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La profession de pharmacien s'est transformée comme beaucoup d'autres, d'artisanale. Elle est devenue pour ce qui est de la fabrication, industrielle. Forcément le contrôle des médicaments a dû s'y adapter. Dans cette étude, quelques concepts issus de cette évolution seront dégagés. En effet, à l'origine, le pharmacien fabriquait lui-même ses médicaments, le contrôle se résumait à ses propres gestes. Aujourd'hui, il les fabrique toujours mais par machines et personnes interposées. Dans la phase artisanale, le contrôle avait sur le plan législatif un caractère purement répressif intervenant pour sanctionner les délits. L'industrialisation de la pharmacie par la fabrication en série, nécessitant la surveillance d'une chaîne de fabrication, a insufflé au contrôle un esprit de prévention. Naissance du concept Des molécules chimiquement proches peuvent conduire soit à des propriétés pharmacologiques fortement apparentées ou, au contraire, fortement éloignées. Aussi, il apparaît que la spécificité d'action biologique d'une molécule est liée non seulement à la composition chimique mais aussi à la configuration spatiale de la molécule: la pharmacologie moléculaire ayant contribué à l'expliquer largement. L'attention du service du contrôle des médicaments a été attirée sur la signification biologique suite à la présence dans un médicament de molécules voisines du principe actif produites au cours de la synthèse et de la biosynthèse ou résultant d'une altération ou d'une contamination. La toxicité tout autant que l'activité d'un médicament pouvant être, en effet, fort différentes. Dès lors, il ne faut pas s'étonner de voir s'installer les préoccupations sur le contrôle de l'innocuité-efficacité des substances, à tous les niveaux. La recherche d'éventuelles impuretés de la DL50 liée à la fabrication industrielle ou à une altération sera tâche compliquée. Devant les variétés des produits pharmaceutiques, la multiplicité des mécanismes et des réactifs mis en jeu dans les procédés de synthèse, il est pratiquement impossible de prévoir tous les corps toxiques qui pourraient être produits ou introduits aux différents stades et en cours de conservation. C'est pourquoi, surtout pour des produits dont la marge thérapeutique est faible, la détermination de la constante de la toxicité intrinsèque d'un lot à un autre (exprimée par la DL50) sur une espèce animale bien définie, devient une donnée analytique indispensable. Elle doit prendre place à côté des données physico-chimiques tant pour les matières premières que pour les produits finis. L'adaptation du contrôle : évaluation de la biodisponibilité La production pharmaceutique riche en innovations dans les années soixante et protégée par les brevets s'est convertie, par la suite, dans la réplication d'un nombre considérable de substances aux propriétés analogues. Ensuite, l'arrivée à terme des brevets, a laissé le champ libre à la fabrication de génériques ou copies de médicaments. Cette situation a entraîné, sur la plan de la standardisation et de la qualité, une plus grande dispersion des normes du médicament malgré la parution des pratiques de bonne fabrication. Or, précisément, depuis quelques années, de nombreuses observations ont montré que les préparations pharmaceutiques chimiquement équivalentes, c'est-à-dire renfermant une même quantité d'un principe actif, n'entraînaient pas une réponse thérapeutique identique. La stratégie adoptée par les services de contrôle pour expliquer et prévenir ces inéquivalences thérapeutiques a été d'abolir le concept solidement établi pendant longtemps, admettant que la totalité d'un principe actif renfermé dans une forme pharmaceutique est totalement disponible à l'absorption. La possibilité d'apprécier la résorption comparée d'un médicament étudié par rapport à un médicament référence ayant fait ses preuves. Ainsi est né un nouveau paramètre du contrôle des médicaments, c'est l'évaluation de la bioéquivalence des médicaments obtenue par des études de biodisponibilités comparées. Dans le même contexte, il est possible aussi de procéder à l'évaluation de l'équivalence thérapeutique. Les deux paramètres: bioéquivalence et équivalence thérapeutique ont le même but mais empruntent, quant à leur évaluation, deux méthodologies différentes: - Pour la bioéquivalence, on compare les paramètres pharmacocinétiques de la biodisponibilité du médicament sur la base de tests statistiques. - Pour l'équivalence thérapeutique, on procède à la comparaison de tests biologiques ou de signes cliniques après administration du médicament étudié et de référence. Dans cet essai thérapeutique, l'une et l'autre méthodologie nécessitent l'homme, néanmoins des méthodes de corrélation avec des études menées chez l'animal sont, quelquefois, réalisables. Aujourd'hui, la diffusion de médicaments concerne des lots successifs qui atteignent de larges couches de la population, elle dépasse les frontières du pays producteur. Ainsi les bénéfices comme les risques des médicaments sont devenus collectifs. Dans le contexte scientifique actuel des sciences pharmaceutiques, le contrôle de la qualité des médicaments doit porter sur: - La conformité du principe actif par rapport aux exigences des pharmacopées. - Les exigences en matière d'innocuité-efficacité. - Conformité de la forme pharmaceutique en regard des exigences de la biodisponibilité qui écarte l'échec thérapeutique, la toxicité ou les effets secondaires ayant pour origine l'inéquivalence des médicaments. De ce fait, aujourd'hui, le contrôle des médicaments contribue au progrès thérapeutique grâce à l'utilisation à bon escient d'une large gamme de produits présentant une puissance et une spécificité d'action reconnues. *Faculté de médecine d'Oran |
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