Une
profonde reconfiguration des rôles s'opère sur le plan sécuritaire au niveau de
la région du Sahel. Et ce dossier sensible devrait être,
immanquablement, au cœur des discussions entre le président de la République,
Abdelmadjid Tebboune, et le président du Niger,
Mohamed Bazoum, qui est arrivé à Alger le lundi
dernier, dans le sillage de ses rencontres à Berlin avec la chancelière
allemande Angela Merkel, le vendredi 9 juillet, et à Paris, le jour même, avec
le président français Emmanuel Macron, au côté duquel il participera au sommet
virtuel des chefs d'Etat des pays membres du G5 Sahel (Burkina, Mauritanie,
Mali et Tchad), organisé par l'Elysée. La nouvelle stratégie de la lutte
contre le terrorisme dans la région du Sahel se cherche des voies et des moyens
pour atteindre ses objectifs, qui s'avère de plus en plus difficile à gagner
dans ce contexte d'une double crise économique et sanitaire. Il faut bien
comprendre que les pays occidentaux engagés dans cette lutte, la France en particulier
en tant que premier soutien de la force conjointe du G5, avec l'opération
militaire Barkhane, engageant quelque 5.000 soldats, qu'on veut réduire à 3.000
à partir du début l'année prochaine, ne sont plus en mesure de dépenser sans
compter dans leurs opérations à l'étranger. D'autant que le résultat n'est plus
garanti, comme l'a montré l'expérience en Afghanistan, où les Etats-Unis ont
fini par engager un retrait de leurs troupes militaires malgré tous les risques
d'un retour à la case départ dans ce pays. Aujourd'hui, les
pays occidentaux en arrivent à la conclusion que sans la participation
militaires des pays locaux, ainsi que l'implication des populations locales,
ils ne pourraient jamais réussir à combattre tous les trafics en cours dans
cette vaste et hostile région désertique (près de trois millions de kilomètres
carrés), ou lutter avec efficacité contre les groupes djihadistes qui, après
leur débâcle au Moyen-Orient, veulent s'installer durablement sur ces terres où
il est très difficile de les localiser sans l'assistance de drones et de
satellites. Il y a ce souci qui ressemble à un aveu
d'échec qui pousse les pays occidentaux à chercher à mettre en pratique une
nouvelle stratégie plus efficace et moins coûteuse, et il y a encore le fait
d'une situation sécuritaire qui s'est compliquée au niveau des frontières entre
le Burkina, le Mali et le Niger, au sein du Bassin du Lac Tchad et du côté de
la frontière avec la Libye, comme le relèvent les responsables des affaires
sécuritaires au niveau des pays occidentaux engagés dans les opérations
militaires au sol, qu'on cherche à maîtriser avant qu'elle n'échappe à tout
contrôle. Qu'est-ce qu'on pourrait attendre de l'Algérie dans cette
reconfiguration en cours des engagements militaires au niveau du Sahel ? Le
soutien de l'Algérie est sollicité depuis des années dans ce contexte, mais
Alger a toujours privilégié d'autres voies et moyens, différents de ceux
employés par les occidentaux, à savoir une aide à la reconstruction des Etats
du G5, afin qu'ils puissent prendre sur eux-mêmes le combat contre le
terrorisme, les trafics de drogue et d'être humains.
Le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui vient à
peine de boucler les 100 premiers jours à la tête du Niger (11 juillet), arrive
à Alger en compagnie d'une forte délégation, avec pleins d'espoirs de se faire
entendre par le président algérien, avec lequel il s'est longuement entretenu
au lendemain de son élection le 2 avril dernier.