Malgré un marché en feu où tous les produits de large consommation sont hautement inaccessibles, le spectaculaire tableau qu'offrent nos rues à l'heure de la rupture du jeûne est la plus belle symbolique de la solidarité ancrée chez la majorité des Algériens. On peut coller à ces derniers de nombreux qualificatifs, sanguins, coléreux, impulsifs à l'esprit retors, et bien d'autres caractéristiques en surface, on ne leur enlèvera pas la force innée qu'ils ont d'offrir leur disposition totale et souvent sans retenue pour venir en aide à leurs concitoyens quand l'occasion se présente.

Le ramadan en est une propice et opportune pour leur permettre d'ouvrir leurs cœurs à leurs semblables. La multitude de tables garnies où rien ne manque, disposées en nombre sur les trottoirs est un signe d'un immense don de soi qui ne trompe pas.

Le phénomène tout en gardant une empreinte religieuse est aussi l'assurance d'une solidarité et d'entraide. Les cinq mille repas partagés vendredi passé au cœur de la capitale n'ont pas été un dîner d'hospice ni de charité primaire. Ils ont été à la base d'une grande fête à laquelle tous les Algériens auraient aimé assister. Car avant d'être un signe de dévotion à l'adresse du ciel, les organisateurs tous bénévoles, et les dîneurs l'ont conforté pour eux-mêmes pour anoblir l'avenance et la concorde humaine.

Au summum de la chaleur des hommes, cette prédisposition à aider son prochain est certainement plus que toutes les autres, la toute première ressource des Algériens. On imagine ce que pourrait enfanter cette noble force peu commune, de grande qualité et de valeur morale, s'ils l'élargissent à de nombreux domaines de la vie de tous les jours. On imagine ce que produirait un tel haut degré d'humanisme dans les administrations, dans les hôpitaux, au croisement des rues et des boulevards.

Le renforcement du civisme et le respect de l'autre sont à la portée de tous et ils ne coûtent rien. Leur rentabilité sur la société est cependant fabuleuse. Elle l'est d'abord pour ceux qui la nourrissent car elle élève leur valeur humaine. Elle l'est ensuite pour l'ensemble de la société par la sérénité qu'elle lui apporte.