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Election présidentielle: La vie politique s'emballe

par Ghania Oukazi

Bien que marquée par des «gels» programmés et des retraits physiques définitifs de la scène, la vie politique s'emballe sur fond de l'annonce solennelle de la candidature de Bouteflika pour l'élection présidentielle, qu'on dit pour le 2 février prochain.



Plusieurs dates sont avancées à propos du moment que choisira le Président Bouteflika, pour annoncer publiquement sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Des sources que l'on donne proches du sérail avancent, avec certitude, la date du 2 février prochain. L'événement, nous dit-on, sera « célébré» à la coupole Mohamed Boudiaf du complexe du 5 Juillet. C'est que le rendez-vous est prévu grandiose en raison des foules qui seront appelées à remplir tous les gradins de cette salle des grands jours. La coordination des partis de la coalition avec les organisations dites de masse a été, d'ailleurs, scellée à cet effet. Ils doivent être tous là pour applaudir une candidature qui ne suscite aucune curiosité ni détermine des attentes pourtant multiples, cruciales et urgentes pour une société qui n'arrive toujours pas à (re)trouver ses marques. Le FLN a tellement voulu que ça soit ainsi, c'est-à-dire reconduire un président dont la sincérité et les objectifs ne convainquent pas grand monde. L'impression du surplace est d'autant confirmée quand on sait que l'élection présidentielle à venir sera inutile de par son organisation, les résultats étant connus d'avance. A moins d'un bouleversement de dernière minute de l'ordre établi, d'un désistement de la part de Bouteflika ou d'un changement radical dans la donne politique au pouvoir, le tout relevant de miracles du seul temps des prophètes, les candidats en lice seront ces magnifiques leurres qui s'égosilleront le temps d'une campagne électorale, pour faire semblant que la pratique démocratique est un choix affirmé.

Au moment où Bouteflika se prépare pour rempiler la présidentielle, Reda Malek, le président de l'Alliance nationale républicaine (ANR) se retire de son parti et Saïd Sadi, le président du RCD, gèle ses activités. « On devinera certes, dans un contexte peu propice à l'innovation et à la créativité, à quelles difficultés s'exposerait pareille perspective. Mais, l'émergence d'une relève digne de ce nom est à ce prix », a souligné Reda Malek dans la déclaration qu'il a rendue publique hier, pour annoncer son retrait «définitif» de l'ANR. « Pareille perspective » a été mentionnée par l'ancien chef du gouvernement quand il dit de ses militants : «à moins qu'ils n'optent pour une initiative plus radicale, celle de la rupture avec les moules préétablis pour forger de leur propre crû une dynamique nouvelle où ils puissent redécouvrir les vertus exaltantes du militantisme (...) ». Reda Malek, plus que quiconque, sait que les « zouâma » ont le souffle long chez nous et ce, quel que soit le créneau dans lequel ils choisissent de s'investir, à commencer par celui partisan qui, qu'il nous passe l'expression, ont évolué dans « des moules préétablis ». Activant sous les auspices d'un « zaïmisme » affligeant, les partis politiques, toutes tendances confondues, ont ainsi aliéné toute velléité de contre discours tellement nécessaire à l'apprentissage de la démocratie. Etant en général un dédoublement du pouvoir qui leur a permis une émergence conditionnée, ils reproduiront les mêmes réflexes tant qu'ils ne s'en seraient pas affranchis.

Et tout est fait pour que personne ne s'affranchisse l'un de l'autre. Les états-majors des partis n'ont jamais connu de changement de chefs. Ces derniers sont reconduits en « toute démocratie » fictive. « L'Etat, c'est moi», avait dit Louis XIV, pour prouver son pouvoir absolu. Une maxime que tous les politiques nationaux en ont faite sienne. La réélection de Bouteflika ne devrait, dans ce cas, choquer personne. Elle est l'héritage d'un règne d'autoritarisme à n'en pas finir à tous les niveaux de pouvoirs.

En ces temps de disqualification interposée, intervient celle de Liamine Zeroual qui semble dictée par une volonté autonome comme il y en a pas. Là aussi, certains milieux affirment avoir été soulagés par le refus de l'ancien président de se présenter à l'élection prochaine à la magistrature suprême. « On avait peur que le pays se divise entre Est et Ouest d'une manière dangereuse », nous dit-on. Mais, personne n'a pensé que les deux candidatures, de Bouteflika et de Zeroual, pouvaient être elles aussi «définitivement» disqualifiées pour céder la place à, comme dit Reda Malek, « une relève digne de ce nom ». Avec l'élection de Barack Hussein Obama, un nom à connotation « bien de chez nous » - les Sémites - le rêve est permis. Depuis le 20 janvier, le monde entier a commencé à rêver d'un monde meilleur. Comme l'a fait un jour Martin Luther King. Pourquoi pas les Algériens !