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Les Belges, survivants du « Front du Nord » ont dit, à Bruxelles, leur
fierté d'avoir choisi d'être aux côtés des Algériens durant leur combat contre
le colonialisme français. Une grande leçon de courage
Témoignez?témoignez?Les gens du Nord demeurent fidèles au serment du combat mené par les Algériens pour leur indépendance, cousu par le fil des générations sur l'emblème, chanté par l'hymne national. Ce soir du 28 février, ils étaient venus à Bruxelles, devant une salle comble, raconter leurs plus beaux souvenirs de guerre. Ils, ce sont les « survivants » du collectif des avocats de défense des combattants du FLN, durant la guerre de Libération nationale. Il y avait Serge Moureaux, actuel bourgmestre (maire) de Molenbeek (Bruxelles) ; Henriette, épouse de son frère aîné Serge ; Marc de Cokock ; Cécile Draps et bien sûr, des moudjahidine du Front du Nord restés à ce jour, en Belgique. A tour de rôle, ils ont conté quelques souvenirs, encore d'une brûlante actualité, tant ils nous rappellent la force de conviction dans les idéaux de liberté, d'humanisme, de solidarité, de démocratie et de combat contre l'injustice. Hier contre les méfaits du colonialisme, ces idéaux soutiennent, aujourd'hui, la longue marche vers la démocratie en Algérie et ailleurs dans le monde arabe pour parachever l'œuvre des aînés. Mme Ghezala Cherifi, présidente de l'association «Les amitiés belgo-algériennes» (LABA), organisatrice de l'événement, a déclaré avec une voix émue «pour ne pas oublier». Comment Marc de Cokock peut-il oublier pareil épisode de sa jeunesse ? «Mon père me demanda, un jour de 1957 de lui procurer d'urgence une robe de curé. Devant mon étonnement, il insista. Je courus chez l'abbé de la petite église et pus me procurer la seule robe relativement correcte de l'abbé. Cette robe servit à déguiser un combattant algérien pour le sortir de France où il était recherché. 20 ans plus tard, à l'occasion d'une rencontre avec des Algériens, je racontais la bizarrerie de cette histoire. «C'était moi, le curé» me répliqua l'un d'eux. C'était M. Bachir Boumaâza, illustre homme politique algérien, disparu aujourd'hui.» Et cet autre témoignage où le contact avec la Révolution s'est fait en? prison. Serge Moureaux a rappelé sa fonction de chauffeur de passagers clandestins. Le bourgmestre de Saint-Josse a rendu hommage au courage exceptionnel de son prédécesseur, Guy Cudel, décédé aujourd'hui, dans l'établissement de faux papiers d'identité pour les militants algériens. Tout ce monde faisait partie de ce qui a été baptisé « Front du Nord», structuré dans le réseau «Jeanson» chargé de l'exfiltration des combattants vers les maquis algériens et en Tunisie, ainsi que de la collecte des finances (Porteurs de valises) pour le FLN. Les anciens moudjahidine algériens présents, ont délégué la parole à l'un d'entre eux. «Merci pour nous avoir tant aidé pour nous libérer» a-déclaré ce dernier, appuyé sur sa canne, la voix étranglée par l'émotion. Ces témoignages ont suivi le documentaire de 52 minutes, «Le Front du Nord », réalisé en 1990 par le journaliste belge Hugues Lepaige et l'intervention de deux universitaires, l'Algérien Mohamed Tahar Bensâada et le Belge Matéo Allaluf. «Ce qui est important dans l'histoire du Front du Nord, c'est le besoin urgent dont nous avons besoin aujourd'hui des valeurs d'universalisme, d'humanisme, de solidarité et de liberté qui ont soutenu votre combat d'hier » a résumé M. Mohamed Tahar Bensâada. C'est si vrai, pour que plus tard, d'autres générations futures puissent, à leur tour, témoigner? témoigner.» |
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