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Le voyage
du président chinois à Moscou dans les prochains jours revêt, dans la
conjoncture actuelle, un caractère particulier. Rien ne prouve que la Russie et
la Chine se sont engagées dans une alliance sans limite comme l'affirme Vladimir
Poutine, mais cette visite n'est néanmoins pas anodine.
Bien qu'elle réclame elle aussi sa paternité sur Taïwan, en menaçant d'utiliser la force si nécessaire en laissant transpirer une parallèle identique avec celle de l'affaire ukrainienne, sa diplomatie actuelle n'a pas un visage de va-t-en-guerre. Sa carapace de grande puissance économique mondiale lui permet d'utiliser d'autres arguments plus efficaces que l'utilisation de la poudre à canon. Elle se sert aujourd'hui de la discrétion pour s'investir en actrice incontournable dans le maillage et le démaillage des rapports entre les nations. Pour preuve, la réconciliation inattendue entre l'Arabie Saoudite et l'Iran a été, affirme-t-on, de son seul ressort. Sa présence de plus en plus marquée à travers le monde est indéniable et la particularité de son influence ne se manifeste que sur le terrain économique. Pour Pékin, les conflits armés et les tensions guerrières ne militent pas pour la montée en puissance de son économie. Malgré quelques sautes d'humeur épisodiques, les autorités pékinoises donnent l'impression de surfer sur des événements dangereux survenant à travers le monde et accordent une préférence à rentabiliser et fructifier leur spectaculaire développement industriel. Leur stratégie dégage une évidente forme d'entrisme doux. Les avancées de la présence chinoise partout dans le monde sont indéniables mais ne revêtent pas les habits des néocolonialismes classiques. S'il est déclaré à Moscou que le président chinois se rend en Russie pour renforcer une plus large collaboration bilatérale dans tous les domaines sans exception, il est certain que Pékin ne se départira pas d'une ligne de conduite qui a jusqu'ici montré ses fruits. Il sera donc aussi certain que le chef de l'Etat chinois aura fort à faire pour proposer à son homologue russe une issue de sortie de la crise ukrainienne. |
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