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Médéa: Des aménagements et des interrogations

par Rabah Benaouda

« Il est malheureux et attristant à la fois, de voir cette place, un des symboles de la longue et riche histoire de la ville de Médéa, aujourd'hui aménagée et agréablement embellie après une attente qui aura duré plus de... trente longues années et au prix de gros efforts financiers, abandonnée de la sorte aux enfants, pour d'interminables parties de football, et aux adultes, pour de longues soirées de dominos !».

Celui qui nous parle ainsi n'est autre, que le très connu Rachid Benkiar, dont la famille est propriétaire du célèbre «Hammam Benkiar», aujourd'hui communément appelé «Bain métro» pour son architecture souterraine, un autre symbole de l'histoire de la ville, dont la construction remonte à 1930. Et il est question, aujourd'hui, et à laquelle fait face ce «bain métro», de la célèbre Place d'Armes (appellation coloniale) que les anciens médéens aiment encore appeler «placet El-Djininar», aujourd'hui devenue Place des Martyrs. Une place située à la limite supérieure de la vieille ville de Médéa et qui fait face à l'ex-Dar El-Emir Abdelkader, devenue aujourd'hui «Musée des arts et coutumes populaires de Médéa». Une restauration qui a nécessité, faudrait-il le rappeler, une importante enveloppe financière.

Faisant partie du programme d'aménagement et d'embellissement lancé il y a plus de deux années et demie dans les dix-neuf daïras que compte la wilaya de Médéa, cette place vient de faire l'objet, tout dernièrement, de gros travaux avec la construction de quatre très jolis kiosques, de style mauresque, installés aux quatre coins, la pose de onze lampadaires donnant un éclat particulier et un éclairage parfait des lieux, un parterre tout en carrelage amélioré et, enfin, des espaces verts, au nombre de cinq agréables à voir avec leur gazon de qualité et toutes les plantes décoratives. Cette place étant entourée d'une très jolie chaîne de protection.

Et notre interlocuteur d'ajouter, avec beaucoup d'amertume dans son regard, lors de la visite que nous avons effectuée sur les lieux, samedi dernier : «Regardez ce qu'est devenue cette place aujourd'hui ! Le gazon est presque totalement piétiné, écrasé même à certaines endroits, et la plupart des plantes arrachées par les dizaines d'enfants qui y viennent durant chaque après-midi pour jouer au football sur un mini-terrain, certes, abondamment gazonné. De même que ces grosses pierres et autres bidons, éparpillés un peu partout qui servent de bancs aux adeptes des dominos qui s'y donnent rendez-vous quotidiennement dès la fin d'après-midi et jusque tard dans la soirée. Regardez, ces regards d'égouts au nombre de quatre qui n'ont ni couvercle ni grille de protection.

A cela, il faudrait ajouter cette présence, quoique très réduite aujourd'hui, de vendeurs occasionnels qui continuent de squatter les ruelles menant à cette place et donc au musée. Une situation d'ensemble, bien malheureuse il faut le dire, qui porte préjudice à cette jolie place aujourd'hui, et dont le musée pâtira, son inauguration étant programmée dans quelques semaines».

Après un long moment de silence, notre interlocuteur lâchera : «Qui oserait amener sa famille visiter ce musée sachant qu'il doit emprunter une de ces ruelles ! C'est pourquoi nous lançons un appel pressant en direction de toutes les autorités concernées, et en premier, M. le wali de Médéa, la place qui lui revient dans le concert des autres régions du pays, pour que les meilleures décisions, pour la sauvegarde de cette belle place, soient prises le plus tôt possible.

Car il y va certainement de l'avenir touristique du Musée des arts et coutumes populaires. Ceci à travers un service d'entretien, de garde et de surveillance permanents».