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Les tests ADN attendront: La deuxième mort des harraga

par Sofiane M.

Le problème du rapatriement des dépouilles des «harraga» depuis l'Espagne demeure entier. Elles seraient pas moins de 600 dépouilles qui attendent depuis 2005 dans les morgues ou des ossuaires d'Almeria et d'Alicante, selon des chiffres livrés par le mouvement associatif.

Un dénouement de cette tragique situation en particulier pour les familles de ces malheureux émigrés clandestins passe indubitablement par l'identification génétique des dépouilles. Malheureusement, le recours à des tests ADN évoqué ces derniers mois par les autorités algériennes semble relever plutôt du voeu pieux. Selon le chef du service de Rétablissement des liens familiaux (RLF) du Croissant rouge algérien (CRA) à Oran, l'identification génétique des dépouilles des «harraga» en Espagne n'est pas pour demain. Les familles des malheureuses victimes devront prendre leur mal en patience en attendant du concret. Les tests ADN pourraient coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros. «La question du financement des tests ADN nécessaires est posée depuis 2005 à un très haut niveau de la Croix rouge à Genève. Cependant nous n'avons reçu aucune réponse à ce jour, la Croix rouge ayant besoin de mobiliser des fonds importants pour mener à bien l'identification génétique des dépouilles», confie notre interlocutrice. Une contribution des autorités algériennes serait nécessaire pour débloquer cette éprouvante situation pour les familles. Le temps presse pour les familles des victimes qui veulent faire leur deuil. Les autorités ibériques avaient demandé, l'année dernière, aux Algériens de fournir des échantillons d'ADN de parents ou proches des disparus pour entamer les recherches. Dans la foulée, une commission nationale pour le traitement du dossier des harraga avait été installée pour établir des listes nominatives des personnes disparues et faire parvenir les échantillons d'ADN nécessaires en vue du rapatriement des dépouilles. Cependant ce projet peine à se concrétiser côté algérien. Les autorités espagnoles avaient créé la commission «Phoenix», composée de médecins légistes et d'éléments de la gendarmerie espagnole aux fins d'identification des dépouilles des harraga. Des proches de harraga disparus rencontrés à Oran avaient lancé un appel poignant aux autorités pour se pencher sur leur malheur.