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Assiste-t-on,
enfin, au réveil de l'Afrique ? Une dynamique sur tous les plans fait bouger le
continent noir, qui a si longtemps accepté une misère qui n'est pas la sienne.
Ce n'est pas encore le décollage, mais tout ce qui s'y déroule semble le
présager. De nombreux pays africains, leurs peuples, prennent conscience des
richesses immenses dont ils disposent, et des marchés de dupes qui détournent
ces richesses en leur laissant les miettes.
Qu'est-ce
qui a changé par rapport à ce qui avait cours hier ? Les dirigeants africains
sont, de plus en plus nombreux, à refuser d'être à la solde des puissances
étrangères. C'est comme si on vivait sur le continent une nouvelle époque de
décolonisation. Les coups d'Etat militaires enregistrés, ces dernières années,
dans cinq pays africains, sont-ils pour quelque chose dans cette mue des
politiques serviles vis-à-vis des pays occidentaux ? Bien sûr, on l'a beaucoup
vu et entendu ces derniers jours, notamment après le renversement du Président
Mohamed Bazoum, au Niger par des militaires, la
restauration de l'ordre constitutionnel est un impératif indiscutable, mais ne
faut-il pas écouter également la voix du peuple qui soutient les initiateurs du
coup d'Etat ? Du Mali, au Niger, en passant par le Burkina Faso, la Guinée et
le Tchad, tous les peuples semblent unis derrière ceux qui ont pris le contrôle
de ces pays par la force. N'étaient-ils pas écrasés, ces peuples, sous une
démocratie de façade alors qu'elle ne servait, dans la réalité, que les
intérêts de puissances étrangères ? Et si ces militaires sont réellement
nationalistes et travaillent pour le bien de leur peuple ? Ces questions et
bien d'autres, qu'on ne pose pas dans un débat orienté vers les lamentations
sur le coup porté à l'ordre constitutionnel, sont assez pertinentes quand on
assiste à la menace d'intervention militaire de puissances étrangères pour
remettre en place le président destitué, alors que ce sont les peuples
concernés qui doivent prendre leur destin en main. Le retour à l'ordre
constitutionnel est indiscutable, mais il y a la manière pour ce faire. Au
Mali, les autorités qui ont pris le pouvoir par la force viennent de rompre
leur dépendance à la France en annulant 11 accords coloniaux imposés à
plusieurs pays africains, depuis 1960. Et, quand on prend connaissance de ces
accords, on doute qu'il puisse exister un ordre constitutionnel dans ces pays. Ces accords imposent à 14 pays africains, et à d'autres peut-être,
le remboursement du coût des infrastructures construites par la France pendant
la colonisation, le dépôt de leurs réserves financières auprès de la Banque de
France, le droit de premier refus sur toute ressource brute ou naturelle
découverte dans ces pays, priorité aux entreprises françaises dans les marchés
publics, droit pour la France de déployer ses troupes militaires et
d'intervenir militairement pour défendre ses intérêts, ainsi que d'autres
points qui renseignent sur la réalité cachée du néocolonialisme. En
prenant en considération toutes ces tristes révélations, les militaires qui ont
pris le pouvoir par la force ne seraient-ils pas des sauveurs s'ils s'avisaient
de rendre ce pouvoir au peuple ?