Lorsqu'il s'agit de la France, le président français Nicolas Sarkozy oublie le reste de l'Europe. Lorsque la France est dans l'urgence, il appelle à une réunion internationale. Drôle de conception de la solidarité et de la construction européenne.
Mis en difficulté dans la gestion de la France, le président français Nicolas Sarkozy risque d'entrainer toute l'Union européenne vers une impasse économique - et politique- sans précédent. La raison est que le président français confond la gestion de l'Union européenne avec celle de la France : un pouvoir central indiscutable. Ainsi, après avoir provoqué la « fierté » des dirigeants tchèques qui assurent la présidence tournante de l'UE, en sous estimant leurs capacités à faire avancer l'Union en ces moments de crise financière et économique internationale, il vient de soulever de sérieuses interrogations au sein de la Commission européenne et chez une majorité d'Etats européens en annonçant mercredi, à partir du Koweït où il était en visite, la décision d'allouer 7,8 milliards d'euros à l'industrie automobile française, dont 6 milliards pour les deux grands que sont Peugeot SA et Citroën. La réaction de la Commission européenne, gardienne des traités, a été immédiate : la France est soupçonnée (accusée) d'user de dumping financier illégal et d'enfreindre les règles de la concurrence. Dépêché jeudi à Bruxelles pour s'expliquer, son Premier ministre, François Fillon n'a pas convaincu. « Nous comprenons la situation de la France, mais nous allons examiner si la décision française ne provoquera pas de dommages collatéraux dans d'autres pays européens » a précisé le président de la Commission européenne lors de la conférence conjointe tenue au siège de la Commission. Le problème est que le président français conditionne les 7,8 milliards au maintien des activités des usines en France. Du coup, en plus des conséquences inévitables sur les «chaînes » de constructions complémentaires situées en Tchéquie, Roumanie, Espagne Slovaquie, Grande Bretagne, le gouvernement français donne un sérieux coup à l'ambition d'autre managers de groupes industriels internationaux d'avancer des offres d'achat ou de partenariat. Face aux revendications des syndicats français du secteur automobile et le risque de délocalisation des constructeurs en manque, eux aussi, de liquidités financières, Sarkozy pratique le protectionnisme économique. Par ailleurs la Tchéquie, comme bon nombre de pays de l'UE, en particulier ceux n'ayant pas l'euro comme monnaie nationale, n'apprécient pas l'idée du président français de créer une structure permanente réunissant les chefs d'Etats de l'« Euro groupe ». L'actuel président de l'Euro groupe (qui réunit les ministres des finances), le luxembourgeois Junker, voit dans l'idée de Sarkozy une tentation de pouvoir exclusif de la France sur les affaires européennes. Un club de privilégiés au sein de l'UE. Durant sa présidence de l'Union, Sarkozy a usé et abusé jusqu'à la corde de son mandat pour amener l'UE à suivre « ce que la France croit et veut ». Dans sa précipitation, que ses supporters confondent avec le volontarisme politique, il a, dans sa gestion de l'Union, encouragé la méthode intergouvernementale au lieu et place de celle communautaire sur laquelle est basée toute la politique de la construction européenne. Nicolas Sarkozy est passé maitre dans les coups d'éclats médiatiques et la confusion des niveaux de responsabilité. A sa ministre des fiances, Mme Christine Lagarde, qui a déclaré mardi dernier que « la France respectera les règles de la concurrence « et que « la solution de la crise de l'industrie automobile est européenne », il a répondu le lendemain par un « chèque » généreux aux constructeurs français de voitures. Comprenne qui voudra la cacophonie franco-française. Pressée par les décisions du président français, à la limite « d'un joueur de casino », la présidence Tchèque en accord avec la Commission européenne a fixé, à la demande de Sarkozy et de l'Allemagne, un Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement européens pour le 1er mars prochain. Il faut signaler que l'Allemagne d'Angela Merkel n'est pas tentée par le dumping économique et n'a pas de velléités protectionnistes. Elle est européenne. Bruxelles abritera dans deux semaines un premier round d'explication entre la France et le reste de l'Europe. Palpitant.