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« En application des décisions du président de la République, les
médecins et les paramédicaux recrutés dans le cadre du pré-emploi seront
régularisés, au courant le l'année 2009». C'est ce qu'a annoncé lundi Saïd
Barkat, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme
hospitalière, en marge de cérémonies d'inauguration de plusieurs structures
sanitaires dans la wilaya d'Alger.
Le représentant du gouvernement a précisé que «cette procédure concerne les médecins exerçant actuellement en activité, ceux dont les contrats n'avaient pas été renouvelés et enfin les médecins en formation. Cette décision vient, à point nommé, pour pourvoir les 789 établissements hospitaliers qui seront mis en service vers la fin de l'année en cours, à travers le territoire national, dont 250 centres de soins dans la seule wilaya d'Alger. Le personnel concerné est confronté à la précarité de l'emploi étant donné que la durée du contrat est fixée à 2 années et dans le cas où des postes budgétaires ne sont pas dégagés par la Fonction publique, la perte du poste devient inéluctable. Pour la wilaya d'Oran, chaque année 1.900 postes de travail de la formule du pré-emploi sont pourvus pour les diplômés universitaires en médecine, chirurgie dentaire ou pharmacie, selon la direction de l'Action sociale (DAS) où on précise que cette formule a été entamée depuis 2005 et prévoit un recrutement pour un contrat d'une année renouvelable et un salaire imposable de 8.000 DA. Si pour les deux dernières spécialités citées, les opportunités de recrutement existent en dehors du secteur de la santé publique, pour les médecins généralistes, il n'y a point d'autres alternatives. Mais cette solution qui se veut intermédiaire du fait qu'elle offre la possibilité au jeune médecin d'avoir une expérience pratique et qui sera comptabilisée avec deux points le plaçant dans une position prioritaire dans le cas d'un recrutement comme permanent, a montré ses limites notamment en ce qui concerne la rémunération et ce, pour une charge de travail de 40 heures par semaine. Le conseil de l'ordre médical a tiré la sonnette d'alarme en considérant que le recrutement de médecins dans le cadre du dispositif du contrat de pré-emploi est «une offense à la profession et aux praticiens». De ce fait, il y a la déperdition de médecins sachant qu'en moyenne 10% des jeunes médecins ne trouvent pas de postes de travail. Résultat: plus de 3.000 médecins se trouvent actuellement en France mais qui ne peuvent nullement exercer en tant que tels vu que leurs diplômes ne sont pas reconnus dans l'Hexagone. «A travail égal, salaire égal». Un principe qui semble, apparemment encore, méconnu dans le secteur de la Fonction publique et notamment dans la santé. Sinon comment expliquer que des médecins généralistes recrutés dans le cadre du pré-emploi et ayant un bac+7 années d'études sont rémunérés aujourd'hui à 8.000 DA alors que leurs confrères et consoeurs permanents perçoivent des salaires dépassant les 35.000 DA. Un écart qui fait dire à une jeune médecin exerçant au niveau des urgences médicales des UMC du CHU d'Oran, que «ce soi-disant salaire est une insulte étant donné qu'on fait le même travail que les permanents avec des gardes diurnes et nocturnes». Pourquoi cette discrimination salariale? Telle est la question que se posent des centaines de médecins généralistes, chirurgiens-dentistes. «Je supporte des conditions de travail souvent déplorables, pourvu que j'exerce dans la santé. Mais cela ne peut durer indéfiniment car si aucune mesure n'est prise pour nous titulariser, je ferai le mauvais choix en optant pour une autre activité. Depuis deux années que j'attends de passer comme permanent et à chaque fois, on m'avance qu'il faut encore patienter», affirme un jeune médecin qui a dû rester deux années au chômage et durant lesquelles il a dû se contenter de petits boulots. Un autre rencontré dans une officine avance: «je préfère être vendeur de médicaments avec un salaire légèrement supérieur à celui que je percevais dans un établissement de santé public où j'exerçais, certes, en tant que généraliste, mais avec une charge de travail à la limite du supportable». Un autre dira qu'il est passé par une expérience en tant que délégué médical auprès d'une entreprise d'importation de médicaments, mais si le salaire est plus ou moins intéressant, la charge de travail imposée dépasse tout entendement en plus du fait qu'il a dû emprunter pour avoir un véhicule récent, une condition posée préalablement au recrutement. «Il est vrai qu'aujourd'hui, j'exerce ma profession et mes droits socio-professionnels sont garantis, mais le salaire demeure relativement bas», explique notre interlocuteur. Et de préciser que les clauses du contrat ne semblent pas être respectées du fait que les recrutés du pré-emploi sont tenus d'exercer à mi-temps, alors que la nouvelle réglementation impose de demeurer sur les lieux de travail jusqu'à 16h et assurer des gardes médicales, rémunérées à raison de 700 DA la garde. Pourtant, une place dans le secteur de la santé publique vaut chère quand on sait qu'en plus de l'avis favorable délivré par l'établissement en besoin de médecins, il y a toute une procédure qui va de l'obtention de la carte bleue auprès de l'agence régionale de l'Emploi et l'autorisation des services de l'Action sociale, qui nécessite la constitution d'un dossier administratif volumineux. «Ces démarches faites, le recrutement ne se fait pas dans l'immédiat. Car des conditions sont exigées par un notation au poste et tenant compte des résultats obtenus durant la 6e année de son cursus et de son ancienneté dans le diplôme», ajoute notre interlocuteur qui attend depuis novembre dernier, c'est-à-dire deux mois après avoir obtenu son diplôme. Interrogé sur le nombre de ses camarades de promotion actuellement recrutés, il dira que sur 600, seulement 200 ont été recrutés notamment au niveau des petites localités. |
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