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Kateb Yacine en un «clin d'oeil»

par M. D.

La soirée en hommage au grand Kateb Yacine, prévue le mardi dernier à l'occasion du 9e Festival du cinéma amazigh, s'est bizarrement métamorphisée en un «clin d'oeil». Pourtant ceux qui devaient s'étaler sur la biographie et l'oeuvre littéraire et théâtrale de Yacine semblaient bien préparés pour une évocation pour faire revivre l'âme du père de Nedjma ne serait-ce que le temps d'une soirée. Finalement on n'a parlé que très brièvement de ce monument de la littérature et des passages que Kateb Yacine n'aurait jamais écrits ont été lus. L'intervention presque arrachée du comédien Djelloul Djeddi autour de quelques passages de la «Palestine trahie» a ouvert l'appétit aux uns et semblait «déranger» d'autres au point de prier l'orateur de céder le micro pour un hommage au chanteur poète kabyle Lounis Aït Menguelat. Fallait-il priver ceux qui avaient voulu parler plus longuement de Kateb Yacine en cet espace à dominance d'amazighité ? La réponse à cette question serait sans détour négative puisque, outre le caractère universel du personnage en question, la cité de la Mékerra est en droit de revendiquer Kateb Yacine parmi ses enfants puisque, doit-on le rappeler, il a passé une bonne partie de sa vie entre le village de Tenira et Sidi Bel-Abbès. Dans le hall de la cinémathèque, la déception se lisait bien sur les visages de Mahfoud, Kadri dit «Mario» et bien d'autres compagnons de Yacine à travers «Mohamed prend ta valise», «La guerre de 2000 ans» et «La Palestine trahie».

Tous ont souhaité évoquer des moments passés avec celui qui n'a ménagé aucun effort pour défendre durant toute sa vie par sa plume engagée la diversité de la culture algérienne. Yacine méritait sans doute plus qu'un «clin d'oeil», car des soirées entières s'avéraient on ne peut plus insuffisantes aux yeux de ceux qui ont goûté ses lettres de poésie, de théâtre et de littérature.

C'est finalement contre toute attente que la soirée prévue en hommage à Kateb Yacine soit tronquée. Yacine et son oeuvre polyvalente et diversifiée dépassent de loin le temps et l'espace qui lui ont été réservés à l'occasion de ce festival du cinéma amazigh.