A quoi
faut-il s'attendre maintenant que le Conseil monétaire et bancaire vient
d'adopter un projet de règlement relatif aux conditions d'autorisation, de
constitution, d'agrément et d'exercice des bureaux de change ? D'après le débat
très léger qui a suivi l'annonce de l'ouverture des bureaux de change,
prévoyant le déploiement d'un vaste réseau national de ces bureaux, on attend
énormément de bienfaits pour les citoyens et l'économie nationale en général.
Les premiers espèrent en finir avec le change au marché noir et l'économie
nationale escompte capitaliser une importante masse de devises en circulation
sur ce marché parallèle. Ce qui est, théoriquement, vrai. Le
texte du projet en question vise une démarche progressive afin de créer, dans
une première démarche, les meilleures conditions à même de favoriser le
déploiement d'un vaste réseau national de bureaux de change, pour faciliter les
opérations de change au large public, dont les opérations les plus usitées par
les citoyens, comme celles portant sur le droit ou allocation de change au
profit des résidents, pour voyages touristiques (qui reste toujours dérisoire,
malgré le fait qu'on ait parlé de sa hausse en même temps que le présent projet
qui commence à voir le jour) ou professionnels à l'étranger, frais d'études et
de stage, et d'autres possibilités de procéder au change selon le taux
officiel, de toute évidence, et il faut compter en sus une marge bénéficiaire
pour l'agent de change, qui ne peut pas être comparée avec ce qui se pratique
sur le marché noir, avec la sécurité comme bonus. Parce que de nos
jours, quand on va changer des dinars contre des devises sur le marché noir, le
plus grand risque c'est de tomber sur de faux billets d'euro.
D'un autre
côté, l'ouverture des bureaux de change au niveau des aéroports, les ports et
tous lieux d'accueil des étrangers, ainsi que les places touristiques fortes à
travers le pays, devrait faciliter le change et renforcer les entrées en devises
du pays. Une manière très efficace pour contrer le change au marché noir et
limiter la masse en devises en circulation hors des circuits bancaires. Selon
le communiqué de la Banque d'Algérie, ce règlement «constitue le premier d'une
série de textes d'application de la Loi monétaire et bancaire n° 23-09 du 21
juin 2023 et sera suivi par d'autres règlements, qui seront promulgués
successivement». Mais, qui a parlé des agents de change, ceux qui vont faire
marcher ce grand marché des devises, en l'occurrence le vaste réseau des
bureaux de change ? Par un temps passé, il semblait très difficile de trouver
des candidats pour prendre en charge des bureaux de change, notamment à cause
des gains très faibles par rapport à ce qu'on peut gagner à l'air libre des places
fortes de change parallèle. Idem pour ceux qui doivent recourir à ces bureaux
pour changer des devises, qui pourraient préférer les gros gains sur le marché
noir que de changer leur argent au taux officiel. Il y a donc certains traits
qu'il faut voir pour juger sur pièce de ce que seront ces bureaux de change, un
simple décor ou de véritables bureaux ou machines du changement ?