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Union européenne: La spirale infernale

par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Avant la réunion du «G 20» du 2 avril à Londres, un mini-sommet européen dit du «G 4» s'est tenu, hier à Berlin, pour élaborer une stratégie commune de l'Union face à la crise mondiale.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des quatre pays faisant partie du G7 que sont l'Allemagne, la France, l'Italie et la Grande-Bretagne se sont réunis, hier, à Berlin pour mettre en place une stratégie commune lors de la deuxième réunion du G20 prévue le 2 avril prochain à Londres, et réservée à la réforme du système financier mondial. Le président de la Commission européenne, Manuel Barroso, a pris part à la rencontre, ainsi que les chefs de gouvernement de l'Espagne et des Pays-Bas dont les économies sont les plus touchées par la crise financière mondiale.

Cette rencontre souhaitée par le président français Nicolas Sarkozy a été soutenue par la chancelière allemande, Angela Merkel, en raison des décisions et actions initiées, unilatéralement, par certains Etats membres de l'UE et qui menacent l'équilibre budgétaire de l'Union, mettent en péril ses politiques communes et accroissent les effets pervers de la crise mondiale. L'exemple du gouvernement français volant au secours de son industrie automobile avec un chèque de 14,9 milliards d'euros, dont 6 pour les seules entreprises Peugeot et Citroën, exprime les craintes d'un retour au protectionnisme économique que la chancelière allemande a été la première à dénoncer. Les aides financières publiques existent mais sont régies par des règles strictes de la concurrence. Ce qui n'a pas été le cas pour la France, précisément, parce que l'aide de l'Etat a été conditionnée par le maintien des activités industrielles en France.

En plus d'un rappel à l'ordre sur le respect des politiques communes contenues dans les traités de l'Union, la rencontre de dimanche à Berlin a été consacrée à la recherche d'une méthode pour un contrôle accru du monde de la finance, notamment la lutte contre les « paradis fiscaux », la maîtrise des fonds spéculatifs ou « Hedge Funds », le réexamen du système de cotation des agences bancaires... D'autres points tels le niveau des bonus attribués aux dirigeants des banques et la réglementation relative au secret bancaire ont été passés en revue. Le but étant que l'Union européenne se présentera à la rencontre du G20 à Londres en rangs serrés, face aux pays émergents et surtout face aux USA.

Il est à ce titre significatif que ce sont les USA, à l'origine du départ de la crise financière mondiale, qui mettent en place une politique économique volontariste, interventionniste de l'Etat et initient des mesures à la limite du protectionnisme. Plus même, puisque le président Obama a appelé le groupe bancaire suisse UBS à lever le secret bancaire sur 52.000 comptes dépôts de citoyens américains. Vendredi dernier, le tribunal fédéral administratif suisse a conforté le groupe UBS dans son droit de protection du secret bancaire pour ses clients. Le 2 avril à Londres, il sera difficile aux Européens d'avoir une position commune malgré les discours de bonne volonté. Car, depuis les débuts de la crise, certains Etats membres ont lancé des opérations de sauvetage de leur système financier sans concertation au niveau communautaire.

La France a été le premier Etat à agir seul ou avec deux ou trois « alliés », brisant la tradition de solidarité européenne. Le cas de l'aide à son secteur automobile en est l'exemple probant. La procédure d'examen lancée par la Commission européenne contre l'Etat français n'est, aux yeux des spécialistes, qu'une action de pure forme. L'autre difficulté pour l'UE réside dans le niveau de crise dont sont atteints certains de ses membres tels l'Espagne et la Grèce au bord du dépôt de bilan, ou encore l'Italie, l'Autriche ou l'Irlande qui ne sont pas loin de la faillite avec des déficits publics dépassant les 5 à 6 pour cent de leurs PIB.

Aussi, la question de la solidarité européenne à l'endroit de ses membres les plus touchés par la crise n'a pu être évitée. L'UE doit arriver à une solidarité communautaire avant d'appeler celle des USA. Aujourd'hui, les Européens mesurent de plus en plus les « dégâts » de la méthode employée par Nicolas Sarkozy alors qu'il présidait l'Union. Le président français a réduit, pour ne pas dire effacé, le rôle capital de la Commission européenne dans la préservation de la solidarité européenne et son équilibre budgétaire. Et quand on apprend que le Fonds monétaire international a déclaré que l'UE va enregistrer un recul net de 2% de son PIB pour l'année 2009, il n'est pas exclu que la solidarité européenne sera davantage mise à l'épreuve. L'usage de l'emprunt (endettement) par les Etats creusera davantage les déficits. C'est la spirale infernale dans laquelle est aspirée l'économie capitaliste d'aujourd'hui.