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Le grand élan d'un grand peuple, uni et solidaire

par El Yazid Dib

«Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous... Il y a beaucoup de causes pour lesquelles je suis prêt à mourir, mais aucune pour laquelle je suis prêt à tuer» Ghandi

Rien n'a pu briser les liens fraternels qui ont mobilisé tout le pays pour déclencher les opérations d'aide humanitaire aux régions ravagées par les incendies. Pas même ce crime odieux, inqualifiable et monstrueux dont à été victime l'un des jeunes solidaires qui venant apporter sa contribution n'avait que ses frêles muscles et tous les sens de l'art et du patriotisme. Son assassinat abject n'a pas amoindrit la volonté des autres à aller toujours de l'avant. Le fleuve généreux a continué sa longue marche creusant par ses flots un lit qui perdurera malgré tous les fléaux, tous les complots et toutes les haines. Il ne s'est pas dépassionné de ne plus arroser, au passage toutes les cités qui crient au besoin.

Et pourtant Il y a bien tout un Ministère dédié à la solidarité. Qu'il aille en besogne pour s'impliquer davantage dans ce fleuve populaire qui réapparaît à chaque événement où le besoin de l'entraide est instantanément ressenti. A défaut de son efficacité, l'on voit bien que ses attributions sont vite récupérées par des tiers. Dans ses nobles termes la solidarité ne se confine surtout pas à venir dans un hangar et y jeter des bidons d'huile, des sacs de semoule et des fardeaux d'eau et partir ainsi avec le sentiment du devoir accompli. Sais-tu quels sont les destinataires de tes dépôts ? Sais-tu, si ton don est en manque, est-il un besoin pressant ou va t-il constituer une overdose, un excès en la matière que tu viens religieusement et innocemment de remettre ?

C'est pour ça qu'il est établi managérialement que si la solidarité est un devoir humain; toute sa réussite est dans son organisation et sa juste destination. Devant ce que vient de vivre le pays dans ses drames d'incendies ; une forte fougue d'approvisionnement des régions sinistrées est vite mis en branle. Si certains cercles ou associations savaient bien le faire, étant rompus à cet acte de générosité et d'assistance , beaucoup d'autres personnes notamment physiques se sont jetées dans la foulée et ont commencé à postuler des largesses sans mesurer la portée de l'agissement lequel en soi est un acte hautement méritoire. Si son accomplissement aurait été intégré à un mécanisme adapté. Les gens sont toujours réactifs et répondent candidement à venir par n'importe quoi apporter quelque chose. C'est là où le brouhaha s'installe et perturbe non seulement les canaux officiels de l'action sociale mais encore sème la suspicion.

D'abord en pareil cas, on ne doit donner que ce qui est demandé. La solidarité est une machine qui fonctionne conformément à des normes. Tout doit être étudié et ciblé. L'étude du besoin est la première étape à toute action de solidarité, ensuite, par absence de fichier et de recensement des cas nécessiteux, l'on ne peut assurer une bonne gestion, d'où l'utilité impérative de recourir aux services spécialisés, croissant rouge, direction de l'action sociale. Certains diront que la confiance avec ces services s'est évaporée, omettant au retour de se questionner et pourquoi alors vous fait-on, à vous confiance ?

Le plus gros est toujours fait par la wilaya. Entre les propres mains du wali, à sa demande. Alors ce qui indique parfois cette solidarité, vrai hommage d'une population en saint honneur n'est que l'expression d'un populisme dépassé de surcroit. Voir un wali agiter un fanion disant donner ainsi le coup d'envoi est image est à proscrire. Elle reflète une impression de manque de conviction et une démonstration d'un fait de service qui sans ce coup d'envoi ne sera qu'une action sociale naturelle. On na pas à s'exhiber de la sorte. Ce temps du socialisme spécifique est fini ya sidi El wali. Pour les grands donateurs industriels et manufacturiers, reconnaissant à leur égard ; la meilleure et appropriée solidarité n'est-elle pas dans le paiement sans diversion de leurs impôts ? Dans l'observation stricte des conditions réglementaires des travailleurs, dans la satisfaction des exigences de toutes les échéances des prêts bancaires ? On ne peut faire de prière subrogatoires sans avoir d'abord accomplit celle obligatoire.

