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Même si le marché du ciment connaît ces jours-ci une certaine sérénité en matière d'approvisionnement, ce matériau de construction attire toujours autant de spéculateurs. Un casse-tête chinois pour les entrepreneurs du bâtiment qui ont décidé d'agir contre ce phénomène et de barrer la route aux commerçants qui activent dans le marché noir. Comment le ciment arrive-t-il entre les mains de ces revendeurs clandestins ? «Tout se joue, affirme un entrepreneur, au moment de la récupération de ce matériau de construction auprès de l'usine de Zahana. Le ciment, censé être livré aux clients qui ont déposé leurs dossiers au préalable au niveau de la direction de l'usine pour un approvisionnement par quota, est souvent détourné pour atterrir au marché noir». Comment se déroule cette opération ? Notre interlocuteur explique que «le ciment est généralement livré au transporteur qui se présente à l'usine pour retirer la commande d'un client et la facture aussi. La livraison se fait généralement par décade mais il arrive qu'un entrepreneur ne soit pas en rupture de stock et annule par conséquent cette commande». Une annulation qui n'est pas communiquée à la direction de l'usine et ouvre en effet les portes de la spéculation. Selon le même entrepreneur, «malgré le désistement du client, le transporteur récupère cette marchandise avec une facture délivrée en bonne et due forme et la fait écouler au marché noir». Cette pratique, devenue courante, a incité des producteurs de ciment et notamment la Société des ciments de Zahana (SCIZ), des entrepreneurs du bâtiment et autres clients de la société à revoir, chacun selon ses prérogatives, toute la chaîne de distribution et de livraison de ce matériau de construction et instaurer une nouvelle organisation dans ce sens. La SCIZ, gérée actuellement par le groupe égyptien ASEC qui détient, dans le cadre de la privatisation de l'usine, 35% du capital depuis le 4 janvier 2008 et qui a également signé un contrat de gestion pour une période de dix ans, a procédé dernièrement à l'instauration d'une nouvelle réorganisation dans la distribution. Zahana ne livre plus de ciment aux grossistes M. Thierry Sansonnetti, directeur administratif de la SCIZ, explique que la direction a décidé de ne plus renouveler ses contrats signés avec les grossistes du ciment, et seuls les clients qui justifient leur commande par la présentation de tout un dossier sur le projet à réaliser seront servis. «Nous avions quatre clients grossistes avec qui la SCIZ avait signé des contrats annuels et qui ne font plus partie de nos client car leurs contrats n'ont pas été renouvelés», affirme le directeur administratif de l'usine de Zahana. Parmi les autres mesures prises pour lutter contre la spéculation, effectuer des contrôles sur site une fois le ciment livré de l'usine. Un service après vente que la direction a mis en place pour s'assurer que la marchandise livrée est bien arrivée à destination. Au niveau de la livraison, la direction vient d'adopter un nouveau système pour donner la possibilité à tous les clients d'être servis «sans distinction entre les uns et les autres ou favoritisme». Les clients doivent se présenter 12 h à l'avance pour confirmer leur commande. Ils seront, précise le même responsable, servis par alternance, à savoir un camion de la SODMAG qui est un client potentiel, suivi par deux camions de clients ordinaires. Des chaînes parallèles seront mises en place sous le contrôle de trois agents qui veilleront au respect de cette nouvelle organisation. Pour les annulations de commandes sans un avis au préalable, une nouvelle réglementation sera appliquée, qui consiste à priver les clients défaillants pendant 30 jours de livraison. Quant à l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), elle a décidé d'agir de son côté dans ce sens en menant une campagne de sensibilisation auprès de tous les entrepreneurs et promoteurs immobiliers pour que ces derniers se présentent à la direction de l'usine pour confirmer leur commande chaque décade. «Le transporteur doit se présenter avec une procuration de l'usine pour être livré et si le client ne confirme pas sa commande, la marchandise ne sera pas facturée en son nom», explique le président de l'UGEA à Oran. «Avec ces nouvelles mesures et cette coordination entre la SCIZ et ses clients, nous espérons limiter du phénomène de la spéculation qui ronge le marché du ciment», commente le représentant de l'UGEA. En parallèle avec cette nouvelle réorganisation décidée par la direction de la SCIZ, d'autres projets d'extension et de réhabilitation de l'usine sont prévus, pour lesquels le groupe ASEC veut investir 40 millions d'euros. La dernière panne technique enregistrée au niveau de l'usine au mois de janvier dernier a perturbé la distribution du ciment et créé un crise avec un déficit de 14.000 tonnes de ce matériau, non produites à cause de l'arrêt d'un broyeur du ciment pendant un mois. De 2.500 tonnes par jour, la production a été réduite à 1.500 tonnes, une quantité insuffisante pour satisfaire la demande. Ce qui a obligé la direction à suspendre la programmation entre le 23 février et le 1er mars. Cette panne technique a été réparée, selon le directeur administratif de la SCIZ, qui explique que le groupe procédera ensuite à la remise en état de l'usine, au changement de toute la tuyauterie, pour réduire ainsi les fuites qui sont à l'origine de la pollution de l'environnement par la poussière. L'étape suivante sera le renouvellement des filtres, la construction de bâtiments techniques et la réhabilitation des sanitaires. Comme il est prévu la construction d'un nouveau four à l'usine, dont l'avis d'appel d'offres sera lancé au mois d'avril prochain. Avec ce nouvel équipement, la direction compte augmenter la production à 4.500 tonnes par jour pour satisfaire toute la demande. |
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