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Pour la
dixième fois, les Français sont redescendus dans la rue pour protester contre
la réforme des retraites. Initiée par le gouvernement, elle a été imposée en
dehors des circuits parlementaires à la faveur d'une loi qui permet de passer
outre l'assentiment des élus nationaux. Ces derniers jours la colère s'est
amplifiée et la violence s'est étendue pour que les manifestations répétées,
jusqu'à devenir presque quotidiennes, n'aient plus un caractère revendicatif
seulement mais commencent à rappeler un certain mai 68.
Il est vrai qu'on n'est pas là malgré l'ampleur que prennent les manifestations. Mais de nombreux observateurs s'accordent pour affirmer que la colère qui s'étend dans toute la France obéit à des causes autrement plus larges que celles ayant trait à la réforme des retraites et les faits tels qu'ils se développent tendent à démontrer que le pays devient ingouvernable. La tête de la Première ministre est réclamée comme si elle était la principale pécheresse dans une crise sociale et politique, n'étant pourtant que la porte-voix du chef de l'Etat français. Jetée en pâture à la vindicte populaire, on voit donc mal ce que son départ apportera comme atténuation à la situation puisque le problème restera entier. D'autres lourdes réformes sont annoncées. Celle sur l'émigration en est la plus importante. On devine déjà un bis repetita des bruyants hoquets parlementaires et probablement un retour à la case départ du président Macron. Sans majorité, pris en tenailles entre le parti des insoumis et celui de l'extrême droite lepéniste, il n'a de recours que celui de s'en remettre, pieds et mains liés, au parti des républicains. Il n'est pas sûr que la droite soit la grande bénéficiaire de cette arithmétique. Les cascades des crises, l'inflation monstrueuse, la mal-vie, les conflits armés ont défiguré la plupart des tableaux classiques de l'exercice politique. Ils ont donné naissance à un nouveau parti : le parti de la rue. En France, depuis des semaines, il est en train d'imposer sa loi. |
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