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Enormes pressions sur l'Opep+

par Abdelkrim Zerzouri

Une organisation structurée capable de faire contrepoids à l'Opep+ est-elle en voie de se constituer par les pays consommateurs de pétrole ? A voir les derniers développements sur la scène énergétique mondiale, on croirait fortement à cette thèse. Les Etats-Unis sont les premiers à lancer l'initiative, en décidant de puiser dans leurs réserves stratégiques pour peser sur le prix du baril de pétrole, avant d'être rejoint par la Chine, qui a surpris tout le monde en adhérant à la décision. Selon le porte parole de la maison Blanche, d'autres pays, comme l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni, sont parties prenantes de cette volonté qui vise à faire baisser le prix du baril. Cette union des pays consommateurs de pétrole qui se met en place est-elle conjoncturelle, liée à l'actualité de la hausse des prix de l'essence à la pompe, ou sera-t-elle durable, afin de se faire entendre par les pays exportateurs de pétrole quand il s'agit d'équilibrer les prix du baril de pétrole ? En tout cas, dans l'immédiat, l'effet psychologique, sur un marché très frileux, a déjà eu son impact. Quand les Etats-Unis et d'autres pays, annoncent qu'ils vont puiser des quantités très importantes de leurs réserves pour inonder le marché, et prendre d'autres mesures nécessaires pour stabiliser les prix du baril, l'effet psychologique recherché est presque instantané. Hier, vendredi 26 novembre, à peine quelques jours après ce mouvement autour de l'initiative américaine, les prix du baril ont chuté sur les marchés, descendant en dessous de la barre des 80 dollars pour le Brent (prix de référence du pétrole algérien), et perdant jusqu'à 5% pour le WTI (West Texas Intermediate), un type de pétrole léger utilisé comme standard dans la fixation du prix du brut et comme matière première pour les contrats à terme sur le pétrole auprès du New York Mercantile Exchange. Cette tendance baissière est due, selon les analyses des experts, aux inquiétudes sur le nouveau variant en Afrique du Sud, potentiellement très transmissible, et sur les hausses des cas de coronavirus en Europe, sans faire aucun lien avec l'initiative américaine. Pourtant, la baisse en question a forcément un lien avec l'annonce de la mise sur le marché de millions de barils, ou que les deux raisons (crise sanitaire accentuée et l'effet psychologique de l'initiative en question), sont derrière cette baisse du cours du pétrole.

A une semaine de la réunion Opep+, qui se tiendra jeudi prochain, les spéculations vont bon train autour d'un nouveau tour de vis en matière de limitation des quotas de production, et de division à ce propos entre les gros exportateurs de brut.

La prochaine réunion Opep+ ne sera-t-elle pas aussi expéditive que les précédentes rencontres ? Sans compter le lobbying qui sera mené par ces mêmes pays consommateurs sur certains membres de l'Opep, en premier la pression que ne manquerait pas d'exercer l'initiateur de la décision d'inonder le marché pétrolier en puisant dans ses réserves stratégiques, en l'occurrence les Etats-Unis, qui ont de très bonnes relations avec ses plus puissants producteurs/exportateurs d'or noir.