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Ce qui vient de se passer mardi dernier à
El-Amra, chef-lieu de daïra, à une vingtaine de km au nord-ouest de Aïn Defla,
bouleverse totalement les valeurs que prône l'école, l'éducation et même les
religions, et que réprouve la morale la plus élémentaire dans n'importe quelle
partie du monde.
Il était 15h quand Mr N.A a fait rentrer ses élèves en classe de terminale S pour un cours de mathématiques. Le cours durait depuis 20 mn quand un élève de la classe, son sac sur le dos, l'allure désinvolte, ouvre la porte et demande à entrer. Le professeur, à cheval sur la discipline, refuse l'admission de l'élève au cours et lui demande de ramener son père. Ce ne fut pas facile pour le professeur mais il arrive quand même à renvoyer l'élève à la surveillance, fermer la porte de la classe et reprendre son cours après cet intermède. A 16h le professeur se rend à la surveillance, rédige un rapport en exigeant que le père de l'élève soit convoqué pour le mettre au courant du comportement de son fils. L'élève revient un moment avec son frère aîné, le professeur ne veut rien savoir et tient à ce que le père soit avisé. A la sortie, le professeur, qui réside à Aïn Defla, en compagnie d'un collègue se dirige tranquillement vers l'agence de transport pour prendre le transport public. Arrivé sur les lieux, l'élève, armé d'un gourdin, est là en compagnie de sa petite bande composée de quelques «amis» venus lui prêter main forte. Le professeur est pris à partie par la bande, des coups de poing sont échangés devant tous les voyageurs en instance de départ. Ce fut le moment choisi pour la bande de «donner une leçon» au professeur cette fois non pas par des appréciations écrites sur un bulletin mais à coups de gourdins. Le professeur, gravement atteint à la tête, perd beaucoup de sang que personne n'ait pu intervenir pour éviter à l'enseignant cette bastonnade des plus avilissantes et traumatisantes. Heureusement, par chance inouïe, un médecin se trouvait là et donne les premiers soins au blessé, qui est évacué en urgence à l'hôpital où il est ranimé et soigné. Il a fallu au médecin de service appliquer 7 points de suture pour colmater l'estafilade à la tête. Les jours du blessé ne sont pas en danger, nous a-t-on indiqué, néanmoins, le médecin légiste lui a ordonné un congé médical de 10 jours, tandis que le médecin psychiatre lui a prescrit un mois de repos. Le lendemain, mercredi, dans un geste de solidarité, les enseignants arrêtent le travail et exigent la présence d»un haut responsable de la wilaya ou du directeur de l'Education. Ce dernier n'a fait qu'envoyer deux émissaires chefs de service au niveau de la direction. «L'élève» a été arrêté par les éléments de la brigade de gendarmerie, la daïra d'El-Amra n'ayant pas encore de sûreté urbaine, présenté au juge qu'il a placé sous mandat de dépôt et exclu définitivement par le conseil de discipline. Cet acte agression d'un professeur éducateur que tout le monde condamne, même la Fédération des associations des parents d'élèves nous interpelle à tous, responsables administratifs, parents, enseignants, c'est toute la communauté qui doit se mobiliser pour que de pareils comportements n'aient plus lieu, car c'est là que se forge l'idée que des énergumènes apprennent à imposer leur loi par la violence. Par ailleurs, ce cas tend à faire tache d'huile, qu'on se rappelle le professeur poignardé à l'université de Mostaganem, il n'y a pas très longtemps. En outre, de l'avis de plusieurs chefs d'établissement, ce type d'incidents est prévisible mais eu égard au manque de personnel flagrant, le risque se multiplie. A ce sujet, on rappellera qu'un concours a été ouvert et au lieu pour le recrutement de 77 adjoints d'éducation, mais à ce jour, aucun résultat n'a paru et selon l'absence d'information officielle sur les vraies raisons de ce «retard», la rumeur, de plus en plus persistante, indique que ce concours aurait été annulé. Il faut dire aussi que le manque de personnel ne concerne pas uniquement le corps des adjoints d'éducation puisque pour faire fonctionner les nombreux établissements qui se construisent chaque année, on puise dans ceux existants déjà et ainsi, des directeurs, intendants, se voient confier la gestion de deux, voire 3 établissements. |
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