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Si
la rumeur se confirme, c'est le comble des combles. C'est une folie furieuse.
Un zèle qui n'a d'égal que la médiocrité ambiante qui met la ville au ras des
pâquerettes.
Il paraît qu'une lettre est sur le bureau du wali. Lettre qui demande à ce que soient fermés des restaurants qui, depuis qu'Oran est Oran, ont pignon sur rue Loubet et qui dérangent parce que l'Avenue porte actuellement le nom de Cheikh Larbi Tebessi. L'activité est incompatible avec le baptême. C'est un outrage à cet illustre personnage que de permettre des restaurants-débits de boissons, disent les signataires de la lettre. Pourquoi ces messieurs ne demandent-ils pas, plutôt, que soit débaptisée cette avenue. Que le nom Larbi Tebessi soit attribué à un quartier où il y a un maximum de mosquées ? Où trouveraient-ils la proposition débile ? Débile, c'est clair qu'elle l'est ! Autant que la première suggestion. Du n'importe quoi. A ce train, sur le Boulevard Zabana on ne permettrait que les magasins de guillotines ou des commerces condamnés à la mort. Mouloud Feraoun ne sera qu'un Chemin qui monte vers les maquis que vous alimentez. Sur la Rue Boudiaf, il nous faudra tuer traîtreusement tous les commerces, tant que ne sera pas connue la vérité sur sa mort. Tous les cabinets d'avocats s'installeront sur le Boulevard Mohamed Khemisti. Chkil fi chkil quoi. Non messieurs ! Les Chouhada ne sont pas morts pour que chaque Algérien fasse le pays qu'il veut, au seuil de son immeuble. L'Algérie est plurielle. Toute en couleurs, c'est ce qui fait sa richesse. Arrêtons de vouloir la tirer vers le bas. Larbi Tebessi n'appartient à personne. Le hasard du livret de famille ne transmet pas l'héritage immatériel. La femme d'un dramaturge, mort, ne peut pas devenir dramaturge à sa place. Ni l'enfant d'un savant n'est savant après sa mort. Ni on ne peut hériter du courage de Zabana parce qu'on a la même filiation. Quels desseins se cachent derrière la lettre ? Les autorités le savent. Elles ne sont pas dupes. Sauf si... Au fait quel genre de commerces trôneraient sur la Rue Ammar Ali ? Quoi ? Vous ne connaissez pas ? C'est « Ali la Pointe » Allah yarhamou, comme ça il y en a qui dormiront moins ignares. |