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Les craintes d'un retour à une crise du lait en poudre, semblable à celle
vécue par l'Algérie durant l'année 2007, font resurgir le débat sur les
nouvelles directives prises par les pouvoirs publics pour réglementer
l'approvisionnement des producteurs et des transformateurs de lait.
Les professionnels de la filière lait qualifient, d'ores et déjà, ces nouvelles mesures de «contraignantes» qui risquent, à moyen terme, de compromettre le développement de la filière. Des inquiétudes se manifestent en effet parmi les producteurs et transformateurs de lait quant à la pérennité de l'approvisionnement du marché local en lait de poudre. C'est dans cette optique que la Confédération des industriels et producteurs de lait (CIPA) a annoncé hier, une convocation en urgence d'une Assemblée générale extraordinaire pour samedi prochain, au siège de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire de l'agriculture et des pêches. A l'ordre du jour, l'examen du «bilan d'une année de relation commerciale mouvementée avec l'Office national interprofessionnel du lait». Il s'agit aussi de la sensibilisation des professionnels sur les nouvelles mesures prises par les pouvoirs publics. Parmi les principaux griefs du CIPA l'existence d'un «dysfonctionnement entre le discours politique et la réalité du terrain» qui aurait finalement semé le doute, selon la CIPA, dans les esprits. «Les laitiers ont reçu des promesses fermes pour une meilleure prise en charge du problème d'approvisionnement en poudre de lait et la couverture de l'ensemble du territoire national en matière de distribution. Cependant, sur le terrain, nous constatons l'émergence de nouvelles règles plus contraignantes qui viennent s'ajouter aux entraves mises en place pour freiner le développement de la filière», affirme-t-on dans un communiqué paraphé par le président de la CIPA. Du côté de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), c'est un autre son de cloche. «Nous couvrons convenablement le marché local en poudre de lait. Il n'y a aucun souci à se faire, puisque nous disposons actuellement de stocks suffisants pour satisfaire tous les besoins», rassure un responsable de l'ONIL joint hier par téléphone. Il précise, dans ce contexte, que 12.000 tonnes de lait en poudre sont distribués chaque mois sur les 113 laiteries en activité à travers le territoire national, dont 93 laiteries appartiennent à des opérateurs privés. Tout en excluant le retour à une crise du lait pareille à celle de l'année 2007 où le sachet de lait avait déserté durant plusieurs semaines les étals des commerces, il assure que le problème d'approvisionnement des laiteries sera résolu définitivement au cours de cette année, avec l'entrée en vigueur de nouvelles dispositions pour soutenir le sachet de lait pasteurisé. Notre interlocuteur nous confie la prochaine annonce de mesures destinées essentiellement à soutenir davantage la production de lait cru. «Le soutien au lait cru va croître à 75 % soit 12 dinars pour le litre au lieu de 7 dinars actuellement», révèle notre source. Les 12 dinars de soutien au litre de lait cru seront répartis entre les différents intervenants dans la filière lait. Le collecteur devra recevoir un soutien de 5 dinars pour le litre de lait cru contre 3 à 4 dinars pour l'activité dite d'intégration. «L'Etat a consacré des sommes d'argent énormes pour le développement de la filière du lait dans le souci d'assurer la sécurité alimentaire du pays», lâche notre interlocuteur. Revenant aux nouvelles mesures décidées par les pouvoirs publics, il estime que la mise en place de ces directives va nécessiter environ six mois. «Les nouvelles directives vont entrer en vigueur à partir de juin 2009», conclut-il. Selon certaines indiscrétions, le mécontentement des professionnels de la filière lait pourrait tirer ses origines de la décision des pouvoirs publics de soutenir uniquement le prix du lait cru au lieu de celui de la poudre de lait comme revendiqué par les professionnels. Les laiteries préfèrent la poudre de lait plus facile à transporter et à stocker durant de longues périodes, contrairement au lait entier qui nécessite la mise en place de tout un circuit de collecte impliquant de nombreux intervenants (producteurs, collecteurs, services vétérinaires...). |
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