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Des aménagements pour les îles Habibas

par H. Saaïdia

La direction de l’Environnement de la wilaya d’Oran compte lancer, avant la fin du 1er semestre 2009, un projet d’aménagement des îles Habibas, a annoncé dimanche son responsable, cité par l’APS.

Le rapport technique du projet, qui devait être présenté, hier à la wilaya d’Oran, comporte un plan d’action pour la protection et la préservation de la bio-diversité de cette réserve naturelle. Ce projet, dont l’étude a été confiée à un bureau d’études portugais, est appelé à assurer un environnement approprié pour la gestion des ressources naturelles rares en favorisant la croissance d’espèces animales et halieutiques. Parmi ces espèces rares: le mérou, le phoque, le goéland et des espèces de coquillages géants. Le responsable de l’Environnement a indiqué que ses services ont entamé la mise en place de dispositions organisationnelles pour préparer le lancement du projet. Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’équipes d’éco-gardes constituées de 15 éléments qui ont suivi une formation spécialisée à Alger. La finalité de ce projet, selon la direction de l’Environnement, est de reconvertir les îles Habibas en un espace touristique et écologique distinct par ses spécificités naturelles. Dans ce contexte, on prévoit le réaménagement de l’abri de pêche en un petit port de plaisance pour l’échouage d’embarcations touristiques. On projette également la création d’espaces pour l’activité touristique en optant pour la construction en bois, dans le but de préserver ce milieu naturel. Dans le même cadre, on préconise l’élaboration d’un plan touristique reposant sur les activités subaquatiques et la promotion des sports nautiques dans cet archipel. Les études techniques relatives à ce projet ont pris 8 mois.

Les îles Habibas ont été, rappelle-t-on, intégrées dans un projet de partenariat pour la protection des îles du bassin méditerranéen et un projet de coopération entre les commissariats de la protection du littoral algérien et celui français. Le site a fait l’objet de plusieurs expéditions scientifiques menées par la Fondation Nicolas Hulot. La dernière mission remonte au 24 avril 2007. Cette expédition avait été sanctionnée par un rapport «optimiste» quant aux perspectives de préservation et de promotion de ce site protégé, avaient affirmé les spécialistes, lors d’une visite guidée organisée au profit de la presse nationale.

Ce petit archipel, qui s’étend sur une superficie cumulée de 40 ha, réunit toutes les conditions fondamentales à même de valoriser «son exceptionnel patrimoine faunistique et floristique», avaient souligné les scientifiques.

Illustrant la richesse de cet éco-système marin, les chercheurs évoquent, notamment, la présence de pas moins de 110 espèces végétales endémiques dont le «chou des Habibas», petite plante de la famille «Brassica Spinescens» que l’on ne retrouve nulle part au monde. S’agissant de la faune, un ornithologue de l’expédition citera une dizaine d’espèces d’oiseaux rares ou menacés de disparition tels le puffin cendré, le balbuzard pêcheur, le faucon, le cormoran huppé, les goélands et autres espèces emblématiques des seuls sites insulaires de la Méditerranée. Sans nulle exagération et ceci est d’ailleurs du témoignage même des experts français, Habibas compte parmi les plus belles et les plus intéressantes îles de la Méditerranée. Tant par son paysage sauvage, mi-rocheux mi-verdoyant, avec des criques, de petites baies, des anses, des récifs... que par son exceptionnel patrimoine faunistique et floristique. Cette visite guidée avait également permis de constater les premières actions initiées par le Commissariat national du littoral (CNL) en application des recommandations du ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme. Ces actions se sont traduites par l’installation de plusieurs éco-gardes chargés de protéger ce périmètre contre les faits nuisibles à l’équilibre de sa bio-diversité, le facteur humain étant considéré comme la plus importante menace, particulièrement à travers la pêche intensive. Ces éco-gardes devaient bénéficier d’une formation en France, sur le site de l’archipel «Frioul» de Marseille, en vue de les initier aux méthodes d’information et de sensibilisation des visiteurs du futur lieu d’affluence touristique que deviendront les îles Habibas, avait-on annoncé alors. A l’époque, ces éco-gardes avaient été logés dans le phare alors qu’ils n’avaient en guise de pied-à-terre, au bord de la mer, qu’une vieille bâtisse en ruine, à un jet de pierre de ce qui serait, selon la «légende», les vestiges de la maison qui abritait les trois nonnes exilées à vie sur cette île, il y a environ deux siècles. D’autre part, nul ne peut contester que le site est, à présent, beaucoup plus propre qu’il ne l’était il y a quelques mois. Et là, un hommage doit être rendu aux «Amis de la mer», qui passent régulièrement au peigne fin l’île. Les membres de l’expédition de Nicolas Hulot, deux scientifiques, gestionnaires de l’île française de Riou, envoûtés par la richesse de cet éco-système marin, par les espèces végétales et animales rares qu’ils y ont découvert, nous affirment: «Vous avez un beau littoral et des îles parmi les plus belles et les plus intéressantes dans le bassin méditerranéen!»

Cette mission scientifique était la cinquième à être menée à Oran, dans le cadre d’un projet intitulé «Petites îles de Méditerranée», en partenariat avec le Commissariat français du littoral et la Fondation Nicolas Hulot qui contribuait à cette initiative par l’affectation de son célèbre voilier «Fleur de Lampaul Lorient».