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L'investiture de Barack Obama suscite beaucoup d'enthousiasme dans et hors les Etats-Unis. Premier retour au réel : le conflit israélo-palestinien. LComme il était largement prévisible, l'offensive israélienne sur Gaza s'est miraculeusement achevée quelques dizaines d'heures avant la cérémonie d'investiture de Barack Obama à Washington, le 20 janvier. Beaucoup plus qu'une opération de police, au vu des terrifiants moyens utilisés par l'armée israélienne, beaucoup moins qu'une « guerre » au regard de la disproportion des rapports de force en présence, l'offensive en question s'est caractérisée par l'écrasement par une armée suréquipée, d'une zone urbaine où furent pris en cible autant les maisons, les écoles, les mosquées, les hôpitaux, les convois humanitaires ou les ambulances, que les institutions, élues démocratiquement, rappelons-le, de la bande de Gaza et les structures « militaires » du Hamas. «Des lions dirigés par des singes» Bien évidemment, l'armée israélienne a produit d'immenses communiqués de victoire. Par bravade et de façon aussi peu réaliste, le Hamas en fit de même. Sur le site du CSIS de Georgetown University, où il tient une place de choix, un géopoliticien américain de renom, Anthony H. Cordesman (*), constatant un silence persistant d'Ehud Olmert, de Tzipi Livni et d'Ehud Barack, s'interrogeait : Quels sont les objectifs stratégiques de Tel-Aviv ? Israël transformera en termes politiques ses faciles victoires remportées sur le terrain militaire ? L'offensive israélienne aidera-t-elle les démarches vers la paix entamées ? Aidera-t-elle les positions des pays arabes «modérés», renforcera-t-elle les positions américaines dans la région ? Réponses de l'expert américain : « Israël avait-il un plan qui pouvait réellement sécuriser Gaza ? Cela ne transparaît pas. Israël avait-il un plan qui pouvait détruire et remplacer le Hamas ? Cela ne transparaît pas. Israël a-t-il un plan pour aider les habitants de Gaza à aller vers la paix ? Cela ne transparaît pas. Israël avait-il un plan pour utiliser les Etats-Unis ou d'autres alliés de façon productive ? Cela ne transparaît pas ». (*) Pour Anthony H. Cordesman, l'incompétence de la classe politique israélienne fera que celle-ci est en train de reproduire ses erreurs commises lors de l'offensive ratée sur le Liban en 2006. Certes, le bombardement brutal et massif de Gaza fut réussi sans trop de dangers : attaquer un vaste bidonville, affaibli par des mois de blocus, sans base arrière, entouré de miradors et cerné entre le désert et la mer, n'est pas à proprement parler un exploit militaire. Le V, signe de victoire brandi par les équipages de chars israéliens, pourrait prêter à rire si les circonstances n'étaient pas si tragiques. Tsahal s'est redoré à bon compte une popularité auprès de la population israélienne. Mais à quel prix politique ? Cordesman a la dent dure contre la direction politique israélienne : reprenant la formule acerbe appliquée à l'armée anglaise pendant la Première Guerre mondiale, les soldats israéliens seraient, selon lui, «des lions conduits par des singes». Des lions ? L'aveuglement de la classe politique israélienne n'est compréhensible que par la schizophrénie de la population israélienne. Tous les sondages le montrent, une réelle majorité d'Israéliens sont favorables à la paix, favorables à la création de deux Etats, reconnaissent la nécessité de concessions territoriales importantes sur les colonies implantées dans les territoires occupés et sont pour beaucoup mal à l'aise devant les massacres répétés contre les populations voisines. De bonnes bases pour obtenir une négociation ? Hélas non, car le second raisonnement de l'opinion israélienne est imparable dans son aveuglement : « Nous voulons la paix mais, mais, les Palestiniens (les Arabes, les musulmans...) sont consubstantiellement des terroristes, donc on ne peut pas négocier avec eux, donc il faut faire la guerre ». Une logique très proche de celle des néo-conservateurs américains et du « choc des civilisations », largement entretenue par des courants ultrareligieux et par Benjamin Netanyahu, le leader du Likoud, qui a quelques chances d'être le nouveau 1er ministre d'Israël aux prochaines élections de février. Libérez Barghouti ! Jamais en retard d'une déclaration euphorique, le Hamas estime avoir remporté «une grande victoire : nous avons arrêté et l'ennemi n'est parvenu à atteindre aucun de ses objectifs». Arguties et billevesées. Certes, le Hamas n'a pas été anéanti. Certes, il bénéficie de l'aura et de la popularité de combattants face à un ennemi brutal, obstiné et menteur. Il a concouru également et contribué à réduire encore le faible crédit du Président Abbas et de l'OLP. Et alors ? Et après ? Le Hamas n'a pas su protéger les populations dont il avait la charge, il n'a pas