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Aide algérienne soutenue pour Ghaza

par Ghania Oukazi

«La situation matérielle des sinistrés, déjà catastrophique, s'est aggravée. nous nous devons d'augmenter les aides notamment aux habitants de la wilaya d'Adrar», a déclaré hier Djamel Ould Abbès.

« Charité bien ordonnée commence par les siens,» a lancé le ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Communauté algérienne à l'étranger, lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège de son ministère. Ould Abbès revenait de l'aéroport militaire de Boufarik à partir duquel il supervisait l'envoi d'aides matérielles aux sinistrés de la wilaya d'Adrar fortement touchés par les dernières intempéries. Il a fait état de l'envoi vers l'aéroport d'In Salah «le plus proche d'Aoulef, dans la wilaya d'Adrar et en coordination avec le ministère de l'Intérieur» un total de 4.500 couvertures, 1.100 tentes et 1.500 matelas sans compter plus de 30 tonnes de produits alimentaires. Il l'avait précisé avant que les intempéries ne détruisent «complètement 1.700 habitations, et partiellement 1.800 autres, ce qui fait en tout 3.500 habitations qui ont subi de sérieux dégâts.»

Ould Abbès a noté que «la situation déjà catastrophique des citoyens, s'est aggravée, le Premier ministre suit heure par heure son évolution.» Il s'est abstenu de rendre public le volume de l'enveloppe financière consacrée à ces opérations d'acheminement des aides vers le sud du pays mais il a indiqué qu'«après-demain (NDRL: demain) se tiendra un conseil du gouvernement qui évaluera l'aggravation de la situation matérielle des sinistrés.»

«La solidarité, c'est un devoir de l'Etat et du peuple algériens,» a souligné le ministre pour revenir sur les aides humanitaires envoyées à Ghaza. Il a précisé que «ces aides de l'Etat algérien ont été acheminées tout au long de la guerre. Ce qu'ont vécu un million et demi de Ghazaouis est unique dans l'histoire.» Bien qu'il a estimé que «la façon de donner est beaucoup plus importante que ce que l'on donne», il fera savoir que «durant la phase d'urgence, sur instructions du président de la République, nous avons envoyé 41 tonnes de produits alimentaires, du matériel médical, des ambulances qui sont opérationnelles, des groupes électrogènes, un camion frigorifique, des sacs d'urgences (médecine), 2.100 poches de sang collecté à travers l'ensemble des wilayas du pays.»

Ould Abbès affirme que «pour l'acheminement de ces aides, nous avons eu des difficultés inhérentes à l'encombrement au niveau d'El-Arich (Egypte).»



«Nous sommes dans le post trauma»



Un troisième médecin est arrivé selon lui, avant-hier à Ghaza alors que l'un des deux premiers, Dr Mohamed Abed Khouidmi, rentrera aujourd'hui. Le ministre recevait hier un groupe de psychologues devant partir, en principe, aujourd'hui à Ghaza. «Nous avons 100 psychologues et 100 médecins tous volontaires pour partir à Ghaza, nous envoyons pour le moment 16 psychologues,» a-t-il dit avant d'énumérer quatre phases que les psychologues algériens doivent assurer aux Palestiniens de Ghaza. «Nous avons participé en fournissant des aides dans plusieurs guerres: la Bosnie, le Liban, l'Irak, en premier, nous avons la phase d'urgence et aujourd'hui que la guerre est terminée, nous sommes dans le post traumatisme,» a souligné le ministre. Vêtus d'un anorak blanc avec inscrit sur le dos «psychologue», les partants à Ghaza ont, selon Ould Abbès, «tous affrontés une vingtaine de catastrophes, des séismes et des inondations» pour montrer qu'ils sont habitués à assurer des prises en charge psychologiques. Le ministre parlait et par data show, défilaient dans la salle des images d'enfants de Ghaza atrocement mutilés par les effets de la guerre que l'entité sioniste a mené contre leur ville pendant plus de 20 jours. La prise en charge psychologique devra être assurée en premier aux enfants et aux femmes et s'étalera sur trois mois sur fond de ciblage et diagnostic des cas, équipement d'outils pédagogiques et envoi de trousseaux scolaires.

L'Algérie projette, dit le ministre «d'envoyer 1.000 fauteuils roulants en plus des trousseaux scolaires pour les écoliers.» Il rappelle qu'elle a aussi fait rapatrier 92 familles algériennes de la même manière qu'il a noté, encore une fois, que «je ne rapatrie pas d'hommes de Ghaza et je ne donne pas de logement aux familles rapatriées.» Pour ce qui est des Palestiniens qui voudraient venir en Algérie, a-t-il dit «il faut que les Egyptiens leur donnent le visa; l'Algérie n'a aucune initiative dans ce sens pour le moment.» Ceci étant, le ministre lance «nous refusons de vider Ghaza.» Et si l'opération de rapatriement est terminée «c'est parce que la guerre est terminée.»

Pour ce qui est des blessés, «ça ne dépend pas de nous, sinon avec Barkat, nous pouvons accueillir 1.000 blessés. Avec Sarajevo, nous avons reçu 79 blessés,» fait-il savoir tout en ajoutant que «le ministre de la Défense qui est le président de la République a instruit le ministère de la Défense pour mettre à notre disposition des avions pour cela.» Interrogé sur les possibilités pour les psychologues de pouvoir passer de Rafah à Ghaza, Ould Abbès a affirmé que «Dr Khouidmi a été désigné comme coordonnateur des aides à Rafah, il a collaboré étroitement avec le Croissant-Rouge palestinien et avec le CICR (Comité international des Croix et Croissants-Rouges) avec lesquels nous sommes en contact permanent. Toutes les garanties sont là pour leur passage.» Mercredi et jeudi, dit-il, «se réuniront à Genève toutes les associations arabes et islamiques affiliées au CICR, nous serons présents avec force.»

Il est prévu l'envoi à Ghaza par l'Algérie d'une équipe de la protection civile pour aider au déblaiement et à la recherche des cadavres.

Le ministre n'omet pas de rappeler que le président de la République a décidé de débloquer 200 millions de dollars pour aider à la reconstruction de Ghaza, faisant ainsi de l'Algérie «le 4e donateur.» Ould Abbès indiquera, par ailleurs, que «c'est le ministère de la Solidarité qui coordonne l'ensemble des aides pour Ghaza; tout se fait à partir de cette maison. La réunion du ministre des Affaires étrangères avec les représentants de la société civile, c'était pour les sensibiliser et celui qui veut envoyer quelque chose, il faut qu'il le fasse dans un cadre légal.» Pour les quêtes, a-t-il souligné «les seuls comptes ouverts sont ceux du Croissant-Rouge algérien parce que nous avons eu une petite mésaventure pour le Liban: jusqu'à présent, nous ne savons pas où est passée une petite somme...»

Et ajoute-il «les aides, ce n'est pas lucratif, les associations crédibles qui veulent y contribuer sont les bienvenues.»