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Avant-première de « Ils se sont tus » de Khaled Benaïssa: « Je suis entré en force, très vite au cinéma »

par Allal Bekkaï

Dans le cadre du Ciné-club du mardi initié par l'association « La Grande Maison », la maison de la culture Abdelkader Alloula a abrité une séance de projection (en avant-première) du dernier film de Khaled Benaïssa, lauréat du Taghit d'Or au dernier festival du court-métrage de Taghit, « Ils se sont tus », en présence du réalisateur accompagné de la comédienne Samia Meziane. « Je suis très content que mon film soit projeté dans le cadre d'un ciné-club et dans une ville sympathique comme Tlemcen », dira l'hôte de la fondation Mohamed Dib. Et d'ajouter : « On a beau faire des films, si on n'a pas d'espace comme un ciné-club, un festival, une salle, c'est peine perdue ». En guise de lever de rideau et pour « chauffer » la salle froide (absence de chauffage), le jeune artiste Nassim Dendane, arborant pour la circonstance un keffieh palestinien, a gratifié le public nombreux ce soir-là d'un concert de guitare acoustique (genres variés) avant de clore son spectacle avec un couplet émouvant appelant à la paix en terre de Palestine.

La projection du film primé a été précédée du visionnage de trois courts-métrages signés par Khaled Benaïssa : Peur virtuelle (2006), Babel (2006) et Où ? Quand ? Comment ? (2006). Le premier est inspiré d'une anecdote vécue par le réalisateur : un enfant joue avec sa Playstation, la caméra plonge dans ce monde virtuel où règnent monstres et héros éphémère, pendant que sa soeur (Samia Meziane) se refait une beauté face à son miroir. La réalité va rattraper nos deux protagonistes. Le second adapté d'une blague populaire met en action un chauffeur de taxi algérois (Mourad Khan) supporteur du Mouloudia d'Alger et « chemma » dépendant, qui ne veut pas répondre à un client bègue qui lui demande le score de la JSK. Une autre cliente dans le taxi, journaliste à la radio, lisant un « Ibnou Arabi » (rôle campé par S.M.) assiste à la scène, scandalisée par l'attitude méprisante du chauffeur. Le troisième réalisé en hommage à la Fémis (célèbre école de cinéma française où il fit son cursus) où Benaïssa et Meziane interprètent le rôle de deux étudiants « égarés » à Paris, se veut une réflexion sur notre rapport au temps et à l'espace en attendant les moyens de communication future. A quand la téléportation ? Existe-t-elle déjà ?

Quant au film primé « Ils se sont tus » (2008), c'est l'histoire de Smaïn, un jeune animateur radio (Hichem Mesbah). Après une longue nuit de travail, il ne pense qu'à une seule chose : son lit. Pour un sommeil profond et reposant... Mais si par malheur, le fameux lit se trouve dans une chambre sur rue au troisième étage d'un immeuble au centre d'une ville méditerranéenne, en l'occurrence Alger (Kamel Bouakkaz joue le « m'targui », gardien de parking), alors là... les choses se compliqueront pour Smaïn. Car le sommeil est un rêve et le réveil un cauchemar. Lors du débat animé par Khalid Dendane, les deux invités ont eu à répondre à plusieurs questions ayant trait entre autres à leur parcours artistique, la publicité, la relation théâtre-cinéma, le court-métrage et le long-métrage, le casting, la prochaine manifestation « TCCI 2011 »...

A propos de la pub, si sa compagne se dit sous l'angle professionnel, le réalisateur avouera que son spot pour un opérateur de téléphonie mobile était « une erreur de jeunesse » avant de confier qu'il fait toutefois de la conception et la réalisation dans ce créneau juteux. Sa formation d'architecte l'a plus que motivé dans son rapport à l'espace cinématographique. D'ailleurs, il dédiera son dernier film à ses professeurs d'architecture (école d'El Harrach) dont un (une femme) était présent dans la salle. « Le cinéma, j'y suis rentré en force, très vite », dira-t-il en évoquant ses deux premiers rôles dans « El Manara » (rôle principal) de Belkacem Hadjadj et « Douar de femmes » de Mohamed Chouïkh. Quant à Samia Meziane, elle s'était produite, faut-il le rappeler, comme comédienne en 2007 sur les planches de la maison de la culture de Tlemcen dans la pièce « Insbou hirouchret » ainsi qu'actrice dans « El Manara ». A noter que les prochaines projections-débats programmées dans le cadre du Ciné-club du mardi seront illustrées par les films (DVD) suivants : « Le Tigre et la neige » (27/01/09), « No Man's Land » (03/02/09), « Kirikou et la sorcière » (10/02/09) et « El Manara » (17/02/09). Le prix du billet d'entrée est fixé à 50 DA.

Enfin, il faut souligner que l'objectif recherché par la FMD à travers la création du CCM est « la relance de la culture du cinéma à Tlemcen par la projection de tout genre de films (longs-métrages de fiction, documentaires, courts-métrages...) et la promotion du patrimoine cinématographique algérien » (des échanges à ce sujet se font sur Facebook).