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Vendredi à Doha, les pays arabes ont confirmé leur inquiétante mésentente à s'entendre sur un minimum pour venir en aide aux Palestiniens dans la bande de Ghaza, où plus de 1.200 personnes ont été tuées depuis le début de l'agression israélienne, le 27 décembre dernier. Le Sommet de Doha, auquel avait appelé le Qatar, s'est terminé en queue de poisson : les chefs d'Etat arabes qui s'y sont déplacés, y compris le Président Bouteflika, ont décidé de le transformer en réunion consultative. Le quorum de 15 Etats au minimum n'a pas été atteint, 12 Etats arabes étaient présents sur les 22 que compte la Ligue arabe. Un bel exemple de «solidarité» que les pays arabes ont ainsi étalé devant l'opinion internationale qui désespère quant à une position commune des arabes face à l'entité sioniste. Selon le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, présent à Doha, «nous sommes dans une situation où le quorum n'a pas été atteint mais la présence de 12 Etats transforme le sommet en réunion consultative sans que cela n'entame l'importance de celle-ci, d'autant qu'une autre rencontre est prévue au Koweït dans deux jours». A Doha, l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Koweit brillaient par leur absence. Mais, ce qui a étonné plus d'un, est cette effrayante absence du président palestinien, Mahmoud Abbas. L'OLP, opposée politique du Hamas, s'est donc refusé de faire le déplacement à Doha, et de signifier par le biais de son porte-parole Yasser Abd Rabbo depuis Rammallah, que Abbas est pour le camp des Egyptiens et des Saoudiens, qui privilégient l'option de négociations directes avec Israël pour l'arrêt des hostilités contre les Palestiniens à Ghaza. Pour autant, les chefs d'Etat présents à Doha ont discuté des moyens de soutenir la résistance palestinienne à Ghaza et des mécanismes ouvrant la voie à un cessez-le-feu, même si le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, est favorable à la poursuite de la résistance tant que dure l'agression et la présence des troupes d'occupation israéliennes à Ghaza. «Malgré toutes les destructions à Gaza, nous n'accepterons pas les conditions d'Israël en vue d'un cessez-le-feu, car la résistance à Gaza n'a pas été vaincue», a déclaré M. Mechaal à l'ouverture de la réunion de Doha sur Ghaza. Il a réitéré également les exigences du Hamas en réclamant «l'arrêt de l'agression (...), le retrait (israélien) de Gaza, la levée du blocus et l'ouverture de tous les points de passages notamment celui de Rafah» à la frontière égyptienne. Les objectifs de la rencontre de Doha tournent autour de propositions qui se résument en huit points dont l'arrêt de l'agression, le retrait immédiat des forces d'occupation israéliennes, l'ouverture des points de passage, la facilitation de la circulation des personnes et la levée du blocus illégal. L'Emir du Qatar, hôte de la réunion, a appelé à la création d'un Fonds de reconstruction de Ghaza et auquel Doha a déjà apporté une contribution de 250 millions de dollars. Le président syrien Bachar Al Assad s'est, de son côté, prononcé pour la rupture des liens «directs ou indirects» avec Israël, y incluant apparemment les tractations indirectes engagées l'an dernier par la Syrie avec l'Etat juif sous l'égide de la Turquie. Damas a également suspendu ces pourparlers au début de l'offensive israélienne contre le Hamas à Gaza, fin décembre, et déclaré «mort le plan de paix arabe avec Israël», préconisé lors du Sommet arabe de Beyrouth. Selon le chef de la diplomatie algérienne, le Sommet (économique) de Koweit, prévu dimanche, pourrait consolider les résultats devant sanctionner la réunion de Doha. Pour nombre d'observateurs, les deux réunions, dont celle de Doha boudée par l'OLP, l'Egypte et l'Arabie Saoudite, illustrent parfaitement les divisions qui minent le monde arabe. Une fuite en avant inadmissible alors que la population de Ghaza lutte avec un incroyable courage contre une armée suréquipée et soutenue par la première puissance militaire au monde, les Etats-Unis. «La situation dans le monde arabe est très chaotique et c'est regrettable», a résumé le secrétaire général de la Ligue, M.Amr Moussa Amr, en s'adressant à la presse au Koweït où 3.000 personnes environ ont manifesté contre Israël. En fait, la débandade sur fond de désaccord entre les grands poids lourds de la politique arabe se cristallise autour des divergences entre chefs d'Etat et souverains des pays membres de la Ligue arabe. Si l'Egypte et Ryadh, ainsi que le Koweït soutiennent la solution négociée avec Israël, avec comme principal médiateur Le Caire, le Qatar, par contre, est évincé de ce Triumvirat, qui comprend également l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Accusé de soutenir le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza après les élections législatives du printemps dernier, Doha est ainsi mis au banc des pays du Golfe, plutôt favorables aux thèses égyptiennes et à l'OLP. ET donc montrent clairement leurs préférences politiques condamnant les pays soutenant «les mouvements terroristes», tel que le Hamas a été toujours défini par les Etats-Unis et ses Etats satellites en Europe, par les Israéliens comme dans les pays arabes. Là réside en fait toute cette pagaille politique au sein de la Ligue arabe, dont les dirigeants sont incapables, même après l'utilisation par Israël d'armes de destruction massives et plus de 300 enfants tués par l'armée israélienne, de parler d'une seule voie. Vendredi à Koweit, alors que le Sommet de Doha «tombait à l'eau» du fait de défections qui ont l'amer goût de la traîtrise, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a préconisé un soutien accru à la médiation égyptienne en vue d'une trêve à Ghaza. En face, les Israéliens, qui ont tué et massacré dans la plus grande impunité à Ghaza, et que l'histoire retiendra comme un autre Pogrom dont est victime le peuple palestinien depuis la création de l'entité sioniste, le ton est tourné dorénavant vers une fin prochaine de l'agression. |
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