La presse
algérienne (cf. El Watan/Nabila Amir, 7 mai 2022) a
révélé, dernièrement, que pas moins de dix-neuf parlementaires (dont 12 députés
et 7 sénateurs) sont concernés par la levée de l'immunité car «ayant des
antécédents avec la justice ou sous le coup de poursuites judiciaires». Et, à
ceux-là, s'ajoutent «plus d'une soixantaine de députés qui sont concernés par
cette opération en raison d'incompatibilité avérée avec le mandat parlementaire».
Révélation ? Pas tant que ça ! Car le phénomène existe depuis presque toujours,
sauf qu'il changeait de «clientèles» et de destinations en fonctiion
des «nécessités» politiques de l'heure et surtout des amitiés particulières
entretenues par les candidats avec les gouvernants et/ou décideurs de l'heure.
Du temps de Houari Boumediene, c'était surtout pour faire taire les opposants
en acte ou en puissance, les transformant, dans des postes de prestige et de
simple représentation bien plus de décision, en serviteurs dociles validant
sans discussion les mesures venues d'«en haut» ou transmettant sans piper mot
les orientations du «pouvoir» : députés, ambassadeurs et consuls, rarement
ministres. Durant la décennie noire, on a eu l'émergence (il est vrai absolument
nécessaire, étant donné la situation sécuritaire) de gestionnaires locaux et
régionaux aux CV douteux. Avec le bouteflikisme,
c'est le summum qui est atteint, inaugurant la phase des «affairistes» dont
certains ont réussi, grâce à leurs «baltaguias» et aux
sacs-poubelles emplis de billets de 1.000 dinars, à se faire «élire»
et/désigner, ce qui a grandement (ou totalement) favorisé leur «immunité» (et,
au passage, leurs business et leur impunité). On avait cru qu'avec le Hirak, les textes et les procédures allaient être plus
rigoureusement appliquées afin de se sortir du marécage. On s'aperçoit, hélas,
qu'il n'en est rien. Il est vrai qu'un «système» ne peut pas changer en très
peu de temps. Heureusement pour nos institutions-clés (celles qui légifèrent),
ce n'est plus la même «clientèle». Donc, moins de danger, encore que. On se
retrouve, globalement, face à des hommes et des femmes, certes de «bonne
volonté», mais qui ont omis (volontairement ou non) de se plier, avant ou juste
après leur élection ou désignation, aux règles constitutionnelles ou
institutionnelles. Souvent, pour la plupart, non pour échapper à la justice,
mais surtout pour essayer de gagner sur tous les tableaux, en conservant leur
premier statut et en profitant des avantages du second. Le beurre et l'argent
du beurre ! La nouvelle morale. Mais à qui la faute ? A celui qui ne veut pas
ou ignore la loi ou à celui qui, au départ, s'est contenté de promulguer des
textes puis n'a entrepris aucun contrôle préalable rigoureux des impétrants.
Trouver la réponse, chez nous, c'est comme chercher une aiguille dans une botte
de foin. Peut-être à la fin des mandats ou lors des départs à la retraite ?