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« Les grandes métropoles s'affligent quand le camp des réfugiés sourit» disait Mahmoud Darwich. Au neuvième jour de l'agression israélienne, Ghaza, immense série de camp de réfugiés ne sourit pas, les grandes métropoles occidentales sont heureuses. On massacre les «barbares» et la «civilisation» ne fait que se défendre. C'est la présidence tchèque de l'Europe qui l'a dit et aucun responsable arabe ne semble avoir eu l'envie de vomir. Ghaza continue, malgré l'énorme disproportion des moyens, de tenir au neuvième jour de l'agression israélienne qui a fait intervenir ses chars. Une quarantaine de Palestiniens, surtout des civils, ont été tués hier, dans des tirs des chars et des raids de l'armée israélienne. La plupart des victimes sont des femmes et des enfants. Des combats acharnés se déroulaient dans la région de Jabaliya, dans le nord de la ville et dans le quartier de Zeïtoun, à l'est de Ghaza-ville. Israël a reconnu qu'un des ses soldats a été tué et 30 autres blessés dans l'offensive terrestre. Dans l'après-midi, 5 Palestiniens d'une même famille, dont une fille de 14 ans, ont été tués par un obus israélien tiré sur leur voiture par un des chars. Au total, 40 Palestiniens ont été tués, dont au moins 17 civils, portant à 507 le nombre de tués depuis le début des attaques israéliennes, le 27 décembre, selon le chef des services d'urgences, le Dr Mouawiya Hassanein. Plus 2.500 personnes ont été blessées. Les différents groupes mouvements palestiniens résistent avec courage et détermination à l'entrée des troupes terrestres israéliennes soutenues par d'intenses bombardements, par air et par mer. Malgré la pression militaire israélienne qui cherche à couper le territoire de Ghaza en trois zones, les résistants palestiniens ont tiré plus de 45 roquettes sur le territoire israélien. La solitude d'un peuple massacré Les combattants et la population de Ghaza ne peuvent compter que sur eux-mêmes, les États arabes, malgré l'émotion et la colère des opinions publiques, continuent d'adopter un profil bas devant le carnage. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a annoncé la convocation des ambassadeurs des États-Unis, de Russie, de Chine, de Grande-Bretagne et de France afin de leur «exprimer le mécontentement de l'Égypte face à l'absence d'une résolution contraignante appelant Israël à arrêter son agression sur Gaza». Quel courage! Sauf qu'au plan concret, on va dans le sens contraire. Hier, les autorités égyptiennes ont fermé totalement le passage de Rafah alors que les aides humanitaires et des personnels médicaux arabes attendent depuis plusieurs jours la possibilité de rentrer à Ghaza. Officiellement, c'est l'aggravation des bombardements et l'offensive terrestre israélienne qui motivent cette décision. On aurait cru qu'il s'agit de raisons qui justifient l'ouverture et non sa fermeture, mais plus rien ne surprend les opinions publiques. Les conditions de vie -et de mort- de plus de 1,5 million de Palestiniens de Ghaza sont épouvantables. Les agences humanitaires ont prévenu que les stocks d'eau, de nourriture et de médicaments s'épuisaient. Les journaux égyptiens, à commencer par «Al-Ahram», affirment que les jours ont justifié la «pertinence» de la position officielle et parlent d'une «bataille diplomatique de longue haleine». Ce discours d'autosatisfaction ridicule intervient au lendemain d'un veto américain au Conseil de sécurité contre un projet de résolution réclamant l'arrêt des combats. Le cynisme très nazi de la présidence de l'UE Le parrain américain de l'agression sioniste a tout simplement réclamé que la situation soit imputée au Hamas. A juste titre, la Libye, seul pays arabe présent au Conseil de sécurité, a refusé d'accepter cette justification du carnage. Dans leurs déclarations, les représentants d'une administration Bush, absolument criminelle, font mine de se soucier des «victimes civiles». Le président de l'Assemblée générale de l'Onu, le Nicaraguayen Mihuel d'Escoto Brockmann, a qualifié l'opération terrestre israélienne de «monstruosité» et a accusé Washington d'aider Israël en sapant la capacité du Conseil à intervenir dans la crise. La prétention des États arabes croupions à mener une bataille diplomatique est totalement ridicule. La seule marge que leur laisse l'Empire, c'est de dénoncer Hamas et la résistance. Le décalage est tel que dans les opinions publiques plus personne n'attend rien des États. La rancoeur à l'égard des États occidentaux est totale et leur discours sur le «dialogue» et le «rejet de la violence» ne passe plus. Même chez les élites faussement éclairées et très agréées dans les capitales occidentales. Il faut dire que la Tchéquie, en prenant la présidence de l'Union européenne, a gratifié les Palestiniens et le monde arabe d'un discours d'une haine sans équivoque. Parlant de l'attaque terrestre, entamée samedi soir, par l'armée israélienne, le porte-parole de la présidence tchèque, Jiri Potuznik, a déclaré: «A l'heure actuelle et à la lumière des événements des jours derniers, nous estimons que cette mesure constitue une action défensive et non offensive». C'est d'un cynisme de nazi tellement ahurissant que d'autres pays européens, orfèvres dans l'art d'enrober leur discours mais qui sont sur le fond sur la même position, n'ont guère apprécié. Au fond, la Tchéquie, qui n'a pas d'histoire particulière avec le monde arabe, a bien exprimé de manière crue la haine anti-arabe des Européens. Les Palestiniens auront toujours tort même s'ils sont constamment écrasés et assassinés. On n'a pas entendu des responsables arabes exprimer leur écoeurement. Apparemment, ils font mine de croire le ministre tchèque des Affaires étrangères qui parle d'un «malentendu». C'est qu'une délégation européenne que conduira le ministre des Affaires étrangères de la très anti-arabe Tchéquie se pique d'aller dans la région. Leïla Chahid, déléguée générale palestinienne auprès de l'Union européenne, fait mine de croire que l'UE, qui a élevé le niveau de son partenariat avec Israël, à la veille de l'agression, pourrait changer de «ton» à l'égard de l'État hébreu. Un «massacre défensif» La communauté internationale «n'est pas impuissante, elle choisit de l'être. Je dirais qu'elle est même complice, parce que les Américains, qui se sont opposés à la résolution demandée au Conseil de sécurité portent une responsabilité de couvrir: c'est un crime de guerre ce qui se passe à Ghaza a ajouté Mme Chahid. Pourtant les propos ignobles de la présidence tchèque de l'Europe sont assez parlants. La visite de la délégation européenne pourrait être une occasion pour les officiels arabes de signifier qu'ils n'ont rien à dire avec les représentants d'un État qui confond, délibérément, agression et défense. Mais la Tchéquie est la protégée de Bush, le grand défenseur du «monde libre» contre les «barbares», il ne faut donc pas s'attendre à la moindre expression de mauvaise humeur de nos responsables. Ils sont trop «bien élevés», nos dirigeants. Pas avec leurs citoyens, bien entendu. |
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