieu de l'échelle sociale et des bains «trois étoiles» exclusivement réservés à la «jet-set» locale. C'est l'exemple de chez «Ammi Abbas», un bain maure idéalement situé au centre-ville et que l'on dit fréquenté par des «gens qui n'aiment pas se mêler à la valetaille», commente, avec une pointe d'ironie dans la voix, Ahmed qui a juré ne plus mettre les pieds dans ce bain depuis qu'il y a rencontré son directeur et qui s'est vu contraint de casquer 150,00 DA pour lui payer un bain complet avec à la clef un soda moyennant 25,00 DA/pièce. A Tiaret, il y aurait plus de cent bains maures malgré que pour de nombreux propriétaires, il est difficile de faire une affaire en investissant dans un commerce peu rentable en raison des tarifs exorbitants du gaz et de l'eau sans compter les frais communs induits par l'exploitation d'un lieu public qui exige un entretien permanent. «Mais si aucun bain n'a encore déclaré faillite à ce jour, c'est que l'on doit gagner pas mal d'argent en vendant simplement de la flotte chauffée», raconte, l'air envieux, Ammi Djillali qui attend un peu d'argent que ses fils installés à l'étranger doivent lui envoyer pour achever les travaux de son luxueux bain maure, en chantier depuis plus de douze ans...! |
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