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Mohamed Merah, «le tueur à la moto», a-t-il agi
seul ou dispo-sait-il de complicités avérées autres
que celle de son frère Abdelkader soupçonné de «complicité d'assassinats» dans
les attentats de Toulouse et de Montauban ? Le patron de la Direction centrale des
renseignements intérieurs (DCRI), Bernard Squarcini, a
déclaré ne pas croire à l'existence d'un réseau. Et même si la justice a
l'intime conviction que Mohamed Merah était seul lors
des tueries, l'enquête doit déterminer s'il a agi pour le compte d'une
organisation et s'il a bénéficié d'un soutien logistique en référence aux armes
trouvées sur lui.
Abdelkader Merah, 29 ans, a été présenté hier, en fin de matinée, à un juge d'instruction antiterroriste en vue de sa mise en examen et de son placement en détention provisoire, au terme d'une garde à vue de 96 heures, durée maximale autorisée en matière d'affaires de terrorisme, dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (Sdat) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), près de Paris. Celui qui a été interpellé mercredi dernier avec sa compagne à leur domicile d'Auterive, à une quarantaine de kilomètres de Toulouse, alors même que son frère Mohamed était encerclé par les hommes du Raid, est déjà fiché en France comme un intégriste religieux et avait été inquiété pour sa participation présumée à une filière d'acheminement de «djihadistes» en Irak il y a quelques années, sans être mis en examen. L'information judiciaire a été ouverte contre Abdelkader pour «complicité d'assassinats», «association de malfaiteurs en vue de la préparation d'acte de terrorisme» et «vol en réunion» du scooter qui a servi à Mohamed Merah pour l'exécution de ses crimes. Le suspect, s'il a reconnu sa complicité dans le vol du scooter Yamaha T-Max, a nié par contre être au courant des projets meurtriers de son frère cadet, même si lors de sa garde à vue à Toulouse, il s'était déclaré «fier» des actes commis par son frère. Zoulikha Aziri, la mère des frères Merah, placée en garde à vue qui a été levée vendredi soir, a épousé en seconde noce le père d'un homme qui appartenait à un groupe radical de l'Ariège dont les membres ont été condamnés pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» en 2009. Les frères Merah auraient été soupçonnés d'entretenir des liens à partir de 2008 avec ce groupe. Déjà fiché par le renseignement américain comme suspect de terrorisme et figurant sur la liste noire des personnes interdites de vol aux Etats-Unis, Merah a été également interrogé, en novembre 2011 au retour d'un voyage au Pakistan, par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), créée en 2008 à l'initiative de Sarkozy en fusionnant DST et RG. Selon le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, la DCRI était alors au courant de son déplacement une première fois en 2010 en Afghanistan avant d'être renvoyé vers la France. De leur côté, les talibans pakistanais (TTP), formés en 2007 et liés à Al-Qaïda, ont affirmé, hier, à Reuters que Mohamed Merah avait subi un entraînement dans un camp du groupe islamiste au Waziristan, près de la frontière afghane. Cette région est souvent considérée comme le plus important fief de nombreux groupes, tel le réseau Haqqani proche du groupe les «Soldats du Califat» (Jound al-Khalifah) qui ont revendiqué jeudi dans un communiqué la tuerie de Toulouse. Le 25 octobre, ce groupe avait menacé le gouvernement du Khazakstan, qui venait, après la France, d'imposer une loi interdisant le port du voile intégral dans les établissements publics. Cette initiative a été citée par Mohamed Merah comme l'une des raisons ayant justifié son action. Le TTP affirme que plus de 80 Français se trouvent actuellement dans le Nord-Waziristan sous son égide tout en infirmant un quelconque lien avec les tueries en France. Un officier de l'ISI, les services de renseignement pakistanais, indiquait récemment avoir la certitude que parmi les militants islamistes opérant le long de la frontière pakistano-afghane se trouvent «plusieurs douzaines de citoyens européens», dont beaucoup d'origine pakistanaise. Il y a un peu plus d'un an, les autorités pakistanaises avaient arrêté quatre Russes venus se former à la «guerre sainte» au Pakistan. Ils étaient arrivés avec leurs familles. Les services britanniques estiment, pour leur part, que vingt de leurs ressortissants se cachent dans les zones tribales, notamment au Waziristan du Nord. L'Allemagne, elle aussi, fournit son contingent de djihadistes. Selon la police allemande, au cours des dernières années, au moins 70 individus se seraient rendus au Pakistan et en Afghanistan pour s'y entraîner ; un tiers d'entre eux sont rentrés en Allemagne depuis. |
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