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Faut-il prendre au sérieux ou classer dans la case du ridicule
cette récente sortie du sénateur républicain Marco Rubio,
qui a sommé Washington de prendre des sanctions contre l'Algérie, tout
simplement parce que «l'Algérie achète des armes à Moscou». L'Algérie est ainsi
jugée par ce sénateur coupable de renflouer les caisses de la Russie, dans des
moments où les Occidentaux et les Américains cherchent à affaiblir Moscou
depuis le lancement de son opération militaire spéciale en Ukraine, en lui
imposant notamment des sanctions économiques, voire des sanctions tous azimuts,
jamais engagées dans l'histoire contemporaine contre un quelconque pays.
Dans ce contexte, il a dans une lettre adressée au Secrétaire d'Etat, Antony Blinken, exprimé «son inquiétude quant aux achats de matériel de défense en cours entre l'Algérie et la Russie». Dans une démocratie, la liberté de parler ou de tenter d'orienter la politique dans le sens d'une vision aussi mal inspirée soit-elle est garantie, mais pour faire dans la correction et ne pas afficher une position anti-algérienne, qu'on soupçonne commandée par des parties externes, le sénateur en question aurait été plus adroit s'il avait ajouté une longue liste de pays clients traditionnels de Moscou en matière d'achats d'armements russes, notamment. Pourquoi donc ne citer que l'Algérie dans cette lettre ? On voit bien que ce sénateur a bien choisi son moment, marqué par une accentuation des tentatives d'isolement de Moscou sur les plans économique et diplomatique. Les Etats-Unis ont bien tenté de rallier tous les pays du monde au point de vue partagé par les Occidentaux et les Américains à propos de la crise en Ukraine, mais ils n'ont rien pu faire contre les positions franches et déterminées qui ont été adoptées par les pays africains et arabes notamment, qui n'ont pas condamné la Russie à l'ONU et n'ont pas manifesté leur adhésion aux sanctions économiques décidées contre la Russie. C'est encore inimaginable dans l'actuel contexte de penser qu'une pareille initiative aboutisse à quelque chose de sérieux. Pour renforcer son aspect parodique, il faut juste voir combien l'Algérie est sollicitée en ces moments de toute part par les Européens pour son gaz, et saluée par tous pour sa politique de non-ingérence et de non-alignement, plaidant pour la paix dans le monde. Lors d'une récente rencontre en marge des travaux de la 77e session de l'Assemblée générale de l'ONU qui se tient à New York, M. Sergueï Lavrov a insisté auprès de M. Lamamra sur l'invitation adressée au président de la République Abdelmadjid Tebboune par son homologue russe, Vladimir Poutine, pour effectuer une visite officielle à Moscou. Pour dire que les relations entre Alger et Moscou sont hors de portée de ceux qui veulent régenter le monde selon leur goût. |
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