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Selon l'Union des banques Maghrebines: «La distribution de crédits est la plus faible en Algérie»

par Amine L.

L'Union des Banques Maghrébines (UBM), qui vient de publier une étude sur les 62 banques implantées au Maghreb, note que «la distribution de crédits est la plus faible en Algérie.»

« Le niveau de transformation est en moyenne de 53% en Algérie, 68% au Maroc et de 96% en Tunisie», relève le rapport de cette association qui regroupe les banques des cinq pays du Maghreb et dont le siège est à Tunis.Ces résultats interviennent après la dernière sortie médiatique de certains concessionnaires automobiles qui ont emboîté le pas au CNES, qui a estimé dans sa dernière note de conjoncture que «les taux d'intérêts bancaires sont trop élevés en Algérie.»

Certains concessionnaires automobiles avaient imputé leurs mauvais chiffres des ventes au «tour de vis chez les banques dans l'octroi des crédits consommation destinés aux achats de véhicules et au taux élevé des intérêts des prêts.» De son côté, le rapport de l'UBM indique que «le ratio de solvabilité - rapport fonds propres/crédits - est de 16% en moyenne dans la région du Maghreb. Ce ratio se situe à plus de 60% pour la Mauritanie, entre 30 et 35% en Libye et autour de 14% pour le Maroc, l'Algérie et la Tunisie.»

Le rapport conclu que «la rémunération des fonds propres est en moyenne de 23% pour la région. Elle est en évolution rapide au Maroc et enregistre 32% en 2007 contre 26% en 2006, elle est constante en Algérie avec 28% et se situe autour de 10% pour la Tunisie et la Mauritanie.»

En ce qui concerne l'octroi des crédits, la BEA est classée troisième en Afrique : (9,6 milliards de dollars US). Elle vient derrière le Crédit Populaire du Maroc (11 milliards de dollars US) et Attijariwafabank (10,1 milliards de dollars US). Trois banques algériennes (CNEP, CPA et BEA) enregistrent des taux d'intermédiation inférieurs à 50%. De son côté, Djamel Bessa, le président de l'Association des Banques et Etablissements Financiers (ABEF) et Pdg de la Cnep-banque, qui s'exprimait, la semaine dernière sur la radio chaîne III, a estimé que «le taux d'intérêt pratiqué par les banques implantées en Algérie n'est pas excessif étant de quatre points inférieur à celui en vigueur dans les marchés similaires de la région.» Le président de l'ABEF a écarté toute idée portant sur la réduction de ces taux d'intérêt.

Le montant des crédits accordés par les banques algériennes aux PME ont atteint, à fin 2008, 2 450 milliards de dinars soit une progression de 36% par rapport à 2006 et 53 % par rapport à l'année 2002, selon le président de l'ABEF. «Plus de 50 % de ce montant a été destiné au secteur privé», précise la même source. Par ailleurs, il indiquera qu'au 31 décembre 2008, les banques sont arrivées à collecter 4 710 milliards de dinars.

Le banquier a indiqué que l'encours net des crédits à la consommation a atteint 70 milliards de dinars à la même période. Autre indicateur : les financements des banques étrangères établies en Algérie ont atteint 2400 milliards de dinars, tous secteurs confondus, fin 2008, selon Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'ABEF. S'exprimant sur les ondes de la radio hier, M. Benkhalfa a estimé que ces banques interviennent dans le crédit immobilier avec 6%, alors que les crédits à la consommation constituent moins de 4% des financements. «La majorité des crédits automobiles accordés proviennent des banques étrangères qui se montrent, depuis ces derniers mois, de plus en plus prudentes» dans l'octroi de ces prêts du fait de la crise financière qui secoue leur maison-mère, et préfèrent investir dans des secteurs plus sûrs», avait constaté un des concessionnaires automobile. «On ne peut plus continuer à dire qu'on a des excédents bancaires et maintenir en même temps des taux d'intérêts élevés.

On se retrouve ainsi dans un pays qui a à la fois des déficits économiques et sociaux et qui connaît cependant une situation de surliquidité bancaire», note pour sa part, le CNES, dans son dernier rapport sur la politique monétaire en Algérie.

«La politique monétaire de la banque d'Algérie ne peut plus se contenter de maintenir la stabilité des prix, mais elle doit également contribuer à la croissance. A cet égard, l'utilisation des instruments du taux d'intérêt bancaire et du taux de change est essentielle», recommande le même rapport qui fait état «d'un montant excessif stérilisé au sein du système bancaire.» «Le problème vient en fait du syndrome d'excès de prudence, mais aussi de l'insuffisance des capacités d'ingineering au niveau des banques», diagnostique le CNES. De son côté, l'expert Abdelmalek Serrai qui s'exprimait la semaine dernière au Forum d'El Moudjahid, a jeté un véritable pavé dans la mare en déplorant le fait que «cinq entreprises économiques monopolisent environ 25% des crédits à l'investissement alors que des milliers de dossiers déposés auprès des banques dans le cadre de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ) moisissent dans les tiroirs.»