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Affaire des 7 quintaux de kif saisis à Oran: La perpétuité requise

par Houari Saaïdia

Une année après sa genèse, l'affaire des 7 quintaux de kif saisis dans un container au port d'Oran était hier devant le tribunal criminel d'Oran. A lire les faits consignés sur l'arrêt de la Chambre d'accusation, il s'agit d'un réseau transfrontalier de trafic de drogue, dont l'Oranie était la plaque tournante. Les barons du kif utilisaient le port d'Oran comme point de transit pour « exporter » d'importantes cargaisons de résine de cannabis, acheminée du Maroc, vers l'Europe. Les faits de l'affaire remontent au 19 janvier 2008. Un container, supposé faire partie d'une cargaison de pommes importée des Pays-Bas, et qui devait être réexpédié, vide, vers la Belgique, n'a pu échapper au scanner. Les éléments de la Douane et de la PAF éventrèrent à coups de chalumeaux le plafond du conteneur et trouvèrent une quantité de 720,900 kilos de kif traité. Le propriétaire du container, le présumé importateur de pommes, K.Brahim, venu ce jour-là au port pour procéder aux derniers réglages avant l'embarquement du container, sera pris dans une souricière tendue par la police. De fil en aiguille, 13 de ses acolytes présumés seront identifiés, dont quatre seront arrêtés et écroués. Ces derniers, B.M, 46 ans, T. M, B.A, 36 ans, et K.M, 48 ans, avec le principal accusé, K.Brahim, comparaissaient hier au box des accusés pour répondre des chefs d'accusation de trafic international de stupéfiants et association de malfaiteurs. Les autres affidés du groupe, au nombre de huit, dont le baron notoire surnommé « Pascal », de son vrai nom Arabet Ziane Abdelkader, 45 ans, originaire d'Es-Sénia (Oran), activement recherché pour son implication, entre autres, dans l'affaire des 33 quintaux de kif saisis à Saïda, et qui, selon des sources non officielles, serait actuellement entre les mains de la justice française ainsi que Souih Sid Ahmed, originaire d'Oran et émigré résidant en Belgique, le présumé « relais » avec l'Europe du sud de ce réseau international de trafic de drogue. De l'interrogatoire du transitaire ayant pris en charge cette opération, il ressort que la marchandise, faussement déclarée comme étant de la pomme importée, était la propriété de Eurl Khalif, qui n'est en fait qu'une société écran d'import-export créée par le réseau qui va jusqu'à « louer » des registres de commerce pour formaliser ses transactions. L'enquête révèle que ce projet d'exportation vers l'autre bout de la Méditerranée de 7 quintaux de kif a été conçu et mis en gestation par les trafiquants, fin 2007, en Espagne, « l'oeuvre » étant cosignée « Pascal » et Bensaïla Mohamed Zine Tadj, originaire du quartier Boulanger, Oran, tous deux en fuite. Selon le dossier d'accusation, le conteneur en question a été transporté du port d'Oran vers Es-Sénia, où il est resté pendant quelques jours dans le parking d'une entreprise privée situé à l'orée de la zone industrielle, avant d'être transporté à nouveau vers un autre endroit situé dans la même région, pour y dissimuler, soigneusement, les 720 kilos de kif. Une fois « maquillé », il a été reconduit au terminal aux quais du port pour être réexpédier. En outre, selon l'accusation, l'accusé K.M, originaire de Mohammadia, n'est autre que le frère d'un autre gros bonnet de la contrebande et du trafic de drogue, lequel a à son actif une opération similaire d'exportation de cocaïne à bord d'un container. L'un des 14 accusés, en l'occurrence Tayeb Khrafa Abdelkader, originaire de Boukadir (Chlef), en état de fuite lui aussi, est, selon le dossier d'accusation, un opérateur dans le transport en commun, suspecté d'avoir remis plusieurs véhicules clé en main « bourrés de kif » pour le compte des caïds de la drogue, dans l'optique de leur expédition par voie terrestre vers la Tunisie et la Lybie ou par voie maritime vers l'Europe. Dans son réquisitoire, qui est tombé à une heure tardive, le représentant du ministère public a requis la réclusion à perpétuité contre le principal accusé, K.Brahim, et une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre tous les autres accusés, à l'exception de A.Z.D, le frère de « Pascal » et qui comparaissait, lui, en liberté sous contrôle judiciaire, contre lequel il a demandé l'application de la loi.