convaincu sur sa ligne « officielle » de refus de tous compromis, il n'a pas bénéficié de l'aide directe de ses principaux alliés dans la région, le Hezbollah, la Syrie et, de façon plus lointaine, l'Iran. Téhéran s'est bien gardé de rentrer dans l'escalade militaire. La solidarité orale avec Gaza fut ronflante mais, comme le rappelle le journal Le Monde, « les 70 000 volontaires qui attendaient à l'aéroport (de Téhéran) pour aller défendre leurs « frères » de Gaza, la semaine dernière, ont été renvoyés chez eux par les services de sécurité ». Mahmoud Ahmadinejad veut bien évidemment accroître son influence sur le Moyen et le Proche-Orient, mais la classe politique iranienne ne souhaite pas non plus handicaper une possible reprise de dialogue avec le nouveau pouvoir américain. Tout va donc revenir aux décisions que pourront prendre les « frères ennemis » palestiniens, le Hamas et l'OLP. L'unité nationale palestinienne est plus que jamais vitale. Ni Khaled Mechaal, le chef politique du Hamas, ni Abou Abbas, président de l'Autorité palestinienne, ne sont, en raison de leurs erreurs passées, capables séparément et individuellement d'être les « flambeaux » de l'unité nationale palestinienne. Qui alors ? Un nom s'impose : Marwan Barghouti, toujours emprisonné dans les cachots israéliens. Il est à la fois le symbole d'une lutte armée opiniâtre pour la libération de son peuple mais il n'a jamais fermé la porte à la négociation. C'est certainement pour ces raisons qu'il reste le seul dirigeant palestinien pour lequel les dirigeants israéliens ont refusé obstinément la mise en liberté. Il est temps que le « Quartet » (ONU, USA, UE, Russie), si cette alliance composite réclame un interlocuteur responsable, exige cette libération. Obama Beach «Ohama Beach» était l'une des cinq plages du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944. Les troupes américaines, tout comme les troupes russes et celles des autres alliés, allaient défaire le nazisme hitlérien. Lancés par Roosevelt, les GI's subirent de nombreuses pertes. Le nouveau président ne doit pas affronter un nouveau conflit militaire mondial, loin s'en faut, mais les tâches pacifiques, on l'espère, qu'il doit réaliser sont néanmoins très difficiles. Il faudra à Barack Obama affronter une crise économique de son pays et sur la planète, sans précédent depuis 1929, et replacer le rôle des USA dans un contexte international très troublé. Principale puissance, 1er sujet de haine, les Etats-Unis, restent, atout pour le nouveau président, secrètement enviés, voire admirés. Lors de la cérémonie d'intronisation, après avoir évoqué les mânes de ces ancêtres illustres (George Washington, Abraham Lincoln, Théodore Roosevelt, et de façon plus allusive John Kennedy - qui a mal fini -), Barack Obama a dit au monde entier les convictions qu'il portait pour son propre pays. On a pu noter la force et l'habileté de son discours, l'expression de sa volonté et, à l'entendre, le courage de ses convictions. Mais il y avait aussi, perceptible, la prudence, voire le flou de ses engagements immédiats. Il est normal qu'après un Bush imprécateur catastrophique, le nouveau Président se donne quelques semaines pour affiner des dispositions définitives. Au Moyen-Orient, Obama devra, dans l'urgence, reprendre langue avec l'Iran, les pays du Golfe, la Syrie, les Palestiniens, Israël... Autant de pièges dans des négociations séparées. Peut-être devrait-il prendre le risque, comme le conseille Bernard Guetta dans Libération (*), d'ouvrir des négociations générales, simultanées et conjointes. On n'attend pas du nouveau Président des solutions miracle mais des réponses mesurées, prudentes, progressives et progressistes. Si, en revanche, ces réponses ne sont pas à la longue à la hauteur des attentes, la désillusion sera importante et rapide aussi bien au sein des Etats-Unis que dans le reste du Monde. Première douche froide, Wall Street a salué l'investiture du nouveau Président par un sévère dévissage des valeurs boursières américaines : - 4,01% lors du discours. Courage, Barack Hussein ! Et Nicolas, et Ségolène ? Le président Sarkozy a salué l'intronisation de Barack Obama en lui proposant une « main tendue ». De qui ? De l'Union européenne ? De la France ? De l'UMP ? La sienne ? Trop d'outrances, trop de déclarations précipitées, trop de volonté d'omniprésence médiatique finissent par abaisser notre pays (la France) «dans le respect de son rang», comme disait le Général. Dans l'enflure de l'ego, la palme revient néanmoins à Ségolène Royal qui s'est dite, de Washington, « l'inspiratrice » de la réussite de la campagne électorale d'Obama. On savait que Jeanne d'Arc était l'une des héroïnes de Mme Royal : comme elle, l'ex-candidate socialiste entend de plus en plus de voix, à défaut d'en gagner dans les urnes. |
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