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Le gouvernement cède aux exigences de Bahanga: Eclaircie au nord du Mali

par Ali Babes

Une situation confuse règne au nord du Mali, moins de deux semaines après l'échec d'une cérémonie devant consacrer le processus de paix entre le gouvernement et les rebelles touareg membres du groupe de Ibrahim Ag Bahanga.



A Kidal, l'ambiance est morose, aggravée par la présence en force de troupes militaires gouvernementales, envoyées pour traquer le groupe dissident de Bahanga, qui a demandé un cessez-le-feu dimanche. «Il n'y aura pas de trêve», a prévenu le lendemain, lundi, un responsable militaire malien. L'offre de cessez-le-feu décrétée unilatéralement par Ibrahim Ag Bahanga, qui souffle le chaud et le froid sur les accords de 2006 d'Alger, a été refusée par l'armée malienne. Un haut responsable au ministère malien de la Défense a souligné, juste après la proposition du groupe rebelle, que «nous continuerons de nettoyer le nord du pays des groupes de bandits armés». L'Alliance Nord Mali pour le changement, le mouvement d'Ibrahim Ag Bahanga, qui a son fief au nord du pays, dans la région de Kidal, et qui avait refusé début janvier de remettre ses armes, avait précisé dimanche que sa proposition de cessez-le-feu intervenait après des appels de plusieurs pays, dont l'Algérie, la France, la Libye ou la Mauritanie. Selon des sources proches du mouvement dirigé par Bahanga, «les touareg dissidents veulent cantonner avant de désarmer, alors qu'on veut les désarmer avant le cantonnement», et ont dénoncé le dispositif sécuritaire impressionnant déployé autour de Kidal au début du mois de janvier, date de la remise par les rebelles de leurs armes et leur intégration au sein de l'armée. Du coup, les négociations de paix dans le Nord Mali sont revenues à la case départ. Mais, mardi, nouveau rebondissement: le gouvernement malien a annoncé qu'il accepte, après l'avoir refusé dimanche et lundi, que les rebelles touareg entrent avec leurs armes à Kidal. Une décision qui vise, selon une source officielle à Bamako, à résoudre la crise qui perdure dans le Nord du pays, sous-développé et en proie à des accrochages armés. La volte-face du gouvernement central à Bamako et son accord pour que les membres de l'Alliance du Nord Mali puissent entrer avec leurs armes à Kidal est à mettre en rapport avec les interventions diplomatiques de plusieurs capitales, particulièrement de l'Algérie dont l'assistance a été revendiquée par plusieurs parties au conflit au Mali. C'est sous l'égide de l'Algérie et de son médiateur, l'ambassadeur Abdelkrim Ghreib, que les mouvements rebelles touareg et les autorités maliennes ont pu reprendre langue et discuter d'un accord de cessez-le-feu qui a ouvert la voie aux accords d'Alger de 2006 qui stipulent notamment le désarmement des factions dissidentes et leur réinsertion. Alger déploie, du reste, ses efforts pour ramener définitivement un climat de paix et de sécurité dans cette partie du Nord Mali.

L'acceptation par le gouvernement malien que les rebelles touareg entrent avec leurs armes à Kidal, phase transitoire pour leur désarmement et leur intégration, est une avancée importante dans la concrétisation de tous les points de l'accord d'Alger, dont la réconciliation nationale et le développement socio-économique de la région du Nord du Mali.