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Après l'opération
" Pillier de défense " lancée par Israël contre Ghaza, les choses
sont devenues plus claires au Moyen-Orient. Au lendemain du cessez-le-feu, le
principal dirigeant du Jihad islamique de la Palestine Ramadan Abdallah Shalah
a prévu de visiter la bande de Ghaza. Cependant cette visite a été annulée
parce que Israël a averti que si le Chef de du parti pro-iranien entre en
Palestine, il sera ciblé par l'armée de l'air de Tsahal. Cette information a
fait le tour des médias internationaux. Au cours de l'opération " Pillier
de défense ", les brigades Al-Qods, branche militaire du mouvement du
Jihad islamique de la Palestine a tiré des dizaines de missiles en direction
des villes et villages israéliens. Les observateurs ont été surpris par la
force de frappe de ce mouvement palestinien qui n'a pas hésité à remercier les
Iraniens de lui avoir fourni ces missiles.
Toutefois, Israël a autorisé l'entrée du chef du Hamas en Palestine. Khaled Mashaal est arrivé le 07 décembre à Ghaza. Lors de sa visite, il a déclaré ceci : " Toutes les formes de lutte, politique, diplomatique, juridique et de mobilisation sont légitimes pour recouvrer ses droits mais aucune n'a de sens sans la résistance (?) La démarche du frère Abou Mazen (Mahmoud Abbas) aux Nations unies est un petit pas mais un progrès." Khaled Mashaal n'a pas manqué de remercier ses amis les Qataris qui le finance désormais. Ce n'est plus un secret, le Hamas qui a tourné le dos à l'axe de la résistance Iran-Syrie-Hezbollah se montre plus proche du multimilliardaire Hamad bin Khalifa al-Thani. C'est la farce de siècle. Le Qatar qui n'existe que depuis 40 ans, le Qatar qui abrite la plus grande base militaire américaine en dehors des Etats-Unis, le Qatar qui n'a même pas les moyens humains pour construire une armée proprement dite, le Qatar qui a pendant longuement tenue des relations fortes avec Israël se veut le défenseur la cause palestinienne ! Le Hamas veut nous faire croire que le Qatar s'est brusquement transformé en porteur de liberté et d'égalité. En fait, le Hamas tient un double langage. Lors de son discours à Ghaza, Khaled Mashaal a crié fort : " La Palestine est à nous, de la rivière à la mer et du sud au nord. Nous ne ferons aucune concession, nous n'abandonnerons pas un seul pouce de notre terre. " Aujourd'hui, la politique du mouvement des frères musulmans en Palestine ressemble beaucoup à celle menée par le Fatah avant l'appel à la "paix des braves" lancé par Yasser Arafat aux Israéliens. Jusqu'à récemment, le Hamas était complètement opposé à la politique de négociation, mais il a fini par changer d'avis à cause de la pression des monarchies pétrolières exercée sur lui. Il faut être trop naïf pour croire que si l'axe Iran-Syrie-Hezbollah est brisé, on peut compter sur le soutien du Qatar. Si Israël avait gagné la dernière bataille, le Hamas aurait été écrasé et lâché par les lâches. Le constat est clair, les monarchies des pétrodollars n'ont rien pu faire pour les enfants de Ghaza lors de l'agression israélienne. Heureusement, l'opération " Pillier de défense " a été avortée. C'était la dernière chance accordée à Israël pour écraser les mouvements de résistances et les amener à la table des négociations. Le Jihad islamique a démontré que le Dôme de fer censé protéger Israël des menaces venues du ciel n'était rien d'autre qu'un parapluie troué. Il a prouvé qu'Israël ne sera pas capable de faire face à une attaque lancée par l'Iran, la Syrie ou le Hezbollah. Les Etats-Unis n'ont plus le temps à perdre, leurs alliés dans la région sont plus faibles que jamais et risquent de perdre le contrôle du Moyen-Orient. Dans les jours à venir, les Israéliens vont se taire, les Américains sont arrivés à la conclusion suivante : " Israël ne peut plus remplir son rôle du flic de la région ". Les ambitions d'Israël ont changé. Avant son retrait du Liban, elle avait intérêt à faire la guerre, à chaque fois elle épuisait un Etat arabe. A présent, elle doit éviter les conflits et ce sont les Américains qui doivent la soutenir politiquement et financièrement. Dans une étude de 82 pages intitulée " Se préparer pour un Moyen Orient post Israël ", commandée par 16 agences de renseignements étasuniens dont le FBI et la CIA, le think tank américain " Council on Foreign Relations " confirme que Israël est une menace pour les intérêts nationaux étasuniens. Le 27 octobre 2012, le site mecanopolis. org a publié un résumé de cette étude selon laquelle le gouvernement des USA n'a plus les ressources financières ni le soutien populaire pour continuer à financer Israël. Le pragmatisme des Américains les oblige à agir. L'affaiblissement de leur économie et le soutien inébranlable de la Russie à l'axe de la résistance les contraint de renoncer à contrôler seul le Moyen-Orient. Après sa réélection, Barack Obama n'a pas tardé à lancer une nouvelle politique étrangère. Le Moyen-Orient risque d'être bouleversé en 2013. L'administration étasunienne vient d'entamer des négociations directes avec les Iraniens. Selon le réseau de presse international " Réseau Voltaire ", dirigé par le journaliste Thierry Meyssan, spécialiste en questions iraniennes et syriennes, la nouvelle donne exige d'abandonner la politique d'isolement de l'Iran. La Maison Blanche serait prête à appliquer l'accord sur la Syrie conclu avec les Russes, le 30 juin à Genève, concernant le maintien d'une Force de paix de l'ONU et le pouvoir de Bachar el-Assad s'il est plébiscité par son peuple. D'après le " Réseau Voltaire ", la première conséquence est le lancement des travaux de construction du gazoduc qui reliera le champ gazier iranien South Pars (le plus grand du monde) à Damas, puis à la Méditerranée et à l'Europe. Qui sera le plus grand perdant au Moyen-Orient ? En 2013, Israël risque d'être à la merci de l'axe de la résistance et de perdre toute initiative dans la région. Le Qatar est déjà prêt à prendre le relai, mais il a trop fait de mal aux Arabes, vont-ils le tolérer encore ? * Universitaire |
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