Alors qu'on attendait des pays africains de condamner
«l'invasion de l'Ukraine par la Russie », c'est un plan de paix potentiel pour
mettre fin au conflit qu'on propose du continent noir aux deux présidents
Poutine et Zelensky. Une initiative inattendue quand
on sait que la moitié des pays africains ne condamne pas l'invasion de
l'Ukraine, gardant une neutralité qui fait grincer des dents aux Etats-Unis et
en Europe. Depuis, les pays européens et les Etats-Unis, notamment, n'ont
jamais cessé de jouer de leur influence pour ramener les pays africains dans le
camp de ceux qui condamnent la Russie, sans y arriver. Comment voient-ils cette
initiative de paix soutenue par des dirigeants africains de l'Afrique du Sud,
du Sénégal, de l'Ouganda, de l'Egypte, de la République du Congo et de la
Zambie ? S'exprimant lors d'une brève conférence de presse avec le Premier
ministre singapourien, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa,
a affirmé mardi dernier que le président russe, Vladimir Poutine, et son
homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky,
avaient accepté de rencontrer une délégation de dirigeants africains en vue de
discuter d'un plan de paix potentiel pour mettre fin au conflit. Il a indiqué
également que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient exprimé leur soutien
«prudent» au plan de paix et que le secrétaire général de l'Onu avait également
été mis au courant de l'initiative. En somme, pas de soutien à l'international
en faveur de ce plan de paix dont les contours restent pour le moment flous.
Les présidents russe et ukrainien n'ont jamais mis de barrières devant les
initiateurs de plans de paix, nombreux depuis quelque temps, mais aucun plan
n'a fonctionné. Sur le terrain, on ne parle que d'offensive et de
contre-offensive. L'opération militaire russe en Ukraine se poursuivant sans
aucune solution en vue, comment l'Afrique compte-t-elle s'y prendre pour
réussir là où les échecs semblent une issue inévitable en l'état actuel des
événements ? Ce n'est vraiment pas le moment pour discuter de la paix, les deux
parties étant convaincues de gagner la guerre, comme l'a estimé le SG de l'ONU,
pourquoi alors dépenser tant d'énergie pour rien ? Une action pour la paix
n'est jamais de trop, et les initiateurs africains de ce plan présentent une
approche très soucieuse des discussions préliminaires qui auront lieu avant
d'aller vers des pourparlers de paix. On sait pertinemment que la paix n'est
pas facile à obtenir dans ce conflit, qui s'inscrit dans la durée, mais
l'Afrique, si elle arrive à convaincre les deux parties de sa neutralité sincère,
pourrait réussir là où de précédentes initiatives ont échoué, et une autre en
cours, celle engagée par la Chine. Les chances de la paix sont minces, certes,
mais les efforts diplomatiques dans ce sens ne sont pas inutiles. Et le
président sud-africain en est conscient quand il a dit que le succès ou l'échec
de l'initiative «dépend des pourparlers qui auront lieu». Le succès ou l'échec,
on ne sait pas où mèneront ces premiers pas tendant vers la paix, sans aucune
prétention.