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Parmi les sept anciennes portes de Tlemcen,
il y a Bab El-Djied (porte des cavaliers), qui a complètement disparu depuis la
colonisation (1844) et après la destruction des murailles bâties sur
l'emplacement des anciens remparts par l'armée française qui a toujours
considéré Tlemcen comme forteresse pour repousser les attaques permanentes des
troupes de l'Emir Abdelkader pendant 17 ans de résistance (1830-1847).
On y accède à Bab El-Djied par la rue Belabbès, devenue rue du 1er Novembre 1954 après l'indépendance, une rue commerçante très achalandée avec ce qui reste de l'hôtel du Maghreb (toujours en chantier), en face du Mechouar, l'ancienne coupole et surtout au-dessus de ce café Les Amis du livre et le Cercle des jeunes Algériens fermés (bâtiment repris par ses propriétaires) malgré son caractère historique puisque cette association est un repère du mouvement national qui a formé des jeunes militants depuis 1928. Parmi les repères historiques, il y a le magasin de feu Kara Djilali (Djilali cycliste) qui a laissé une sentence pleine de sens en 1962 : le faux départ. Alors qu'il accrochait les drapeaux devant son magasin le 5.7.1962, un responsable de quartier (Rhiba) FLN lui intima l'ordre de les enlever car l'ordre (Amr) n'est pas encore arrivé de la kasma ! Il répliqua alors avec son humour : «C'est un faux départ !». Le poète Bentriqui a laissé une chanson célèbre intitulée «Aïd El-Kébir wal el-fardja fi Bab El-Djied, tamma laquietha moulat el-wachma» (Aïd El-Kébir, le spectacle a eu lieu dans le quartier de Bab El-Djied, c'est là que j'ai rencontré celle qui a un tatouage). Cette quassida a été chantée merveilleusement par notre chantre mostaganémois Bouadjadj. Quelle fardja reste-t-il après tant d'années de privation, de destruction de tout ce qui est ancien par le colonisateur qui a détruit l'ancienne Médina et sa Rhiba (diminutif de Rahba), espace entre les anciens remparts et les maisons avec leurs petites ruelles de un mètre de large. Que reste-il de Rhiba vue de l'intérieur ? Une petite mosquée, Sidi El-Ouezène, retapée avec un bassin d'ablutions en plein air qui n'est pas «original» et qui défigure le monument ancien... Omar Dib, «notre mémoire» concernant le vieux Tlemcen, me racontera l'histoire de Sidi El-Ouezène, «Derb Sidi El-Ouezène porte le nom de deux grands savants de Tlemcen, le premier Abdallah El-Ouazzani fut le disciple de cheikh Mohamed Ettenessi. Il enseigna en qualité de professeur dans l'école de son maître, il eut parmi ses élèves des hommes de science et de savoir de grand renom, entre autres Abdallah Ibn Elimam, El-Abbas. Le second fut son neveu et assurément le plus célèbre, Mohammed El-Ouazzani, né à Tlemcen en 1502, qui fut un savant versé dans toutes les branches du savoir. Ce fut également un grand théologien, un muphti et un prédicateur. Il eut comme disciple El-Mandjour, Saïd El-Maqqari, Mohamed El-Houari et tant d'autres. Il mourut à Fez où il fut nommé muphti en 1574". Le deuxième «marabout» trône au milieu de l'ancienne Rhiba, près du four banal qui n'est plus achalandé comme par le passé. Car les boulangeries et les épiceries ont remplacé le pain de maison (khoubz eddar). C'est le tombeau de Sidi Yahia Benmoussa Al Mazouni, décédé en 1478. D'après le livre du Cheikh Hadj feu Mohamed Benramdane Chaouch, «Il s'agit de Abou Zakaria Yahia Benmoussa Al Mazouni Al Meghili né et a grandi à Mazouna puis vint à Tlemcen où il s'initia chez Ibn El Merzouk Al Hafid Al Okbani. Il fut juge à Mazouna et auteur du livre Ed-dourar el-maknouna fi nawazil Mazouna» (extrait du livre de Chouch Ramdane, Baqual Assoussane, OPU 4-9-3892). Ce mausolée est caché par un parking sauvage de taxis clandestins qui ont investi l'ancienne Rhiba. Les responsables des monuments doivent mettre en valeur ce saint très connu, puisque Tlemcen deviendra capitale du monde musulman en 2011. Une jolie clôture en ferronnerie fera l'affaire, avec une plaque indiquant l'itinéraire de ce grand jurisconsulte dont un manuscrit en 2 volumes est conservé à la Bibliothèque nationale d'Alger sous le numéro 1335 et ce d'après le chercheur Baghli Mohamed. Ce quartier historique de Rhiba a perdu une pléiade de jeunes héros pendant la guerre de libération nationale tels que les trois frères Zerga, les trois frères Benchekra, Kazi Aouel Mohamed, Ouled Sidi Ali, Bouayed, Abadji Mahmoud. Rhiba a enfanté le poète populaire Mostefa Bendimered (1869-1942), le père de la Révolution Hadj Messali dont la maison près de «Ars Didou» mérite d'être restaurée par ses petits-fils. La réhabilitation de ce qui reste de ce quartier historique est indispensable car il renferme un véritable noyau de la vieille médina avec son bain maure, sa mosquée et surtout des maisons anciennes avec patio et architecture arabo-islamique. Des hommes illustres ont habité ces derbs (impasses) tels que feu le professeur pharmacien Abdelhamid Klouche, feu Mohamed Bouali, maître de l'andalou, El-Kadi Chouaïb Aboubekr (dont un derb porte son nom), Cheikh Bentabet, imam et récitant du Coran, l'imam Bouabdallah Mohamed, ancien imam de la mosquée de Sidi Boumediène puis de la grande mosquée puis le poste de muphti, le professeur Bekhoucha Mohamed, jurisconsulte et même un grand footballeur qui a fait le bonheur du WAT, Hadj Noureddine Belkhodja, connu à travers toute l'Algérie pour sa technique et ses coups-francs bolides. Les anciens habitants de Rhiba, de Derb El-Kadi, de la rue des Almohades doivent restaurer leurs anciennes maisons avant qu'elles ne partent en ruine. Un trésor est caché dedans ! |
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