Ne voyez-vous pas que la solidarité est largement possible pour être exercée en faveur de l'éboueur du quartier lorsqu'on ne jette pas ses trucs là où il ne faut pas ? En respect au code de la route lorsqu'on ne brûle ni un stop, ni feu ni priorité. Quand l'on ne provoque pas de vacarme à abasourdir un vieux, un malade par des nuisances sonores provenant des pots d'échappement libres, des motos hirsutes ou des travaux out corps d'état entamés dès l'aube, bien avant les horaires de travail. C'est cette solidarité, sans aucune ordonnance qui incombe à tout un chacun. L'autre d'une dimension nationale nécessite une organisation. Tout doit être fait dans la totale transparence, contrairement à celle individuelle qui s'exerce en aisance dans l'intimité et la croyance du geste. C'est que la solidarité est au seuil de chaque maison, de chaque voisin. Comme dans le temps, où un plat cuisiné est spontanément partagé où un deuil, une joie sont la propriété de tous. Comme elle est un comportement instinctif distinguant le bien de l'indifférence ; la solidarité se solidarise plus lorsqu'elle est partagée par tout le monde, lorsqu'elle s'actionne sans différence de repaires ethnographiques. Là, elle est saine et directe, sans selfie, sans retour d'intérêt. Juste une pure générosité. Il est vrai que cette réaction dynamique de tout mettre à la disposition de ceux qui sont dans la nécessité manifestée par toute la collectivité est légendaire et ne date pas d'aujourd'hui. C'est une empreinte matricielle de notre peuple. Seulement avec l'évolution des modes d'aide et la diversité des voies à le faire, la probabilité des déperditions, détournements de destination privilégiée, spéculations est de mise. L'histoire aussi à quelque chose à dire dans ce volet. De l'aide humanitaire des Etas Unis d'Amérique des années 60 aux micros et bus de Ould Abbés, le récit n'est pas lumineux pour le relater.

On a vu à travers les réseaux sociaux des convois bloqués à l'entrée des villes à qui ils étaient destinés. Les aires de dépôt sont saturées et il y a énormément de marchandises en attente de débarquement, affirment les gens chargés de les recevoir. Si cela traduit l'immense générosité et la hauteur de la bienfaisance, il exprime aussi une cacophonie dans la prise en charge. Cette absence de coordination à entraîné parfois un retour de marchandises, des manœuvres insidieuses. La solution est que le ministère de la solidarité sort un peu de la lourdeur de ses pratiques trop administratives et se meut dans le circuit la société civile. Il n'a qu'à créer des centres régionaux d'approvisionnement, une espèce de stock d'urgence, qu'il aura à gérer en coresponsabilité avec le mouvement associatif. Ainsi toutes les associations ne feront plus agir leur étiquette politique ou idéologique. Tout revient à des institutions républicaines qui sont sinon doivent être outillés pour tout contrôle exigible de la recevabilité, l'utilité, à l'hygiène de consommation.

Cette solidarité ne s'est point arrêtée aux sinistrés de la fournaise et des feux de forêt. Elle s'était illustrée déjà dès l'apparition de la virulente pandémie. Tous les hôpitaux ont été objets à de l'assistance matérielle en toute logistique médicale ou paramédicale. . Elle s'est encore consolidée dans l'oxygénation des malades entubés dans les structures sanitaires toujours en déficit et où l'on observe encore des personnes remplacer et endosser le rôle des instances hospitalières pour installer des centrales de production.

Chose un peu particulière quoique admissible et encourageante, c'est de voir certaines wilayas, à la veille de Achoura ouvrir des comptes courants financiers, sans avouer rattacher la nature des donations à la zakat. Il est judicieux de les ouvrir à chaque catastrophe et non pas s'attendrir à permettre avec toute la permissivité à certains de collecter des dons en nature. Ceci n'est-il pas soumis à autorisation administrative ? Il est vrai que si toute cette solidarité venait à être «agencée» selon le schéma actuel des procédés traditionnels , elle perdrait toute sa quintessence. Bureaucratiser un don, c'est limiter à outrance la faculté de le faire. Le laisser en totale liberté, ferait encourir des non-dits et énormément de supputations. Néanmoins une flexibilité réglementaire est à apporter afin d'arriver à conjuguer et confédérer le travail de tous les acteurs sociaux et viabiliser ainsi le champ de l'action sociale nationale. Quitte à ne pas plaire à certains esprits aigris en quête permanente de division ,ce que l'on a vécu cette semaine comme symbiose entre un peuple, son armée, ses sapeurs témoigne de ce désir ardent de se voir rester ainsi soudé et uni malgré les divergences de vues et de positions. L'Algérie était sous la menace d'une hystérie revancharde si ce n'était la capacité consciencieuse et pacifique de tous ses démembrements. Rien ne pourra déstabiliser cet élan dans l'unité d'un peuple qui n'a que trop souffert des tueries et de la barbarie. Pour ces esprits cafardeux, extrémistes, conspirationistes, il est dit dans toutes les encyclopédies de la gouvernance que Nation ne correspond pas à gouvernement, que l'Etat ne rime pas avec pouvoir et que les Institutions ne traduisent pas des personnes physiques. Les premiers survivent aux événements, les seconds périssent par les mêmes événements.

Et le Mahatma ne cessait de professer «La haine tue toujours, l'amour ne meurt jamais».