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Médéa : La Maison de l’artisanat veut mieux

par Rabah Benaouda

Inaugurée le jeudi 3 juillet 2008 par M. Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, la Maison de l'artisanat et des métiers traditionnels de Médéa-Aïn D'heb tarde, malgré toutes les améliorations techniques et infrastructurelles qui y ont été apportées, à atteindre sa «vitesse de croisière» c'est-à-dire, le «volume des activités commerciales» attendu.

«Toutes les conditions de travail, dont dernièrement l'installation du gaz de ville, nous ont été réunies par les autorités locales concernées et notamment M. le wali de Médéa, dont l'aide précieuse et les encouragements, à travers ses visites répétées, ont été un grand stimulant pour nous.

Malheureusement, le seul point noir dont nous souffrons, depuis l'ouverture de cette très belle infrastructure, est la grande insuffisance, pour ne pas dire absence totale, des activités commerciales.

C'est, en effet, ce que commenceront par dire la quinzaine d'artisanes et artisans avec qui nous avons longuement discuté lors de la visite effectuée sur les lieux, dans la matinée de mercredi dernier. Une Maison de l'artisanat et des métiers traditionnels qui connaît actuellement les derniers travaux relatifs à l'installation du gaz de ville, et au sein de laquelle, tous les locaux commerciaux à usage professionnel, au nombre de 78, sont aujourd'hui opérationnels.

«Comme vous pouvez le constater, nous produirons malgré les grosses difficultés que nous rencontrons pour l'écoulement de notre marchandise», diront nos interlocutrices et interlocuteurs. Des produits allant des «chaussures d'été en rafia» à la «pâtisserie traditionnelle et moderne» en passant par «l'habillement féminin et masculin de luxe», «la broderie», «la confiserie», «le cuir», «le tissage de la laine», «la confection de burnous», «la bijouterie traditionnelle», «la céramique, «la calligraphie arabe», «la sculpture sur bois et sur pierre», «les trousseaux de mariage», «la confection de monuments, bateaux... célèbres en miniature», et même «les emblèmes nationaux de différents pays dont celui, bien évidemment, de l'Algérie, «les produits dérivés du miel d'abeille»...

A la question sur l'écoulement de tous ces merveilleux produits, la même réponse : «Nous travaillons avec des magasins en ville, en faisant du porte-à-porte, sur des commandes provenant de familles (trousseaux de mariage et broderie notamment) et même la plupart d'entre nous sommes très souvent obligés de nous déplacer dans les wilayas limitrophes».

Cela voulant tout simplement dire que les activités commerciales, au sein de la Maison de l'artisanat et des métiers traditionnels de Médéa-Aïn D'heb, sont quasiment nulles : «Rares sont les visiteurs, notamment les femmes, qui y viennent», tiendront-ils à insister.

Une situation bien malheureuse que beaucoup de ces artisanes et artisans expliquent par l'éloignement des lieux par rapport au centre-ville de Médéa mais surtout par le manque d'information (publicité et médiatisation) dont souffre, depuis son ouverture, il y a huit mois, cette Maison de l'artisanat.

Comme autre explication, celle du grand portail d'entrée qui est quelque peu «caché» alors qu'il aurait dû donner sur le boulevard qui est aujourd'hui spacieusement et agréablement aménagé et embelli : «Beaucoup de familles médéennes ignorent encore son existence ! Que dire encore de celles habitant les autres villes de la wilaya comme Berrouaghia, Ksar El-Boukhari, Béni-Slimane... alors que notre objectif est toujours de faire connaître nos produits même dans les autres wilayas, à commencer par celles limitrophes comme Blida, Aïn Defla, Djelfa, Bouira..., dira l'une de ces artisanes, spécialisée dans l'habillement féminin traditionnel.

Des artisans et des artisanes surtout qui ne manquent ni de volonté, ni de savoir-faire, ni d'imagination, ni de courage.

«Malgré les moments difficiles que nous traversons et que nous espérons passagers, nous gardons toujours espoir en des lendemains meilleurs», dira une autre artisane spécialisée dans la broderie de luxe relayée par une autre artisane qui fait dans la confection des chaussures d'été en rafia.

La solution pour faire connaître cette Maison de l'artisanat et des métiers traditionnels de Médéa-Aïn D'heb ? «Il faudrait que les responsables concernés fassent un effort. Faisons tous preuve de courage. Ce sera également une occasion pour les familles qui y viendront de découvrir le futur pôle urbain de Médéa.

La médiatisation et la publicité sur cette très belle infrastructure se feront alors tout naturellement par le biais de ces visiteuses et visiteurs», diront ces artisanes et artisans, presque en chœur.

Et d'ajouter pour conclure : «Nous en appelons solennellement à M. le wali de Médéa, qui n'a jamais ménagé aucun effort pour nous venir en aide».